Le projet de loi n°22.24, récemment adopté par la Chambre des conseillers, marque une étape clé dans la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI) au Maroc. Cette réforme s’inscrit dans une dynamique plus large d’amélioration du climat des affaires et de stimulation de l’investissement productif.
Par M. Boukhari
Adopté à une large majorité lors d’une séance législative mardi 5 novembre, le projet de loi relatif à la réforme des CRI vise à faire de ces centres des leviers de développement locaux plus puissants. Présenté par Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, ce texte ambitionne de renforcer les responsabilités des CRI, notamment en matière de prise de décision et de suivi des projets d’investissement. Il crée également des commissions régionales unifiées d’investissement, qui devraient permettre de simplifier et de rationaliser les démarches administratives. Ce projet s'inscrit dans une démarche globale qui place l’investissement comme un moteur essentiel de la revitalisation de l’économie marocaine, notamment dans les régions les plus éloignées.
Selon le ministre, cette réforme vise à améliorer la coordination entre les différents niveaux de gouvernance – central et local –, tout en renforçant l’efficacité et l’efficience des CRI. Ces derniers seront désormais placés sous la tutelle directe du chef du gouvernement, ce qui devrait faciliter la prise de décision et l'exécution des projets. L’un des objectifs majeurs de cette réforme est de simplifier les démarches administratives. Les conseillers parlementaires ont insisté sur l’importance de cette simplification pour encourager l’investissement productif et créer des emplois, soulignant que la décentralisation des démarches administratives est essentielle pour faciliter l’obtention des autorisations nécessaires à la réalisation des projets.
Le texte met également l'accent sur la nécessité de renforcer l’autonomie des CRI dans le processus de décision, ce qui leur permettra de jouer un rôle plus important dans la mise en œuvre des projets d’investissement. Toutefois, pour que cette réforme soit véritablement efficace, elle doit aller de pair avec un processus de digitalisation plus poussé, qui permettra de réduire les délais de traitement des dossiers et d’éliminer les démarches redondantes ou inutiles.
Quelques recommandations de l’OCDE
Dans son dernier rapport sur l’examen des politiques d’investissement au Maroc, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a formulé des recommandations soulignant l’importance de renforcer l’intégration des politiques nationales et régionales, ainsi que de simplifier les démarches administratives pour favoriser un environnement propice aux affaires. En ce qui concerne les institutions, l’OCDE suggère de renforcer les rôles de l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et des CRI, en particulier l’AMDIE comme point focal pour les investisseurs étrangers.
En outre, la même source recommande une meilleure coordination entre les stratégies nationales d'investissement et les plans de développement régionaux pour favoriser des territoires compétitifs. L’OCDE insiste également sur l’autonomie financière des CRI et pour les rendre plus efficaces dans le soutien aux investisseurs. Soutenir les entreprises locales Pour Me Abdelhakim El Kadiri Boutchich, juge près la Cour internationale de résolution des différends «Incodir» à Londres et expert international en audit et droit des affaires à Genève, la réforme des CRI peut contribuer à réduire les disparités régionales en matière de développement économique et de création d'emplois de plusieurs façons.
«En renforçant le rôle des CRI, la réforme permet de mieux adapter les stratégies d'investissement aux besoins et aux atouts spécifiques de chaque région. Cela peut encourager le développement de secteurs économiques locaux qui sont les plus prometteurs», explique-t-il. Selon lui, ladite réforme serait également à même d’attirer davantage d'investissements dans les régions moins développées en simplifiant les procédures et en fournissant des incitations spécifiques. «Cela peut aider à équilibrer le développement économique entre les régions», précise El Kadiri Boutchich.
En sus d’attirer de nouveaux investissements et de soutenir les entreprises locales, la nouvelle réforme des CRI peut, à en croire notre expert, contribuer à la création d'emplois dans les régions, réduisant ainsi le chômage et les disparités économiques. In fine, El Kadiri Boutchich considère que cette réforme est conçue pour rendre le Maroc plus compétitif sur la scène internationale en améliorant l'efficacité des services offerts aux investisseurs et en créant un environnement des affaires plus favorable.