La voiture propre devrait s’imposer dans les années à venir sous la montée en puissance des contraintes écologiques.
Le Maroc est encore à la traîne, et ce en dépit d’un programme crédible de préservation de l’environnement.
Tous les intervenants du monde automobile sont en course pour réussir leur projet de voitures propres. Certes, les objectifs sont colossaux nécessitant d’énormes ressources en matière de recherche et développement.
Plusieurs constructeurs ont déjà décliné leurs programmes, qui exigent néanmoins une forte contribution des pouvoirs publics et de la communauté tant sur le plan fiscal, le développement des plates-formes logistiques que sur la promotion du produit auprès des automobilistes. La voiture propre permettra à coup sûr un bond en avant en matière de dépollution. Si plusieurs pays ont déjà réalisé de grands pas dans le domaine de la promotion de la voiture écologique, qu’elle soit électrique, hybride ou à faible émission de CO2, le Maroc reste encore largement à la traîne faute d’un marché porteur. Le nombre de véhicules roulant avec ce type d’énergie est très faible. La raison évoquée est la même : c’est un marché d’équipement où le prix joue un rôle capital.
Interrogés à ce sujet, les professionnels du secteur, y compris les importateurs, avancent les mêmes explications : il n’y a pas encore une demande potentielle.
Le Maroc est un marché d’équipement où le taux de pénétration de l’automobile demeure faible. D’autant que ce n’est pas juste une question d’importation, mais tout un process de formulation englobant la douane, les services d’homologation des ministères de l’Equipement et des Transports; du Commerce et de l’Industrie. Même les importations individuelles ne pourront pas régler ce problème. Car, outre l’absence de réglementation et de normes spécifiques, des contraintes techniques s’imposent en matière d’entretien et de disponibilité des pièces de rechange. Concernant les voitures électriques, par exemple, l’absence de bornes publiques pour la recharge des batteries nécessite une technique très particulière.
Dans ces conditions, peut-on accorder une chance pour le développement de la voiture propre au Maroc ?
A notre humble avis, seule une impulsion de l’Etat peut développer ce secteur puisque le Maroc a de fortes ambitions en matière de préservation de l’environnement. A cet égard, plusieurs pistes pour lutter contre la pollution seront investies. Parmi les axes majeurs du programme étatique figure la modernisation du parc roulant, et la voiture propre ne peut être que la bienvenue. Si l’on fait des efforts en matière de restriction des émissions des gaz d’échappement, la voiture propre représentera une bonne alternative, qui permettra à coup sûr de participer activement aux efforts de dépollution atmosphérique. Interrogé à ce sujet, Adil Bennani, Directeur général de Toyota du Maroc, explique que «le Maroc doit s’arrimer à ce qui existe à l’international. Il y a une forte tendance pour encourager la voiture propre. Chez nous à Toyota, nous offrons une large gamme de voitures hybrides dont les modèles ont confirmé leur fiabilité et leurs atouts et, surtout, leurs prix s’approchent des autres véhicules conventionnels».
Nos métropoles accusent un niveau de pollution très élevé et aussi très inquiétant. Il est donc urgent d’investir de nouvelles pistes pour préserver l’environnement, encore faut-il préparer le cadre idéal pour la promotion de ce nouveau moyen de mobilité ?
«L’Etat a mobilisé des sommes colossales pour développer les énergies renouvelables. Il est donc utile d’encourager les créneaux peu consommateurs d’énergie fossile, d’autant que le Maroc est fortement dépendant de ses besoins à l’international. Les ventes de voitures propres demeurent insignifiantes. Il est temps de les soutenir à travers des exonérations fiscales afin de faciliter leur accessibilité», affirme Mohamed Amrani, professeur universitaire.
C. Jaidani
Des potentialités industrielles
Pour que la voiture propre ait un niveau conséquent de pénétration du marché, des mesures incitatives s’imposent. Sans un vaste programme de promotion de l’Etat, le véhicule propre n’aura aucune chance de survie au Maroc. Pourtant, il présente plusieurs intérêts pour le pays qui ne sont pas seulement d’ordre écologique. En effet, le Maroc peut profiter de la montée en puissance de la voiture propre et de sa plate-forme industrielle pour créer de nouvelles opportunités d’affaires aux équipementiers locaux.
Plusieurs pays européens ont annoncé un objectif à atteindre à l’horizon 2020. 20% du parc roulant seront des véhicules de type électrique ou hybride. L’un des principaux soucis des constructeurs est de réduire le coût de ces voitures pour les rendre plus accessibles et à la portée d’une large communauté. Avec les projets Renault et PSA Peugeot Citroën, on est à même d’offrir des produits de qualité à prix réduit. Par ailleurs, en partenariat avec la Chine, un projet de construction de bus électriques devrait voir le jour.