Le dernier recensement mené sous la férule du Haut-commissariat au Plan montre que la population légale du Maroc est de 33,8 millions de personnes (à septembre 2014). Entre 2004 (année du dernier recensement) et 2014, le Maroc, qui compte près de 7,3 millions de ménages, a vu sa population légale augmenter de 3,9 millions de personnes.

Ça y est ! Ahmed Lahlimi Alami, Haut-commissaire au Plan a levé le suspense concernant les données inhérentes à la population légale du Maroc. Avant d’entrer dans le vif du sujet devant plusieurs journalistes conviés pour la circonstance à Rabat, le patron du HCP a tenu à lever toute suspicion sur les données rendues publiques par son institution. «Les Marocains ont tendance à se baser sur leur perception et non sur la réalité», martèle-t-il. Cette assertion est une réponse aux esprits qui estiment que le chiffre de 33,8 millions concernant la population légale du Maroc à septembre 2014 dont 86.206 étrangers, est une donnée minorée ne reflétant guère la réalité. A en croire les experts du HCP, il y a lieu de garder à l’esprit que le Maroc est dans une période de forte transition démographique, ce qui est conforté par l’accroissement de la famille nucléaire, l’âge avancé du mariage (26 ans pour les femmes), la baisse du nombre d’enfants par femme (2,5 en 2004 et 2,1 en 2010) et le repli du nombre d’individus par foyer. Outre ce contexte, le patron du HCP s’est félicité du travail des 73.800 agents et chercheurs qui ont participé au vaste chantier du recensement de 2014. Cette opération a nécessité près de 864 MDH contre 900 MDH initialement prévus.

Les indicateurs-phares

Il convient de rappeler que le taux de couverture du recensement de la population légale, le 6ème dans l’histoire du pays, a été de 98,6%. Entre 2004 et 2014, la population légale du Maroc a progressé de 3,9 millions de personnes, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 1,25%. L’autre élément important à noter est que le nombre d’étrangers estimé à 86.206 personnes, a connu un accroissement de plus de 60% ces dernières années. Cela dit, Ahmed Lahlimi a souligné lors de sa présentation que l’opération de recensement de 2014 est assez singulière puisqu’elle coïncide avec la fin des objectifs du millénaire pour le développement, prévue pour cette année. Les données recueillies dans le cadre du recensement (inégalités, consommation des ménages, handicap, etc.) serviront à la réalisation du rapport des objectifs du millénaire pour le développement du Maroc. Au-delà de cet enjeu, ce qui retient particulièrement l’attention, est que 20,4 millions de personnes résident en milieu urbain, ce qui situe le taux d’urbanisation à 60,3%, en 2014, contre 55,1% en 2004. Cet accroissement du taux d’urbanisation est à relier, entre autres, à l’exode rural et à la construction de nouveaux centres urbains. A contrario, la population rurale a diminué accusant un taux d’accroissement annuel moyen négatif pour se situer à 13,4 millions de personnes. L’autre tendance qui se dégage des chiffres relayés par le HCP, est la disparité régionale en termes de nombre d’habitants. En effet, d’après le nouveau découpage en 12 régions, seules cinq d’entre celles-ci concentrent près de 70,2% de la population. Il s’agit, par ordre d’importance, des régions suivantes : Grand-Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Dans le détail, la région du Grand Casablanca-Settat compte une population de 6,8 millions de personnes, celle de Rabat-Salé-Kénitra 4,5 millions. Les régions de Marrakech-Safi, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceima comptent respectivement pour leur part, 4,5 millions, 4,2 millions et 3,5 millions de personnes. Les disparités régionales se retrouvent aussi au niveau du taux de croissance démographique qui est positif dans certaines localités et négatif dans d’autres bastions régionaux. En effet, au cours de la période 2004-2014, les taux d’accroissement de la population des villes varient de - 0,79% pour la ville de Rabat, à 3,26% celle de Tanger. Au chapitre de la méthodologie, le lieu de résidence, l’unité territoriale et le nombre de personnes légales étaient les paramètres retenus par les hommes de Lahlimi. La lecture électronique des questionnaires a facilité le traitement des données avec célérité. Au final, le recensement de 2014 a permis de savoir que le Royaume compte près de 7,3 millions de ménages. La présentation du Haut-commissaire au Plan a le mérite d’apporter des éclairages sur les points qui ont suscité des interrogations auprès de l’opinion publique. Cela lui a aussi permis de préciser les conditions dans lesquelles cette opération de grande envergure s’est déroulée. A ce titre, la collaboration des familles marocaines ainsi que celle des autorités locales a été particulièrement remarquable, note-t-on du côté du HCP. 

Momar Diao