Finances News Hebdo : Quelles actions concrètes déployez-vous pour sensibiliser et impliquer à la fois les consommateurs et les commerçants partenaires dans cette démarche de consommation responsable ?

Ayman Jaradat : ReFood agit à l’intersection de la technologie, de la communauté et de l’impact environnemental. À travers notre plateforme mobile, les utilisateurs reçoivent en temps réel des notifications sur les boîtes surprises disponibles, tout en accédant à du contenu éducatif sur le gaspillage alimentaire et les habitudes de consommation durable. Chaque commande génère un score d’impact personnalisé, indiquant aux utilisateurs combien de kilos de CO2 ils ont permis d’éviter grâce à notre algorithme intégré. Nous menons également des initiatives de sensibilisation locales. En effet, notre dernier événement a été organisé enONG Himaya, ciblant les jeunes et les étudiants. Nos collaborations avec des influenceurs engagés renforcent notre message en ligne, et notre communauté les «ReFooders» a déjà permis de sauver plus de 1.000 repas, d’éviter plus de 9.000 kg de CO2 et de rassembler plus de 2.500 utilisateurs actifs. Nos commerçants partenaires restaurants, boulangeries, épiceries bénéficient de la liquidation d’invendus, d’une nouvelle clientèle et d’un positionnement durable valorisant. Leur engagement est essentiel à notre succès collectif, et nous le mettons régulièrement en avant dans nos campagnes.

F.N.H. : Comment parvenez-vous à articuler durabilité, accessibilité et impact communautaire pour maximiser votre empreinte environnementale tout en créant de la valeur pour les clients et les entreprises locales ?

A. J. : La mission de ReFood repose sur trois piliers qui sont la durabilité, l’accessibilité et l’impact communautaire. Notre plateforme permet aux commerçants de récupérer de la valeur sur leurs invendus tout en s’inscrivant dans une logique zéro gaspillage. Chaque repas sauvé réduit la pression sur les décharges et diminue les émissions de CO2. Côté consommateurs, ReFood rend la consommation responsable accessible, avec des repas de qualité proposés à un tiers du prix initial, rendant l’écologie aussi attractive économiquement. Sur le plan communautaire, nous maintenons une relation de proximité grâce à une assistance client disponible 24h/24, la mise en avant des «ReFooders du mois» et des partenariats actifs avec des institutions locales et des ONG. ReFood est bien plus qu’une application, c’est un mouvement qui a pour finalité de transformer la manière dont les Marocains consomment et valorisent la nourriture, en construisant une économie circulaire bénéfique à tous.

F.N.H. : Quel rôle joue le financement dans l’accompagnement de votre croissance, notamment pour soutenir l’innovation et diversifier l’offre ?

A. J. : Le développement de ReFood exige à la fois des moyens technologiques et humains importants. Bien que nous soyons actuellement en phase pré-seed, nous sommes en discussions avancées avec plusieurs fonds d’investissement pour accompagner notre croissance, renforcer notre R&D et diversifier nos services. Jusqu’à présent, nous avons misé sur l’ingéniosité locale et des partenariats stratégiques, notamment avec Technopark, La French Tech Miami, et plus récemment une reconnaissance officielle à travers le prix CIO Impact Award lors des African CIO Awards 2025, qui récompense les projets digitaux à fort impact social et environnemental. Ce financement futur nous permettra de lancer des fonctionnalités intelligentes basées sur l’IA, d’implémenter des modules de prévision de la demande, de développer une solution fintech intégrée et d’optimiser notre offre B2B. Il soutiendra aussi notre engagement à recruter et fidéliser une équipe jeune et engagée, prête à porter notre mission à l’échelle nationale et internationale. Avec un soutien financier adapté, notre objectif est de positionner ReFood comme une solution de référence en matière de récupération alimentaire, démontrant comment la technologie peut devenir un levier puissant d’inclusion économique et de transformation environnementale dans les marchés émergents.

F.N.H. : Quelles sont aujourd’hui les priorités stratégiques de ReFood pour renforcer son impact au Maroc et accompagner l’évolution de l’écosystème entrepreneurial local ?

A. J. : Notre priorité actuelle est de consolider notre modèle à Casablanca, en optimisant les opérations et en préparant l’intégration de grandes enseignes nationales comme Carrefour, Marjane ou Ikea. Cela implique le développement de notre infrastructure technologique, la mise en place de modules IA personnalisés pour prédire les surplus, ainsi que la création d’une solution fintech intégrée pour des transactions fluides et transparentes. Parallèlement, nous contribuons activement à l’écosystème entrepreneurial local en accompagnant de jeunes porteurs de projet, en collaborant avec des incubateurs marocains et en encourageant une culture d’entrepreneuriat durable. Nous croyons fermement que l’impact environnemental et la croissance économique peuvent coexister, et ReFood entend le démontrer par l’exemple.

F.N.H. : Quels sont les marchés stratégiques que vous visez dans cette nouvelle phase d’expansion ?

A. J. : Après avoir consolidé notre présence à Casablanca, puis Rabat, Marrakech et Tanger, nous envisageons une expansion internationale. Notre premier objectif est Tunis, qui présente un fort gaspillage alimentaire et une bonne infrastructure numérique. Ensuite, nous déploierons un modèle d’expansion adapté à la région MENA, avant de viser l’Amérique latine, l’Afrique francophone, puis l’Amérique du Nord et du Sud. Ces marchés partagent trois caractéristiques essentielles, à savoir un gaspillage alimentaire important, une conscience écologique croissante et l’absence de solutions locales adaptées à la récupération de surplus. Grâce à notre plateforme mobile, localisée, intelligente et basée sur QR codes, ReFood est particulièrement bien positionnée pour réussir dans ces environnements à fort potentiel d’impact.