Par M. Diao
Il serait peu crédible de mettre en place un Plan de relance pour extirper le Maroc de cette violente crise liée à la Covid-19 sans accorder une attention particulière au secteur industriel. Ce dernier, qui a l’avantage de garantir des postes de travail plus pérennes que l’agriculture soumise aux aléas climatiques, gagnerait à se renforcer dans le PIB du pays.
D’ailleurs, Moulay Hafid Elalamy, ministre de tutelle, a dévoilé il y a quelques temps les contours du Plan de relance industrielle 2021-2023, dont les principaux piliers sont, entre autres, la décarbonation des PME industrielles et la substitution des importations par la production locale pour une valeur de 34 Mds de DH.
Ce nouveau changement de cap dicté par la crise devrait avoir un impact brut de 51 Mds de dirhams sur la balance commerciale. A cela s’ajoute la création de 50.000 à 100.000 emplois additionnels. Au-delà de ces précisions, et toujours dans le cadre du Plan de relance industrielle, la tutelle mise également sur l’essor du sourcing local des grands donneurs d’ordre privés, dont les importations se chiffrent chaque année à plusieurs milliards de DH.
Ce qui, à l’évidence, n’est pas sans conséquences sur le déficit structurel de la balance commerciale. Marjane Holding a signé récemment deux conventions avec l’AMITH et la Fenagri. Le ténor de la grande distribution au Maroc s’approvisionnera auprès des industriels nationaux évoluant dans le domaine du textile et de l’agroalimentaire.
Une telle initiative devrait, entre autres, contribuer à l’accélération de la diversification et la montée en gamme de l’offre des produits des deux secteurs. Il importe de rappeler que 13 conventions de sourcing local ont été signées pour un montant de 173 millions de DH, lors de la cérémonie organisée pour acter et formaliser le sourcing local de Marjane Holding dans les deux domaines précités et qui font partie des Métiers mondiaux du Maroc (MMM).
Une initiative saluée, mais…
Interrogé sur le timing et l’opportunité de la nouvelle décision de Marjane Holding relative au sourcing local, Abdellatif Maâzouz, homme politique, membre actif de l’Istiqlal et ancien ministre, salue l’initiative, mais va plus loin. «L’initiative de Marjane Holding est bonne et très citoyenne. Pourquoi se priver si nos produits nationaux peuvent faire l’affaire. Je souhaite que les autres chaînes de distribution existantes dans notre pays emboîtent le pas à Marjane», se réjouit notre interlocuteur.
Ce dernier alerte cependant sur le fait qu’ériger le sourcing local en priorité ne doit pas être confondu avec des velléités protectionnistes. Certains économistes prônent la systématisation du sourcing local, notamment pour les distributeurs et certains producteurs. Ce changement de paradigme serait propice à la consolidation et la montée en gamme du «Made in Morocco».
Sachant que celui-ci a encore une marge de progression à l’échelle nationale dans certains secteurs, mais aussi au niveau international. D’ailleurs, à ce titre, Maâzouz propose un mécanisme public d’aide à la compétitivité et la commercialisation en faveur des entreprises marocaines qui incarnent le «Made in Morocco».
Comment amplifier le mouvement ?
«Sur bon nombre de produits, nous n’avons pas à envier les autres pays développés. Toujours est-il qu’il faudra mettre l’accent davantage sur la normalisation et la communication pour que les produits fabriqués au Maroc soient mieux connus dans notre pays et au-delà», suggère l’ancien ministre, qui évoque un enjeu majeur.
Celui d’amener les autres grands donneurs d’ordre privés à recourir davantage au sourcing local. D’où l’intérêt de mentionner les recommandations allant dans le sens de l’organisation du mécanisme de sourcing local et la mise en place des dispositifs d’encouragement en faveur des donneurs d’ordre privés, enclins à s’approvisionner auprès de fournisseurs locaux. Sur la question de la compétitivité des produits marocains susceptibles d’intéresser les donneurs d’ordre, notre source est formelle.
«Une bonne partie des produits marocains sont assez compétitifs. Les autres peuvent le devenir grâce au coup de pouce du sourcing local. Ce dernier pourrait permettre aux fournisseurs nationaux de générer davantage de ventes et des économies d’échelle nécessaires à l’élaboration de prix compétitifs», analyse l’économiste.