PLF 2020 : le CMC évoque un budget de rigueur aux effets limités sur la croissance

PLF 2020 : le CMC évoque un budget de rigueur aux effets limités sur la croissance

Ahmed Laaboudi, Directeur Général du Centre marocain de conjoncture 


 

Le centre appelle à une révision de la politique monétaire menée par Bank Al-Maghrib.

                                      

«Alors que l’on s’attendait à une profonde reconfiguration de la politique budgétaire dans la perspective de l’adoption d’un nouveau modèle de développement, le projet de budget semble opter pour la continuité qui, dans le contexte actuel, signifie le maintien de l’option de rigueur budgétaire», analyse le Centre marocain de conjoncture dans une note d’information consacrée au Projet de Loi de Finances 2020

Pour le Centre, «les mesures préconisées dans le cadre de la programmation budgétaire pour l’année à venir, que ce soit au plan de l’affectation des ressources, du volume des dépenses, de l’effort d’investissement ou encore de la structure de la fiscalité relèvent en effet plus du fine-tuning que d’un véritable renouveau de la politique économique».

Les économistes du CMC déplorent ainsi que le budget semble remettre au second plan les objectifs premiers assignés à la politique budgétaire que sont, fondamentalement, l’accélération de la croissance, l’amélioration des revenus et la protection du pouvoir d’achat, pour réduire son rôle à la gestion des équilibres financiers et la mise en concordance du système fiscal aux normes fixées par les partenaires commerciaux de proximité.

«Cette option s’avère dans le contexte actuel d’autant plus improductive qu’elle intervient à un moment où l’économie a besoin de soutien pour conforter la reprise attendue du cycle des affaires», regrette le CMC.

Dans ce cadre, les actions retenues dans le cadre du budget prévisionnel se révèlent cependant «nettement insuffisantes» pour répondre aux impératifs de croissance et de création d’emplois.

 

Ralentissement de l’Investissement public

L’activité économique en 2020 pourrait connaître une croissance de 4,6 %, soit 2 points de plus que l’année en cours, sous l’hypothèse d’une pluviométrie suffisante et relativement bien répartie, souligne le document.

Le CMC note par ailleurs que l’effort d’investissement public, (78 milliards de DH de crédits de paiement en 2020) a tendance à ralentir. Le volume global des investissements incluant l’ensemble des acteurs publics se situerait selon les prévisions du budget à 198 Milliards de DH, en hausse d’à peine 1,5 % en valeur nominale, constate le CMC

Rapporté au PIB, l’effort d’investissement public s’est réduit de près de 2 points et demi depuis 2016 en passant de 18,7 % à 16,3 % projeté pour l’année 2020.

 

Appelle à une révision de la politique monétaire

Selon une évaluation réalisée par le CMC, les effets de l’ensemble des mesures prévues dans le projet de budget devraient aboutir à une injection d’une dépense supplémentaire dans le circuit économique de l’ordre de 11,2 Milliards de DH.

«Ce résultat qui, en termes nominaux, représente à peine 0,9 % du PIB apparaît insignifiant compte tenu des exigences de la relance de l’activité économique et de la promotion de l’emploi», estime le CMC, qui se dit «interpellé» par la pertinence des choix budgétaires dans un contexte de rareté des ressources.

Le Centre ne manque pas, par ailleurs, de critiquer la politique menée par Bank Al-Maghrib. Il appelle ainsi «à ce que la politique monétaire puisse apporter plus de soutien à l’investissement en garantissant des conditions de financement plus accommodantes pour l’entreprise».

Selon le document, le contexte macroéconomique marqué à la fois par un repli de la croissance et par une inflation faible et qui s’apparente, de plus en plus, à une situation de déflation, offre l’opportunité d’actionner les instruments monétaires appropriés pour une véritable relance de l’activité.

Pour le CMC, «l’option d’une révision de la conduite de la politique monétaire, ses priorités, ses instruments et ses objectifs ultimes s’impose de plus en plus avec la faiblesse persistante des activités du crédit qui ne cesse de plomber le cycle des affaires depuis plusieurs années».

 

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