La tutelle avoue que toutes les mesures possibles ont été prises. La filière des bovins laitiers durement affectée également.
Par C. Jaidani
De nombreux citoyens n’ont pas observé le rituel de l’Aïd Al-Adha, soit par choix ou par contrainte. Certains étaient dans l’incapacité d’acheter le mouton. D’autres, faute de ne pouvoir acheter des bêtes mâles, ont choisi des femelles et cela représente une menace pour la reconstitution du cheptel national. La hausse des prix de 20% à 30%, voire 40% par rapport à l’année dernière, explique en bonne partie ce constat. Faut-il s’attendre au même scénario l’année prochaine ?
Les avis des experts divergent. «La sécheresse des six dernières années a impacté sérieusement le secteur de l’élevage, toutes filières confondues. Elle a eu un effet majeur sur la fécondité et a augmenté le taux de mortalité. Heureusement, cette année, les pluies abondantes des mois de mars et avril 2024 ont amélioré la situation et ont permis l’enrichissement des pâturages naturels.
L’agnelage de l’automne 2023 et du printemps de l’année en cours s‘est passé dans de bonnes conditions», souligne Said Miha, responsable de la cellule des projets et de la coopération à l’Association nationale ovine et caprine (ANOC). Et de poursuivre : «si la pluie est au rendez-vous la saison prochaine, elle devrait donner une impulsion à la reconstitution du cheptel national. Mais il faudra compter plusieurs cycles pluvieux successifs pour que la situation revienne à la normale». Pour sa part, le gouvernement a renouvelé son programme d’aide aux éleveurs à travers la distribution de l’aliment de bétail subventionné. Aussi, des mesures spéciales ont été déployées pour assurer l’abreuvage du bétail et l’approvisionnement en eau.
Des dispositions sont également prises pour assurer la bonne santé du cheptel. Des campagnes de vaccination sont programmées ainsi que des opérations d’accompagnement technique des éleveurs. Toute la filière viande rouge demeure perturbée. La flambée des prix des ovins lors de l’Aid Al-Adha a révélé l’existence de problèmes au niveau de l’offre. En conséquence, les prix connaitraient la même tendance haussière. Interpellé à ce sujet récemment lors de la session plénière à la Chambre des représentants, Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, a affirmé que «tout ce qui devait être fait a été fait».
Il a reconnu qu’«il n’y a pas de solutions sans pluie, et sans pluie il n’y a rien. Nous prions pour que les précipitations soient au rendez-vous prochainement». Commentant les propos de Sadiki, Mohamed Dahbi, coordinateur de l’Association des chevillards de Casablanca, a souligné que «ni les importations ni les mesures de sauvegarde prises par le gouvernement ne peuvent stabiliser les prix. La filière viande rouge traverse des moments difficiles. Il faut espérer de bonnes saisons pour inciter les éleveurs à préserver leur cheptel et assurer progressivement sa reconstitution. La plupart des ovins destinés aux abattoirs est assurée par les petites exploitations. Il est donc important de renforcer le soutien aux petits éleveurs».
Outre la viande rouge, la reconstitution du cheptel concerne également la filière des bovins laitiers. L’activité a fortement subi les effets de la sécheresse et du renchérissement des coûts des intrants. Les agrégateurs, particulièrement Copag et Centrale Danone, ont renforcé l’importation de génisses à haut rendement, notamment de France et de Hollande. Un soutien est apporté également pour les génisses locales qui, malgré leur rendement limité, résistent à la sécheresse. Pour ce faire, des programmes de formation sont organisés au profit des exploitants pour leur prodiguer des conseils en matière d’élevage, d’insémination artificielle et de techniques modernes de production et de conservation des produits laitiers.