Jamais le taux d’émission des crédits d’investissement (75%) et le remboursement de la TVA (10,5 Mds de DH hors OCP et ONEE) n’ont été aussi importants qu’en 2016.
La présentation des indicateurs macroéconomiques de l’année 2016 avait des allures de grand oral pour Mohamed Boussaïd, ministre de l’Economie et des Finances, entouré de son état-major. Devant un auditoire important composé de journalistes conviés pour l’événement, l’argentier du Royaume, qui s’est abstenu d’apporter des éclairages au sujet de la formation du futur gouvernement, s’est prêté au jeu traditionnel des questionsréponses après avoir exposé les faits marquants de l’année 2016. En effet, contrairement aux prévisions pour le moins optimistes, le taux de croissance en 2016 n’a été que de 1,6% du PIB contre 4,5% en 2015. Cette contre-performance est essentiellement due à la baisse de la production céréalière de l’ordre de 70%, compensée toutefois par la bonne tenue des autres branches agricoles. «Le Plan Maroc Vert a rendu notre pays davantage résilient face aux méfaits de la sécheresse», rassure l’argentier du Royaume. Les bonnes performances réalisées par certaines branches sectorielles (télécommunications, transport et logistique, mines, énergies) constituent aussi des motifs de satisfecit pour le ministre. L’autre amélioration substantielle à relever est l’amélioration des réserves de change situées à près de 7 mois d’importation, en dépit d’une hausse des importations de l’ordre de 9,3% et de 2,1% pour les exportations toujours tirées, entre autres, par l’automobile, le textile et cuir et l’industrie agroalimentaire. Cela dit, le déficit commercial s’est accentué par rapport à l’année dernière (+19%).
Les déficits jumeaux ex æquo
«En dépit d’une croissance en retrait, le déficit budgétaire a poursuivi sa tendance baissière en 2016 (3,9% du PIB)», assure le ministre qui a exposé tout de même les principales contraintes exercées sur l’exécution de la Loi de Finances 2016. Il s’agit, entre autres, des
écarts entre les prévisions et les réalisations concernant les dons du Conseil de coopération du Golfe (13 Mds de DH contre 7,2 Mds), les remboursements de la TVA (6,5 Mds de DH contre 10,7 Mds, hors OCP et ONEE), le taux de croissance (3% du PIB contre 1,6%) et l’émission des investissements (53,1% contre 63,1%). Par ailleurs, du côté de l’Exécutif, on se réjouit du record historique battu en matière de taux d’émission des crédits d’investissement et de remboursement de la TVA. Au-delà de ces aspects, il y a lieu de rappeler que le déficit du compte courant s’est creusé au point de rejoindre celui du Budget (3,9% du PIB). Il en est de même pour l’endettement du Trésor qui poursuit sa trajectoire haussière (64,7% du PIB). Sur ce point, Boussaïd rassure, affirmant que la courbe devrait s’inverser à partir de 2017.
Qu’en est-il de la Samir, de la flexibilité du régime de change…?
Interpellé par nos soins sur la chronologie de la flexibilité du régime de change, l’argentier du Royaume n’a apporté aucun éclairage sur la date de mise en œuvre. «Toutes les conditions sont réunies pour opérer cette réforme qui se fera de façon graduelle et concertée», affirmet-il en substance. Concernant la question de la suppression de la garantie de l’Etat pour l’endettement des établissements et entreprises publics (EPP), le ministre rétorque : «L’Etat garantit les emprunts extérieurs des EPP pour l’obtention de taux favorables sur les marchés internationaux». Aujourd’hui, si certains considèrent que l’Etat accorde moins d’intérêt au dossier de la Samir, les déclarations de Boussaïd sur le sujet devraient les rassurer. «L’Etat, impliqué en tant que créancier, suit de près cette affaire qui est entre les mains de la justice. L’Administration des douanes et des impôts indirects a chargé une commission de gérer ce dossier», confie-t-il.
Par M. Diao
Résorber les inégalités sociales
«Notre pays a réalisé de grands pas en matière de modernisation des infrastructures, devenues l’un de ses atouts majeurs», assure le ministre, et d’ajouter : «Rentabiliser les investissements dans les infrastructures implique d’attirer davantage d’investisseurs étrangers». D’un point de vue structurel, les efforts du pays en matière d’investissement ont très peu d’impact sur la création des postes de travail. Les jeunes et les femmes continuent d’être les parents pauvres d’un marché du travail qui souffre d’une kyrielle de dysfonctionnements. «Améliorer la qualité de l’enseignement, résorber le chômage, et réduire les inégalités entre les différentes classes sociales constituent sans doute les plus grands défis du pays», conclut Boussaïd.