◆ Leur situation s’est nettement dégradée lors de la période du confinement.
◆ Les transporteurs sollicitent de la visibilité et des mesures de soutien pour entamer une dynamisation de l’activité.
Par C. Jaidani
Secteur névralgique de l’économie nationale, le transport est une activité clé pour réussir la reprise. Les restrictions sur les déplacements, notamment entre les villes, ont impacté plusieurs branches d’activités, soit en empêchant la main-d’œuvre de regagner son lieu de travail, ou la distribution des marchandises ou encore la livraison des matières de production.
La filière du transport de voyageurs est la plus impactée et les professionnels commencent à monter au créneau pour dénoncer le manque de visibilité. Ils appellent le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires pour tracer au plus vite une feuille de route précise et soutenir les entreprises impactées afin qu’elles puissent redémarrer.
Par syndicats interposés, les opérateurs du secteur ont commencé à manifester leur grogne. Certains ont observé des grèves pour interpeller les autorités afin qu’elles trouvent une issue favorable. C’est le cas d’une coalition de 5 syndicats des petits et grands taxis à Casablanca qui a lancé un mot d’ordre le 8 juin. A cette date, le transport dans la ville a été perturbé et plusieurs citoyens n’ont pas pu regagner leur lieu de travail à temps.
«Nous avons fait preuve de notre solidarité lors de la crise. Contrairement à d‘autres secteurs, nous n’avons reçu aucune forme de soutien même si notre activité a été marginalisée. Cette situation ne peut durer, nous voulons que les responsables entament avec nous des discussions pour trouver une solution», souligne Abdallah Habib Eddine, secrétaire général de l’Association des petits taxis affiliée à l’UMT.
Il a souligné que si le confinement ou les restrictions sur les déplacements perdurent, ce sera la catastrophe pour de nombreux professionnels. Un avis partagé par Mohamed Harki, secrétaire général de l’Association des grands taxis à Berrechid, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT).
«A cause du confinement, la demande n’est pas au rendez-vous. Notre rythme de travail a nettement diminué. La recette quotidienne est comprise en moyenne entre 80 et 100 DH, car nous transportons uniquement trois personnes au lieu de 5 auparavant. Certes, nous profitons d’une baisse des prix du carburant mais elle est très insuffisante pour supporter tous les frais», affirme Harki. «Certains propriétaires d’agrément ont été compréhensifs à notre situation et ont réduit le loyer de 50%. D’autres, par contre, ont refusé d’accorder des faveurs. Nous demandons au gouvernement d’intervenir pour venir en aide au secteur à travers des mesures plus pertinentes comme la réduction des tarifs d’assurances ou d’autres charges», ajoute Harki.
Toutefois, force est de constater que les transporteurs urbains parviennent, tant bien que mal, à supporter le coup car ils continuent de travailler, même si le trafic est en deçà de la normale. Ce qui n’est pas le cas des transporteurs interurbains qui sont totalement immobilisés depuis plus de 80 jours.
«C’est une situation inédite que nous avons vécue et que nous vivons toujours. Plusieurs professionnels travaillent dans l’informel et ne disposent pas de couverture sociale pour pouvoir demander des indemnisations. Ils n’ont pas assez ‘d’argent de côté’ pour pouvoir supporter le manque de revenus pendant une longue période», affirme Larbi Belmiloudi, vice-président de l’Association des transporteurs de voyageurs.
Il ressort des déclarations des professionnels du transport que le manque de visibilité les laisse dans l’appréhension. ◆