Ressources hydriques: l’envasement, une menace sérieuse pour les barrages du Royaume

Ressources hydriques: l’envasement, une menace sérieuse pour les barrages du Royaume

Le phénomène réduit de 30% les capacités de stockage.

Le manque à gagner est estimé à plus de 1,6 milliard de m3.

 

Par C. Jaidani

 

Depuis l’indépendance, le Maroc a fait de la politique des barrages un véritable levier pour assurer sa sécurité hydrique. Il était question d’approvisionner adéquatement les besoins de l’agriculture nationale, qui s’approprie pas moins de 85% des réserves en eau, d’assurer l’accès à l’eau potable à tous les centres urbains et de le généraliser dans le monde rural. Il s’agissait aussi d’assurer l’approvisionnement des autres secteurs, notamment l’industrie et le tourisme.

Cette politique a montré sa pertinence et a permis au pays de faire face aux aléas climatiques, notamment la sécheresse. Dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), elle a aussi permis d’augmenter sensiblement le nombre des terres irriguées qui frôle actuellement les 1,7 million d’hectares. Le Royaume poursuit toujours cette politique en lançant un méga programme pour construire de nouveaux barrages et porter la capacité de stockage en eau à 25 milliards de m3 à l’horizon 2030, limitée actuellement à moins de 17 milliards de m3.

Mais le phénomène de l’envasement des barrages par les sédiments est l’un des éléments les plus impactant de la capacité de stockage des ouvrages. Nizar Barak, ministre de l’Equipement et de l’Eau, a, à la Chambre des représentants, révélé un constat alarmant. Il a annoncé que 30% du stock d’eau retenue dans les 148 barrages du Royaume est inexploitable à cause de l’envasement. Le manque à gagner est estimé à plus de 1,6 milliard de m3 .

Cette situation réduit considérablement les efforts pour la mobilisation des ressources hydriques. Les barrages au sud de l’Oued Bouregreg sont les plus impactés par ce phénomène, et ce à cause de l’érosion. La faiblesse des précipitations dans ces zones fait que le domaine forestier n’est pas assez dense aux environs des cours d’eau et le risque d’envasement est plus grand. Malheureusement, les projets réalisés n’ont pas été accompagnés par des opérations de reboisement afin de protéger le bassin versant de l’envasement. Cette pratique est la plus recommandée pour augmenter la durée de vie des barrages. Naturelle et simple, elle a des effets bénéfiques sur l’environnement en permettant de maintenir un équilibre pour la faune et la flore.

En revanche, les autres méthodes comme le dragage sont jugées coûteuses et peu pratiques. La baisse des réserves en eau des barrages ces derniers mois, qui ont frôlé le seuil fatidique de 30%, a poussé plusieurs agences hydrauliques du sud du Royaume à lancer des études en urgence sur le phénomène de l’envasement relevant de leurs périmètres. L’objectif est de faire un diagnostic précis et proposer des solutions. 

 

 

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