La valeur ajoutée de l’expert-comptable se trouve dans sa capacité à amener l’entreprise à se conformer aux exigences bancaires.
En tant que consultant chevronné en matière d’analyse financière, l’homme des chiffres peut aider une société à déterminer ses besoins de financement.
Par M. Diao
La frilosité des banques pour l’octroi de crédits bancaires aux TPME est un fait irréfutable. D’ailleurs, pour remédier à cette donne préjudiciable aux entreprises, l’Etat s’est attelé à renforcer l’action de Tamwilcom, dont l’activité principale est de faciliter l’accès au financement via le mécanisme de garantie des crédits bancaires destinés aux entreprises et aux particuliers.
Au regard de ce qui précède, force est d’admettre que l’accompagnement de l’expert-comptable pour une entreprise désirant de lever des fonds ou contracter un crédit bancaire pour son expansion, s’avère être d’une grande utilité. Or, faudrait-il le préciser, au Maroc, rares sont les TPME qui font le choix pertinent d’être conseillées par un cabinet d’expertise-comptable. Et ce, pour des raisons liées au coût (jugé parfois prohibitif) ou à l’ignorance tout simplement.
Pourquoi faut-il recourir à l’homme des chiffres ?
«Il faut d’abord rappeler que l’expertcomptable n’a pas uniquement pour mission la tenue de la comptabilité de l’entreprise. En tant que consultant chevronné en matière d’analyse financière, il peut aider une société à déterminer ses besoins de financement. Ce qui est très important», fait observer Hicham Mouchir, expertcomptable et économiste. Il ne manque pas de souligner la centralité de l’amélioration de la situation financière de toute TPME qui ambitionne de recourir aux crédits bancaires. L’expert-comptable est outillé pour aider une TPME à bonifier sensiblement sa structure financière, via par exemple des opérations portant sur le capital. Sachant que l’intervention de l’homme des chiffres pour l’élaboration du dossier de financement (businessplan) est d’une grande valeur ajoutée pour une TPME en quête de financement.
«Pour l’octroi d’un crédit pour une entreprise, il faut savoir que le poids des dettes (financières et non financières) par rapport au total du passif est un point de vigilance pour les banquiers. Ces derniers accordent aussi une importance particulière aux fonds propres de l’entreprise», explique-t-il. Rappelons tout de même que plus les fonds propres sont importants par rapport aux dettes, plus les banques sont enclines à prêter à l’entreprise. A l’évidence, la solvabilité de la société est un point névralgique.
Les établissements bancaires s’assurent aussi qu’au cas où l’entreprise n’est pas en mesure de rembourser son crédit, la liquidation des actifs puisse le permettre. La valeur ajoutée de l’expert-comptable se trouve ainsi dans sa capacité à amener l’entreprise à se conformer aux exigences bancaires. Notons aussi que les PME peuvent se financer auprès de la Bourse de Casablanca. Un nouveau marché alternatif dédié permet aux PME de réaliser des levées à partir de 5 MDH, avec un seul exercice certifié et des conditions de communication et de gouvernance adaptées.
«A ce niveau, l’intervention de l’expertcomptable a trait, entre autres, à la certification de l’exercice, à l’aide à la rédaction de documents exigés par la Bourse et l’Autorité marocaine du marché des capitaux», soutient notre interlocuteur. Le conseil de l’expert-comptable peut également être utile pour l’amélioration de la gouvernance et la transparence d’une PME qui ambitionne de lever des fonds sur le marché alternatif de la Bourse de Casablanca. Les avantages pour les TPME de se faire accompagner par un expert-comptable sont donc multiples.
Et pourtant, beaucoup d’entreprises ignorent cela. D’où la nécessité pour l’Ordre des expertscomptables de mener des actions de sensibilisation auprès de la CGEM et des différentes fédérations professionnelles. «Il faudrait envisager la mise en place d’un mécanisme de subvention publique pour les TPME qui recourent au conseil de l’expertcomptable», recommande Hicham Mouchir, conscient du fait que le coût constitue l’un des principaux obstacles pour cette catégorie d’entreprises, fragilisées par des problèmes de trésorerie.