Achèvement des dernières étapes du chantier de la généralisation de la protection sociale, construction de nouveaux CHU, ouverture de milliers de nouvelles classes préscolaires… L’exécutif prévoit pour 2025 plusieurs projets en faveur du renforcement de l'État social.
Par M. Ait Ouaanna
Une fois de plus, le gouvernement Akhannouch place le volet social au cœur de ses priorités. Comme en témoigne la note de cadrage du projet de Loi de Finances 2025 (PLF-2025), l’exécutif envisage de poursuivre le déploiement des programmes sociaux amorcés depuis le début de son mandat. Dans le but constant de fortifier les fondements de l’Etat social, le gouvernement aspire également à continuer les réformes en cours dans l’éducation et la santé. Rappelons-le, ces deux secteurs ont fait grand bruit cette année, suite aux séries de grèves orchestrées par leurs professionnels.
Réalisation phare de l’exécutif en place, le programme d’aide sociale directe conserve sa position prépondérante dans le projet de Loi de Finances de l’exercice à venir. A cet égard, le gouvernement prévoit tout d’abord l’opérationnalisation de l’Agence nationale de soutien social dont la mission principale est d’assurer et de pérenniser les effets sociaux et économiques attendus dudit programme. Pour rappel, le nombre de bénéficiaires de cette aide sociale directe atteignait, jusqu'en juin 2024, près de 3,8 millions de familles comprenant plus de 5 millions d'enfants, avec un coût annuel d'environ 25 milliards de dirhams.
S’agissant de l’année 2025, ce soutien sera augmenté à partir du mois de janvier, pour atteindre 250 dirhams par enfant pour les trois premiers enfants scolarisés ou de moins de 6 ans ou en situation de handicap et 175 dirhams pour les enfants non scolarisés. Quant aux orphelins de père, âgés de moins de six ans ou poursuivant leurs études, ce soutien s’élèvera à 375 DH par enfant pour les trois premiers enfants, avec un minimum de 500 dirhams par mois pour chaque famille. De ce fait, le coût total du programme sera porté à 26,5 milliards de dirhams pour l'année 2025.
L’aide au logement figure également parmi les principaux programmes lancés par le gouvernement Akhannouch. Comme précisé dans la note de cadrage du PLF2025, l’exécutif veillera au succès de ce projet qui cible annuellement environ 100.000 familles. Jusqu’au 31 juillet 2024, le nombre de bénéficiaires a atteint 18.000, dont plus de 22% de Marocains résidant à l'étranger. Pour rappel, une enveloppe budgétaire de 9,5 milliards de dirhams par an est consacrée à ce programme pour la période allant de 2024 à 2028. De surcroît, le gouvernement s’engage à intensifier ses efforts en matière de lutte contre l'habitat insalubre et les bidonvilles.
Dans cette optique, il est prévu de mettre en œuvre un programme visant à reloger près de 120.000 familles à travers le Royaume, dans le dessein de déclarer, d’ici 2029, toutes les villes marocaines «villes sans bidonvilles». 2025 constitue l’année clé pour l’achèvement des différentes composantes du chantier royal de la généralisation de la protection sociale. Deux étapes cruciales sont prévues pour cet exercice, à savoir l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite au profit de cinq millions d’actifs et la généralisation des indemnités pour perte d’emploi. Des objectifs que le gouvernement s’engage à atteindre conformément au calendrier fixé. La généralisation de la couverture médicale est l’une des étapes les plus marquantes de ce chantier d’envergure.
Rien que pour le régime AMO-Tadamon, dédié aux personnes incapables de supporter les charges de la cotisation, le nombre d’inscriptions a atteint jusqu’à juin 2024, plus de 4 millions de familles, soit plus de 11 millions de citoyens. Et qui dit couverture sanitaire universelle, dit hausse de la demande de soins. Pour faire face à cette situation, le gouvernement a lancé une réforme globale du système national de santé. Pour le compte de l’année 2025, plusieurs projets sont prévus, notamment la réhabilitation de bon nombre de centres hospitaliers régionaux et provinciaux, avec pour ambition de doter chaque région du Royaume d'un centre hospitalier universitaire (CHU).
L’exécutif prévoit en outre d’accélérer les travaux de construction et d’équipement des CHU d’Agadir, Laâyoune, Errachidia, Beni Mellal et de Guelmim. Parallèlement, le gouvernement entend poursuivre le programme de réhabilitation de près de 1.400 établissements de soins de santé primaires. S’agissant des ressources humaines, le gouvernement prévoit de mettre en oeuvre en 2025 la loi sur la fonction publique de la santé, tout en augmentant le niveau de l'encadrement médical et paramédical afin d’atteindre 25 professionnels pour 10.000 habitants à l'horizon 2026 et 45 professionnels de la santé pour 10.000 habitants en 2030. En sus de la santé, l’éducation est également considérée comme un pilier fondamental pour la construction de l'État social. Partant de ce principe, le gouvernement compte intensifier ses efforts pour mener à bien la mise en œuvre de la feuille de route 2022-2026 pour une école publique de qualité pour tous. Rappelons qu’au début de l’année scolaire 2023-2024, 4.700 nouvelles classes ont été ouvertes et 6.000 nouveaux éducateurs et éducatrices ont été embauchés, ce qui a permis d’augmenter le nombre d'inscriptions dans l'enseignement préscolaire public.
Conscient de l’importance de l’éducation préscolaire, l’exécutif aspire à créer annuellement, jusqu’à 2028, un total de 4.000 unités. Au cours de l'année académique 2024-2025, le gouvernement s’engage également à poursuivre le déploiement du programme «Écoles pionnières» en intégrant 2.000 écoles primaires qui bénéficieront à environ un million d'élèves supplémentaires. Ledit programme inclura aussi le cycle collégial bénéficiant ainsi à près de 250.000 élèves dans 232 collèges, avec pour objectif de généraliser ce modèle à l'échelle nationale au cours de l'année scolaire 2027- 2028. Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, le gouvernement poursuivra le déploiement du Plan national d'accélération de la transformation du système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique «Pacte ESRI 2030», notamment à travers la création de nouvelles filières de formation dans les domaines prometteurs.
Selon la note de cadrage du PLF-2025, le gouvernement continuera à répondre aux besoins des secteurs prioritaires en termes de formation des compétences dans divers programmes sectoriels. Cela inclut le programme de formation des enseignants du primaire et du secondaire, avec l'inscription d'environ 24.000 étudiants pour l'année universitaire 2023-2024. Dans la même veine, et pour renforcer la formation des ingénieurs, des cadres intermédiaires et des techniciens supérieurs, le programme de renforcement des diplômés des universités publiques marocaines dans les disciplines numériques permettra, selon la même source, d'atteindre 22.500 diplômés d'ici 2027. Enfin, en ce qui concerne la formation professionnelle, le gouvernement prévoit l’inauguration prochaine de quatre nouvelles Cités des métiers et des compétences dans les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Béni Mellal-Khénifra, Casablanca-Settat, et DakhlaOued Eddahab, notant que les cours y débuteront lors de l'année scolaire 2024-2025.