Semis direct: le système confirme sa pertinence chez les exploitants marocains

Semis direct: le système confirme sa pertinence chez les exploitants marocains

La superficie dédiée ne cesse de se développer pour atteindre 36.000 hectares.

La technique assure plus de rendement et de respect de l’environnement.

 

Par C. Jaidani

La course à la productivité et au rendement est une réalité dans l’agriculture. L’objectif du secteur est de répondre aux besoins de la population qui ne cesse de se développer sous l’effet de l’essor démographique. Il est question d’améliorer la qualité et aussi de réduire le coût de production. L’intérêt pour la protection de l’environnement devient une nécessité majeure, particulièrement avec l’apparition de l’agriculture intensive.

De nouvelles techniques sont apparues pour répondre à tous ces défis, dont notamment le semis direct qui a fait preuve d’efficacité. Cette technique a été développée à grande échelle aux ÉtatsUnis et au Canada, avant d’être adoptée par d’autres régions dans le monde, plus particulièrement en Europe. Elle a été introduite, il y a quelques années, au Maroc par le ministère de l’Agriculture, en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Limitées en nombre, les parcelles sélectionnées au début ont servi à lancer différentes expériences. Mais la technique va connaitre sa véritable percée dans le cadre du programme Al Moutmir de l’OCP. Ayant donné des résultats concluants, ce programme n’a cessé de se développer au fil des ans. Il y a trois ans, il avait touché 2.000 exploitants implantés dans 76 communes relevant de 18 provinces. Actuellement, le nombre d’exploitants est passé à 4.300 agriculteurs répartis sur 130 localités et 26 provinces. La superficie concernée devrait augmenter pour la campagne 2023/2024 de 11.500 hectares pour atteindre au total 36.000 hectares. Ce niveau reste faible par rapport aux ambitions qui tablent sur un million d’hectares à l’horizon 2030.

«Le programme du semis direct ne peut être déployé à grande échelle dans un laps de temps réduit. Il faut au préalable du matériel et un effort de vulgarisation auprès des agriculteurs. Les résultats concluants obtenus par les exploitants qui l’ont adopté, est le meilleur garant pour sa promotion», explique Abderrahim Mouhajir ingénieur agronome.

Notons que ce programme cible les cultures les plus pratiquées au Maroc, notamment les céréales et les légumineuses. Mais l’objectif est de l’étendre à d’autres filières à caractère stratégique comme les oléagineux ou l’activité sucrière. Techniquement, le semis direct est un système qui ne demande pas un travail préalable du sol comme l’emblavement ou le décompactage. Cette technique permet de préserver le sol contre l’érosion et assurer la rétention de l’humidité en constituant un stock d’eau.

«Les ressources hydriques sont mieux préservées à l’intérieur du sol qu’à l’extérieur. Cela permettra un approvisionnement adéquat des cultures et le plus longtemps possible. C’est pour cela qu’elle est recommandée pour les pays qui sont impactés par la sécheresse. Les cultures profitent au maximum de l’eau, en assurant une poussée et un tallage des plantes dans de bonnes conditions», explique Mouhajir. Le témoignage de nombreux exploitants confirme les bienfaits de cette technique.

«J’ai près de 5 hectares dédiés au blé et à d’autres cultures printanières. Dans les années pluvieuses, le rendement à l’hectare se situe autour de 30 quintaux. Alors qu’avec la technique du semis direct, les récoltes ont dépassé les 50 quintaux par hectare. Au lancement, les fellahs étaient réticents pour l’adopter. La plupart d’entre eux ont appris les rudiments de l’agriculture de leurs parents par des méthodes ancestrales. L’accompagnement des techniciens et ingénieurs de l’OCP leur a facilité la tâche et a permis de mieux utiliser cette technique», affirme Abdessalam Mouahidi, agriculteur à Jorf Malha dans la région de Sidi Kacem. Et d’expliquer que «cette méthode demande moins d’opérations pour la préparation du sol, et donc réduit les coûts. Par la même occasion, les semis sont plantés à une profondeur adéquate et il y a moins de perte des produits». 

 

 

 

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