Dans un contexte où les risques de criminalité transnationale augmentent, la Douane multiplie les actions spectaculaires sur le terrain et le fait savoir.

Cela ne vous a sans doute pas échappé : ces dernières semaines, les agents de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) multiplient les coups d’éclat et les saisies spectaculaires : drogue dure par dizaine de kilos, chira par tonnes, billets de banque par milliers, psychotropes, produits de contrebande, produits contrefaits, et ce sur tous les théâtres d’opération, comme les postes frontières, les ports, les pistes, les routes et mêmes les autoroutes (voir page 25). L’intensification des actions sur le terrain et les impressionnantes prises ne doivent rien au hasard. La maison dirigée par Zoheir Chorfi, DG de l’ADII, s’est employée en effet à renforcer son dispositif de lutte contre la fraude, et développer sa capacité d’adaptation. L’objectif est de répondre à un environnement national et international marqué par l’émergence de nouvelles menaces et de formes de fraude toujours plus sophistiquées.

En renfort à El Guergarat

C’est le cas notamment à la frontière Sud du Royaume, où la Douane a relevé son niveau de vigilance et massifié sa présence au poste frontière d’El Guergarat, l’un des points les plus sensibles en matière de sécurité et de trafics en tout genre. «L’arrivée de la Douane sur place a agi comme une bouffée d’oxygène pour les différentes administrations, que ce soient les militaires, les gendarmes ou les autres acteurs», nous explique une source autorisée à l’Administration des Douanes. Cette présence sur place a été faite après concertation avec les partenaires sécuritaires et économiques, précise la même source. Elle permet à tous les intervenants de se focaliser sur leur mission propre et de travailler de manière sereine. «La Douane fait son travail de contrôle de marchandises et la sécurité est davantage maîtrisée de la part de tous les acteurs», nous indique-t-on. Et les résultats probants n’ont pas tardé à venir.

Renforcement du contrôle autoroutier

Les douaniers ne se limitent plus uniquement aux postes frontières pour faire échouer les tentatives de fraude. Ils ont également investi le réseau autoroutier depuis 2015 pour y traquer les trafiquants et les contrebandiers. «Le contrôle au niveau des autoroutes est entré dans les activités normales de notre Administration. On avait cette prérogative auparavant, mais on ne la faisait pas jouer», précise notre interlocuteur. Là encore, ce déploiement s’est fait en concertation avec les partenaires de la Douane, notamment la gendarmerie, pour que les douaniers soient présents au niveau des bretelles et des gares de péage. Et, à en croire l’ADII, cette stratégie a porté ses fruits et commence sérieusement à perturber le circuit des trafiquants.

«Il y a encore quelques années en arrière, lorsque les contrebandiers prenaient l’autoroute, ils étaient plus ou moins à l’aise. Ils avaient des couloirs de passage qu’ils empruntaient assez librement», nous explique-t-on. Ce n’est pas parce que la gendarmerie ne faisait pas bien son travail, mais ce n’est pas son cœur de métier. «Les Douaniers ont une expertise plus poussée en la matière car ils connaissent bien les réseaux de contrebande, les trafiquants ainsi que les moyens de transport qu’ils utilisent pour ce genre de trafic», argumente notre interlocuteur.

Communiquer

Parallèlement à son action sur le terrain, l’ADII compte communiquer de plus en plus auprès du grand public sur cet aspect de sa mission, alors que traditionnellement, elle le fait davantage sur le volet économique (recouvrement des droits et taxes, etc.) : «Nous avons l’habitude de faire de la communication institutionnelle, que ce soit en termes d’accompagnement des entreprises ou de coopération avec les partenaires nationaux et étrangers. Mais quand il y a sur le terrain des actions de lutte contre la fraude qui donnent des résultats, on accentue notre communication sur ce volet là». L’objectif avoué est que l’action de la Douane soit perçue dans ses différentes facettes par le grand public, que ce soit à travers l’accompagnement des entreprises via la communication institutionnelle, ou à travers des actions ponctuelles dans les domaines de la lutte contre la contrebande et la contrefaçon. «Nous sommes une administration qui œuvre au service des entreprises et des citoyens. Même s’il n’y a pas de gouvernement et de Loi de Finances, la douane est toujours là, et fait son travail», résume notre interlocuteur. Message reçu 5 sur 5.

Par A. Elkadiri