Programmes électoraux: les mesures économiques dominent

Programmes électoraux: les mesures économiques dominent

Certaines formations ont proposé des axes très détaillés, d’autres se sont contentées de feuilles de route généralistes.

La priorité est donnée à la relance et au nouveau modèle de développement.

 

Par C. Jaidani

 

En l’absence d’une décision de dernière minute annonçant leur report à cause de la flambée des cas de la Covid19, les élections législatives sont maintenues pour le 8 septembre 2021. Les préparatifs vont bon train aussi bien chez les partis que l’Administration, notamment les départements de l’Intérieur.

Le scrutin devrait dégager une nouvelle architecture politique nationale et une coalition qui devrait composer le prochain gouvernement. La plupart des formations ont annoncé la couleur et ont dévoilé leurs programmes politiques où la connotation socioéconomique est mise en avant. Ces formations ont fait appel à leurs experts pour concevoir des programmes qui collent à leurs convictions idéologiques mais aussi et, surtout, qui répondent aux nouveaux défis. S’agissant du court terme, l’objectif est de réussir la reprise économique et atténuer les effets de la crise. Pour le long terme, le mandat du prochain gouvernement s'inscrirait dans la prise de conscience du nouveau modèle de développement (NMD).

Au pouvoir depuis une dizaine d’années, le PJD (Parti de la justice et du développement) aspire à briguer un troisième mandat. Toutefois, la formation islamiste devra faire face à plusieurs facteurs dont notamment le quotient électoral qui réduirait sa marge de manœuvre et sa notoriété affectée par les mesures douloureuses prises ces dernières années par l’Exécutif (Réforme des retraites, libéralisation des hydrocarbures, réduction des produits concernés par la compensation, enseignement contractuel…).

Néanmoins, le parti de la lampe mise sur son assise populaire et aussi sur son programme électoral qualifié de réaliste et réalisable par ses initiateurs. Sur le volet économique, il prévoit un taux de croissance de 4,5%, un déficit budgétaire à moins de 4% et un endettement du Trésor à moins de 70%. L’expérience du parti acquise en dirigeant le gouvernement lui a permis de s’enquérir de l’état réel de l’économie nationale et de détecter ses faiblesses mais aussi ses atouts. Parmi les mesures qu’il a fixées, figure en particulier la révision du système des incitations fiscales consacrées aux secteurs économiques pour les réorienter vers les activités à productivité élevée.

Le programme comporte également la systématisation des accords de compensation industrielle et la mise en place d’une incitation financière au profit des PME industrielles nouvellement créées ou en création. Le PJD veut également mettre en place un cadre spécifique à la mobilisation du foncier industriel. Pour s’arrimer aux dernières orientations du Royaume au niveau écologique, le parti de la lampe ambitionne d’instaurer des mécanismes de subvention pour l’utilisation des énergies par les citoyens et les entreprises.

Des propositions innovantes

Pour conquérir les électeurs, chaque parti cherche à se démarquer en lançant des propositions plus innovantes dont certaines sont inédites. C’est le cas du RNI qui se positionne comme un véritable challenger du PJD. Les Indépendants visent la première place afin de conduire le prochain exécutif. «Notre programme est certes ambitieux mais il est crédible, s’appuyant sur des chiffres réalisables pour répondre aux attentes des concitoyens. Il jette également les bases du contrat politique qui permettra de rendre effectifs les changements tant désirés par les Marocains», souligne Aziz Akhannouch, président du RNI, lors de la présentation du programme de son parti.

La formation de la Colombe veut encourager la production nationale et soutenir la compétitivité du «Made in Morocco». A cette fin, le programme prévoit de substituer 30% des importations par des produits nationaux et garantir la préférence nationale dans les marchés publics. Il ambitionne de remplacer 30% des importations par des produits fabriqués localement de manière à préserver l’emploi. Avec un potentiel de plus de 100.000 emplois créés, la production locale devrait atteindre une valeur de 34 milliards de DH.

Dans le même engagement, les Indépendants veulent soutenir le monde rural et faire accéder 400.000 ménages ruraux à la classe moyenne. Pour le PAM qui est dans l’opposition, son programme électoral vise à construire une économie au service de la société en veillant à ce que tous les Marocains jouissent des fruits du développement. Son secrétaire général, Abdellatif Ouahbi, a expliqué que «la croissance économique n’est pas considérée comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen essentiel pour renforcer l’intégration sociale des citoyens et les aider à atteindre leur autonomie et prospérité».

Le parti du tracteur veut apporter un soutien particulier aux secteurs de l’éducation et de la santé, sans pour autant écarter les autres activités notamment celles ayant été impactées par la crise comme le tourisme. L’Istiqlal est l’autre formation de l’opposition qui convoite la première place du scrutin. Ayant un historique de référence et une grande expérience dans l’exercice du pouvoir exécutif, la formation de la balance veut consolider la souveraineté nationale non seulement au niveau politique mais aussi économique notamment les ressources hydriques, la sécurité énergétique, alimentaire et sanitaire. Cette vision est également présente dans les finances. En effet, le parti aspire à réduire «le taux d’endettement public, jugeant le niveau actuel de 92% alarmant».

Logique de rupture

A l’instar d’autres partis, l’Istiqlal vise à encourager la préférence nationale pour donner une nouvelle impulsion aux entreprises marocaines. Pour ce faire, il préconise plus d’intégration dans les filières industrielles et de faire de la commande publique un levier pour soutenir les entreprises et les régions. Le parti insiste, par ailleurs, sur la lutte contre l’informel. «Avec le chantier de la protection sociale, si on ne réintègre pas l’informel aujourd’hui, il aura des avantages gratuits. Le formel se trouvera à payer pour l’informel», lit-on dans son programme.

Concernant la reprise et le développement économique, Nizar Baraka, secrétaire général du parti, prône l’adoption d’une logique de rupture : créer la richesse mais aussi plus de cohésion sociale et territoriale. Voulant retrouver son lustre d’antan, l’USFP (Union socialiste des forces populaires) s’engage à renforcer la classe moyenne et à lutter contre la précarité afin de soutenir le développement économique et promouvoir la paix sociale, en adoptant un système fiscal juste et équitable.

Le développement de l'investissement national de manière à permettre un accroissement régulier et productif des taux de croissance et d'emploi, est l’une des mesures phares de l’USFP. Le parti de la rose vise, à travers cette initiative, à amorcer une transformation structurelle du tissu productif pour répondre à la demande interne et à la concurrence des marchés internationaux. Dans la mouvance de la gauche, le PPS ambitionne d’édifier une économie forte au service du développement. Plus ambitieux que les autres partis, la formation du livre prétend réaliser un taux de croissance de 6%. Parmi les dispositions projetées, figure notamment l’élimination des entraves à l’investissement, la promotion de la compétitivité des entreprises et la lutte contre toutes les formes de l’économie de rente.

Le Mouvement Populaire (MP) est la seconde formation de la coalition gouvernementale, avec le PPS, à rester fidèles à des programmes généralistes focalisés sur la promotion de l’entreprise et l’amélioration du climat des affaires. Le MP s’engage à mettre en place des unités mobiles dédiées à la formation professionnelle, à l’accompagnement en matière d’élaboration des projets de développement et à la formation à l’auto-emploi, ainsi qu’à encourager la création de coopératives et d’associations génératrices de revenus.

 

 

 

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