Viandes rouges : scepticisme autour des importations

Viandes rouges : scepticisme autour des importations

La baisse des prix n’est pas constatée dans tout le territoire national. La question de l'autosuffisance en viandes rouges refait surface, remettant en cause l'efficacité du Plan Maroc Vert.

 

Par C. Jaidani

Pour apaiser la flambée des prix des viandes rouges, le gouvernement a décidé d’autoriser les importations des produits frais congelés ou réfrigérés. Ils seront exonérés des droits de douane et de TVA dans la limite du quota fixé, et ce jusqu’au 31 décembre 2024. Force est de constater que cette initiative n’a pas tardé à avoir des effets sur le marché. De nombreuses sources médiatiques ont relayé des photos des prix de viandes bovines proposés entre 85 et 90 DH dans les supermarchés, confirmant la baisse des prix.

D’autres, par contre, estiment que l’effet n’est pas généralisé sur tout le territoire national et la hausse continue toujours dans plusieurs régions. Ce constat est confirmé par les associations de protection des consommateurs ainsi que par des parlementaires. Khalid Setti, représentant de l’UMT à la Chambre des conseillers, a interpellé à ce sujet le ministre de l’Agriculture dans le cadre des discussions concernant le budget de ce département à la Commission des secteurs productifs.

«Dans certains marchés, nous avons constaté une baisse des prix à moins de 100 DH. Dans d’autres, par contre, comme ceux de Rabat et Casablanca, ils continuent d’évoluer dans une fourchette comprise entre 120 et 125 DH. Il faut prendre les dispositions nécessaires au niveau de la distribution pour que les produits importés soient disponibles à des prix abordables dans toutes les régions, particulièrement celles à forte concentration démographique», a indiqué Setti. En sus d’une bonne répartition régionale et d’un approvisionnement adéquat, la qualité des viandes importées et le respect de la certification halal ont suscité une vive polémique chez les citoyens. Cela a fait réagir l’ONSSA, qui a rassuré l’opinion publique quant au «contrôle rigoureux selon un processus strict conformément aux normes nationales et internationales».

L’Office a arrêté les normes techniques, les conditions d’hygiène et sanitaires ainsi que la procédure pour assurer ces importations. «Les viandes importées ne peuvent provenir que de pays ayant fait l’objet d’une évaluation des risques sanitaires approfondie par les experts de l’ONSSA. Cette évaluation prend en compte les conditions de préparation des viandes dans les abattoirs, ainsi que la compétence des inspecteurs vétérinaires du pays exportateur», explique l’Office. Il rassure aussi que «toutes les viandes importées proviennent d’animaux abattus conformément aux normes islamiques, avec une certification délivrée par un organisme religieux habilité dans le pays d’origine. De plus, des prélèvements sont effectués pour des analyses en laboratoire. Ces tests visent à vérifier l’absence de contaminants chimiques et de résidus de médicaments vétérinaires, ainsi que la conformité aux normes de sécurité sanitaire». Par ailleurs, certains professionnels du secteur estiment que «les importations ont un caractère provisoire pour maîtriser les prix.

Le mois de Ramadan sera la véritable période pour confirmer leur contribution dans la baisse des prix». Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), qui regroupe des représentants des chevillards et des bouchers et autres activités du secteur de la viande rouge, note que «les importations confirment l’échec du Plan Maroc Vert (PMV) pour assurer l’autosuffisance en viandes rouges. Une somme colossale a été dépensée pour développer l’activité et, au final, le cheptel national, qu’il soit bovin, ovin ou caprin n’a cessé de diminuer, contraignant de nombreux exploitants à bouder l’activité. Il faut lancer un audit de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR). Il y a quelques années, le Maroc comptait 940.000 éleveurs dans ce domaine.

Ce nombre a drastiquement diminué. Le cheptel bovin culminait à 3,5 millions de têtes et, actuellement, il ne dépasse pas 2 millions. Dans l’activité ovine, on comptait 23 millions de têtes pour une demande fixée à 13 millions, répartie entre la consommation quotidienne et Aïd Al-Adha. Cela représentait un excédent de 10 millions de têtes que l’on ne retrouve pas actuellement. On aurait dû ne pas observer Aïd Al-Adha ne serait-ce qu’une saison pour permettre au cheptel de se renouveler dans de bonnes conditions».

 

 

 

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