260 études ont été lancées concernant 837 zones.
Le département de tutelle a un rôle important à jouer, mais il ne peut à lui seul mener à bien cette opération.
Par C. Jaidani
La réhabilitation des quartiers informels fait partie des objectifs visés par le département de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville. Et pour cause, les constructions dans ces zones ont été lancées sans le respect de la réglementation en vigueur. La plupart sont dépourvues de réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement.
Elles affichent aussi des insuffisances criantes au niveau des autres infrastructures de base comme les voiries, les services publics et les espaces verts. Généralement, ces quartiers sont implantés en périphérie des villes, dans les anciennes médinas ou les centres urbains montants qui relevaient du monde rural.
L’essor démographique aidant, leur population n’a cessé de croître, poussant les propriétaires de ces logements à ériger de nouvelles surévaluations non autorisées. Pour remédier à cette situation, le département de tutelle ambitionne de s’attaquer de plus près à cette problématique.
Dans une intervention à la Chambre des représentants, Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de tutelle, a affirmé que son département a procédé à un recensement de ces quartiers avec un diagnostic précis. Le ministère intervient sur deux niveaux, à savoir l’aménagement du territoire national et la politique de la ville. Sur le premier point, la restructuration de ces quartiers ne peut se faire qu’à travers une demande des collectivités territoriales.
Comme le stipule la loi sur l’urbanisme, l’objectif est de «délimiter ces quartiers dans le cadre des plans d’aménagement urbains afin de lancer les mesures de restructuration envisagées et lancer les infrastructures nécessaires». A cet égard, 260 études ont été lancées concernant 837 zones. 60% de ces études ont été approuvées et la plupart des autres le seront au courant de 2024.
Au niveau de la politique de la ville, El Mansouri a annoncé que «son département a signé 777 conventions pour la réhabilitation des quartiers informels. L’opération a mobilisé une enveloppe budgétaire de 55,28 milliards de dirhams, et la contribution du ministère est de 21 milliards de DH». A noter que l’urbanisation a connu un essor remarquable ces dernières décennies. Outre la croissance démographique, l’exode rural a amplifié le phénomène. Conséquence : au début des années 80, la population urbaine ne dépassait pas 30% de la population du Maroc. Actuellement elle atteint 70%.
«Les douars atteints par le périmètre urbain existent pratiquement dans toutes les périphéries des villes marocaines. La plupart des constructions dans ces lieux sont anarchiques et n’obéissent pas aux normes, ni de sécurité ni d’hygiène. Elles ressemblent plus à des bidonvilles avec des activités agricoles, notamment d’élevage. Il y a quelques années seulement, douar Tkalia, dans la périphérie de Casablanca, n’était pas raccordé aux réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement. Les habitants trouvaient beaucoup de difficultés pour bénéficier des services publics, dont l’école et le dispensaire», indique Mohamed Labib, paysagiste.
Et de poursuivre : «le département de l’Aménagement du territoire a un rôle important à jouer pour la restructuration de ces quartiers, mais il ne peut, à lui seul, mener à bien cette opération. La contribution d’autres acteurs comme les communes, la région, les régies et des départements ministériels de l’Intérieur et l’Equipement est nécessaire. Il est regrettable de trouver de nos jours au Maroc, sur le même kilomètre carré, des inégalités urbanistiques flagrantes. Pour expliquer le retard pris dans la réalisation des programmes, on évoque des problèmes de financement. Mais plus on les diffère et plus le coût social et économique s’alourdit».
Labib cite comme exemple le projet de l’avenue royale à Casablanca, dont la réalisation devait être achevée au début des années 90, mais il a été à chaque fois différé. Le programme comprenait la réhabilitation de nombreux quartiers, dont Derb Tazi, Derb Talian, une partie de l’ancienne médina. Mais à cause des opérations de relogement de la population, il est toujours en stand-by. Au recensement, les familles concernées étaient de 5.000; actuellement, elles représentent plus de 18.000.