Malgré la crise sanitaire et économique, les produits nobles ont toujours la cote.
Par C. Jaidani
De par sa diversité géographique et climatique, le Maroc dispose de zones propices pour le développement des produits du terroir. Les experts estiment que le secteur présente un potentiel de production d’une valeur de 11 milliards de DH. Il offre plusieurs opportunités d’affaires aussi bien dans l’amont que l’aval agricole.
Il peut booster certaines filières comme l’export, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique ou la cosmétique. Ramadan est une période propice pour acheter ces produits. En dépit de la crise économique qui a réduit sensiblement le pouvoir d’achat de plusieurs citoyens, la demande pour ce genre de produits n’a pas fléchi. Interrogés à ce sujet, plusieurs commerçants ont affirmé que le rythme d’activité a nettement baissé comparativement aux autres Ramadan. Ils précisent toutefois qu’il existe un intérêt pour les produits nobles comme le safran, l’huile d’argan extra-vierge ou le miel spécifique de certaines régions du Royaume.
«La fermeture des restaurants, des hôtels et autres lieux d’hébergement, la suspension des activités des traiteurs et de l’événementiel ont porté un coup dur à notre secteur. Mais nous avons toujours une clientèle qui cherche des produits de niche et raffinés», souligne Ahmed Rabhi, commerçant au marché des épices de Jmiaâ à Derb Soltane à Casablanca.
Le même constat est observé au marché solidaire de l’Oasis à Casablanca. Les mesures de restrictions sanitaires et de déplacement ont certes réduit le nombre de visiteurs, mais le site garde toujours son attractivité. «Nous avons maintenu un rythme d’activité conséquent, et ce malgré les restrictions. Nous avons perdu pour le moment nos clients des autres régions du Royaume qui venaient en masse pour faire leurs achats», explique-t-on auprès du marché solidaire de l’Oasis.
Initié par la Fondation Mohammed V pour la solidarité en 2017, dans le cadre de l’INDH, le marché a connu un succès fulgurant : 341 coopératives, 8.367 produits commercialisés et plus de 584.000 visiteurs. Cette politique de promotion des produits du terroir incombe aussi à l’Agence de développement agricole (ADA), qui a lancé depuis 2013 plusieurs chantiers permettant de faciliter l’accès de ces produits au niveau des grandes aires et des marchés modernes afin de les promouvoir auprès du grand public.
Ainsi, plusieurs conventions de partenariat ont été signées, en plus de l’organisation de foires et expositions au profit des coopératives au niveau national et à l’international. Mais la crise sanitaire a gelé ce genre d’événements. Au niveau du e-commerce, l’agence a encouragé les sites de ventes en ligne des produits du terroir. Ils visent notamment les produits les plus sollicités comme le safran, l’huile d’olive, le miel, les plantes aromatiques et médicinales, le lavandin et les câpres.
Les dattes en vedette Par ailleurs, il faut noter que les dattes sont les autres produits les plus demandés au cours du mois sacré. Le Royaume importe une bonne partie de ses besoins de l’étranger, notamment de l’Algérie et de la Tunisie. Mais la filière locale offre des produits de qualité, dont une quantité est exportée, notamment la variété d’El Majhoul d’Erfoud. Ces dattes dites nobles ont des caractéristiques très spécifiques, largement supérieures aux autres variétés.
A commencer par le poids élevé qui peut atteindre 25 grammes, une longueur de 4 à 6,5 cm et une largeur de 2 à 3,5 cm. Leur qualité nutritionnelle et leur saveur sont également d’un niveau supérieur. D’où leur prix élevé. Ils commencent à partir de 100 DH/kg pour atteindre les 200 DH/kg. Outre le Ramadan, El Majhoul est très prisé lors de certaines cérémonies et célébrations.
D’autres dattes locales, dites de niche, ont aussi toujours la cote auprès des consommateurs marocains, notamment Boufeggous, qui est une variété parfumée et caramélisée ayant une consistance demi-molle. Elle figure parmi les meilleurs produits de la région de Ouarzazate et de Zagora. La variété Bouzekri est, elle aussi, recherchée pour ses qualités nutritionnelles.
L’huile d’argan est également un produit du terroir très apprécié tant dans le domaine cosmétique que pour un usage alimentaire. Elle est notamment utilisée avec les amandes ou les cacahuètes pour la production d’amlou, une pâte à tartiner berbère. Elle est originaire de la région du Souss, mais elle est commercialisée dans toutes les régions du pays.
C’est un fortifiant servi lors du ftour au Ramadan ou au petit-déjeuner en temps normal. Grâce au Plan Maroc Vert, la filière d’argan regroupe actuellement 16 périmètres de production basés essentiellement dans la région de Souss-MassaDra, 11 groupes d’intérêts économiques et plus de 30 coopératives. La montée en cadence de l’activité est visible au niveau de l’exportation. En volume, elle était limitée à 36 tonnes seulement au début des années 2009.
Actuellement, elle dépasse les 1.400 tonnes pour des recettes de plus de 300 millions de DH. Dans le cadre du contrat-programme, la filière de l’argan veut se doter d’infrastructures de proximité et de compétences spécialisées en la matière pour promouvoir la recherche scientifique et technique dans ce domaine. Pour assurer une harmonie de la chaîne de valeur, le secteur adopte une exploitation raisonnée et la modernisation de la filière autour de projets d’agrégation.