Le programme de reconversion des superficies à vocation non céréalière en arboriculture fruitière est en marche. L’agrégation passe à la vitesse supérieure. Une stratégie est dédiée au développement des produits de terroir. Le point avec Mohamed Amine El Guerrouj, DG de l’Agence de développement agricole (ADA).
Finances News Hebdo : Comment évolue le PMV dans le cadre de l’agriculture solidaire ?
Mohamed Amine El Guerrouj : Conscient de l’importance de l’agriculture nationale, le PMV a fait bénéficier l’agriculture solidaire d’une attention toute particulière afin de lutter concrètement contre la pauvreté en milieu rural, en augmentant significativement le revenu agricole dans les zones les plus défavorisées.
A moins de cinq ans de l’échéance du Plan Maroc vert (PMV), les avancées enregistrées dans le pilier II sont plus que probantes. Durant la période 2010-2016, le nombre de projets agricoles solidaires lancés a porté sur 621 projets, couvrant une superficie totale à planter de 821.000 hectares au profit de 804.000 petits agriculteurs.
Ainsi, dans le cadre de la mise en oeuvre de ces projets agricoles solidaires du PMV, un programme de reconversion des superficies à vocation non céréalière en arboriculture fruitière a été lancé et ce, afin de mieux valoriser le potentiel agricole des terres. A fin mars 2016, la superficie plantée en arboriculture fruitière a atteint 272.000 hectares, dont 199.000 ha d’oliviers. De plus, il a été procédé à la plantation d’arbustes fourragers sur une superficie de 14.000 ha au profit de petits éleveurs.
Pour assurer une valorisation adéquate de la production agricole, le nombre d’unités de valorisation installées au profit des petits agriculteurs à fin mars 2016 s’élève à 295 unités couvrant les principales filières de production.
Afin d’améliorer et de stabiliser la productivité agricole, des efforts sont déployés en matière d’aménagement hydroagricole, qui ont porté à fin mars 2016 sur une superficie de 80.450 ha, et la construction de 1.245 km de conduites d’irrigation.
F.N.H. : L’ADA a lancé dernièrement une vaste campagne de sensibilisation aux nouvelles dispositions de l’agrégation agricole au niveau de toutes les régions du Royaume. De quoi s’agit-il exactement ?
M. A. E. : Suite à la publication des textes d’application de la loi sur l’agrégation agricole, l’ADA a lancé, pendant les mois de novembre et décembre 2015, une large campagne de sensibilisation aux nouvelles dispositions de l’agrégation agricole. Cette campagne a consisté en une série d’ateliers menés au niveau de toutes les régions du Royaume, et qui ont été organisés en collaboration avec les Chambres régionales de l’agriculture et des directions régionales de l’agriculture. Ces ateliers ont ciblé essentiellement les représentants des Chambres d’agriculture, les organisations professionnelles et interprofessionnelles, les partenaires, les agro-industriels et les services régionaux concernés du département de l’agriculture.
Cette campagne de sensibilisation a pour principal objectif de présenter et de lancer le débat requis sur le terrain avec la profession ainsi que les opérateurs du secteur agricole autour des nouvelles dispositions relatives aux nouveaux textes d’application de la loi 04-12 sur l’agrégation agricole publiés au Bulletin officiel en juillet 2015. Ces derniers fixent les formes et les modalités d’approbation des projets d’agrégation agricole et de délivrance des attestations d’agrégation agricole, ainsi que les montants, les taux, les plafonds et les modalités d’octroi des subventions accordées aux projets d’agrégation agricole. A cet effet, l’ADA a mis en avant l’intérêt de l’agrégation agricole au profit des petits agriculteurs et les privilèges qui leur sont accordés dans le cadre du PMV.
Les dispositions de la nouvelle loi sont basées sur l’élargissement du soutien spécifique de l’agrégation à de nouvelles filières agricoles, en passant de 11 à 31 modèles d’agrégation. Ces textes prévoient également la révision des normes d’éligibilité en faveur des petits agriculteurs pour l’approbation des projets d’agrégation agricole, la régionalisation et la simplification de la procédure d’approbation des projets d’agrégation agricole ainsi que l’octroi des subventions spécifiques à l’agrégation agricole.
F.N.H. : Comment se présente votre stratégie pour la valorisation des produits de terroir ?
M. A. E. : Le Département de l’agriculture a élaboré une stratégie dédiée au développement des produits de terroir. Cette stratégie trace la feuille de route pour ramener le secteur des produits de terroir d’un secteur désordonné, avec une grande déperdition de la valeur ajoutée hors des zones de production, vers un secteur organisé qui permet la rationalisation, l’intermédiation et la captation de la plus-value au niveau des terroirs de production. En fait, cette stratégie de développement des produits de terroir est une composante importante du PMV. Elle permet de contribuer de façon significative au développement rural, à la réduction de la pauvreté ainsi qu’á la sécurité alimentaire des populations de ces territoires.
Cette ambitieuse stratégie repose sur cinq leviers d’intervention qui sont déclinés sous forme de programmes annuels et touchant l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur des produits de terroir, notamment la mise à niveau des producteurs, le développement de la logistique, l’appui à la labellisation et la promotion des produits de terroir et des labels. Dans ce sens, l’ADA est chargée de la mise en oeuvre de cette politique intégrée et concertée de développement de la commercialisation et de la promotion des produits de terroir et des labels.