Le Conseil régional du tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceima a organisé récemment la 2ème édition de la Journée méditerranéenne du tourisme. Le tourisme et la nature en Méditerranée, l’innovation territoriale et la croisière autour de la Méditerranée étaient les principaux thèmes débattus par les professionnels nationaux et internationaux du secteur. Le bassin méditerranéen dispose des meilleurs atouts pour s’imposer en tant que première destination touristique au monde.
Avec les attentats terroristes de Beyrouth, Paris, Bamako, et Tunis, le monde est plongé dans une vague d’insécurité, d’incompréhension et de crainte sans précédent. Ces attentats, perpétrés dans le coeur de ces capitales, ont aujourd’hui des conséquences dramatiques sur plusieurs secteurs, et ce à l’échelle mondiale. Parmi ces secteurs, on trouve au premier rang le tourisme, qui a reçu, une fois de plus, un coup dur. Le débat à propos de cette conjoncture morose du secteur s’est donc imposé lors de la 2ème édition de la Journée méditerranéenne du tourisme, organisée récemment à Tanger par le Conseil régional du tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, en collaboration avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT) la Confédération nationale du tourisme, l’Ecole d’organisation industrielle de Madrid et l’Institut supérieur international du tourisme de Tanger.
Une journée, qui est le résultat d’une étroite collaboration entre deux puissances touristiques de la région : le Maroc, du côté africain, avec plus de 10 millions de touristes et plus de 7 milliards de dollars de recettes, et l’Espagne, au Nord, leader européen avec plus de 65 millions d’arrivées et plus de 65 milliards de dollars de recettes, comme l'a souligné Carlos Vogeler, Directeur et secrétaire exécutif, chargé des relations avec les membres de l’Organisation mondiale du tourisme.
Lors de cette journée à laquelle ont pris part des experts nationaux et internationaux du tourisme, il y a eu des échages d'expériences du Maroc et de l’Espagne, mais également des débats de plusieurs aspects liés au secteur touristique du bassin méditerranéen, à savoir le tourisme et la nature en Méditerranée, l’innovation territoriale et la croisière autour de la Méditerranée.
Un bassin qui dispose des meilleurs atouts pour s’imposer en tant que première destination touristique du monde à condition que tous les pays du pourtour y travaillent conjointement pour mieux valoriser cette destination. Une question pourtant s’impose : comment des pays concurrents vont-ils démarcher ensemble les mêmes marchés cibles ?
Pour Nadia Snoussi, directrice Maroc à l’ONMT, même si les pays du pourtour sont concurrents, la culture méditerranéenne fait qu'ils s’entraident réciproquement pour la même cause, celle de hisser la région en destination touristique-phare. Un objectif partagé par les différents intervenants lors de cette journée riche en informations. Selon Fernando Bayon, Directeur général de l’Ecole d’organisation industrielle, ministère de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme d’Espagne, cette rencontre a 3 principaux objectifs, à savoir: échanger les expériences, soutenir la vision globale de la Méditerranée et renforcer la coopération entre le Maroc et l’Espagne en matière de tourisme et de formation touristique.
Le secteur ne baisse pas les bras
Malgré cette situation de crise, les professionnels touristiques restent optimistes. Car, comme l’a souligné Carlos Vogeler, l’expérience a montré que ces situations ont une incidence immédiate et limitée sur les destinations touchées, et qu’elles ont tendance à tirer leur épingle du jeu très rapidement.
Même son de cloche de la part de Fernando Bayon, qui précise que «le tourisme est l’une des activités les plus sensibles, étant donné qu’il est soumis à certaines pressions, qui n’ont rien à avoir avec le secteur, notamment les changements économiques, politiques, et le terrorisme… Malgré cela, ce secteur va continuer à être le deuxième facteur de développement économique du monde, le deuxième employeur du monde et le premier facteur d’ouverture sur le monde extérieur, comme cela fut le cas depuis très longtemps».
C’est pour cela que les débats, lors de cette journée, se sont focalisés sur les opportunités à saisir, les efforts à fournir et les perspectives de développement, qui permettront à cette destination de s’imposer.
Témoignage de Fernando Bayon, DG de l’Ecole d’organisation industrielle, ministère de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme d’Espagne
«Même si les pays du pourtour méditerranéen sont concurrents, il existe des politiques communes intéressantes pour se développer conjointement dans des marchés émetteurs, notamment en optant pour des politiques de marketing et de communication communes, mais aussi sur le plan de la formation pour avoir un niveau similaire. Nonobstant la compétition, ces pays sont appelés à mettre en place une offre touristique vendable aux Etats-Unis, au Proche-Orient…
Concernant l’offre marocaine et particulièrement les services, le Maroc doit améliorer certains indicateurs, notamment ceux relatifs à la qualité, la sécurité, la protection de l’environnement, l’attention aux clients, les langues…
Quant au volet de la gestion, le Maroc a acquis un professionnalisme certain, et qui évolue rapidement. Cependant, il y a des déficiences notamment dans les infrastructures qu’il faudra combler».
Lamiae Boumahrou