• Des objectifs économiques réalistes, dictés par la conjoncture mondiale, et une redistribution des richesses. Tels sont les principaux axes du programme électoral.
• Membre du Comité central du parti de l’Istiqlal et président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, Adil Douiri étaye les principaux axes du programme de son parti.
✔ Finances News Hebdo : Vous avez décidé de ne pas vous porter candidat. Cela revient-il à dire que vous vous retirez de l’arène politique ?
✔ Adil Douiri : Dans un parti politique bien organisé, bien structuré, ancien et puissant comme l’Istiqlal, chacun a un rôle à jouer. C’est d’ailleurs dans ce sens que s’inscrit ma présence dans votre rédaction. Je considère que ma valeur ajoutée est dans la participation au programme de mon parti; pas seulement dans l’élaboration, mais également dans la pédagogie, l’explication et la persuasion de l’électeur sur la pertinence et le sérieux de nos choix. Je considère que j’ai un capital sérieux et un capital confiance qui m’aident à faire passer des messages simples et pédagogiques, et ce capital aide à rendre ces messages audibles.
Je pense que j’apporte des choses à mon parti en faisant cet exercice-là. Aller sur le terrain à la place d’un autre candidat istiqlalien juste pour profiter de ma notoriété que les médias ont créée de 2002 à 2007 de par le fait que j’ai occupé le poste de ministre du Tourisme, est une moindre valeur ajoutée. Puisque nous avons des candidats de qualité qui travaillent régulièrement au niveau de leurs circonscriptions électorales qu’il faut privilégier.
Mon action se décline également en ma qualité de membre du Comité central du parti, qui est un organe de décision, et en tant que président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, dont le but est de recruter des compétences et de leur donner une passerelle vers les organes de décision au sein du parti, notamment au Conseil national de l’Istiqlal. Et signalons que le travail de l’Alliance n’est pas d’ordre électoral puisqu’elle a été créée en mai 2008.
✔ F. N. H. : Mais vous demeurez ouvert si on vous proposait un poste ministériel…
✔ A. D. : Je ne peux pas répondre à cette question parce que la question ne se pose pas pour l’instant !
✔ F. N. H. : Vous avez participé à l’élaboration du programme, notamment le volet économique, de votre parti. Pouvez-vous partager avec nous les éléments clés qui ont orienté vos choix ?
✔ A. D. : Je vais tenter de vous expliquer l’hypothèse fondatrice de notre démarche et ce qui en résulte comme initiatives. Nous sommes partis de l’hypothèse suivante : à chaque époque ses spécificités. L’idée est que refaire 2007 serait une erreur. Certains autres partis ont fait des programmes qui ressemblent à celui de l’Istiqlal en 2007.
Par contre, nous, nous sommes partis de l’idée que, premièrement, les économies traditionnellement libérales, comme celle du Maroc, quand elles connaissent des phases de croissance très rapide comme celle qu’a connue le Maroc depuis l’arrivée de SM le Roi Mohammed VI, tout le pouvoir d’achat de la population s’élève, mais les différences de revenu s’étirent en même temps. Nous nous situons au terme d’une décennie de croissance rapide. C’est donc le premier constat.
Le deuxième constat est qu’à notre unique voisin riche, à savoir l’Union européenne, qui est également notre principal client, nous vendons pour 70% des 200 milliards de DH d’exportation par an. Or, ce client se trouve aujourd’hui dans des difficultés qu’il n’a jamais connues auparavant.
Partant de ces constats-là, nous avons décidé d’élaborer un programme économique qui est, premièrement, très focalisé sur la redistribution des richesses. Et, deuxièmement, puisque nous avons notre gros client malade, nous n’allons pas nous fixer des ambitions inaccessibles et démesurées. En effet, nous perdons un point à 1,5 point de croissance du fait de la crise de notre client.
Et, troisièmement, il fallait prendre en considération que l’année 2011 a vu l’arrivée de nouvelles règles du jeu, à savoir la nouvelle Constitution. C’est un texte brillant, très sophistiqué que même les Européens n’ont pas. Donc, on ne pouvait pas l’ignorer dans notre programme économique, d’autant que c’est le seul élément que nous considérons comme accélérateur de croissance économique, à travers notamment le concept de la gouvernance.
Ainsi, à partir de tous ces éléments, nous avons construit un programme qui est très réaliste et qui est en-deçà des ambitions de 2007.
✔ F. N. H. : Quelle est votre hypothèse de croissance dans cet environnement tel que vous l’avez décrit ?
✔ A. D. : Notre hypothèse de croissance est une moyenne de 5% par an pour les cinq prochaines années, avec un début un peu plus difficile. Si nous perdons 1 à 1,5 point de croissance en export, nous en gagnerons un demi ou un par la gouvernance.
✔ F. N. H. : Ce taux suffira-t-il à surmonter le problème du chômage au Maroc ?
✔ A. D. : Ces 5 % de croissance se traduiront par 170.000 emplois par an, soit 30.000 emplois en moyenne de plus que les arrivées sur le marché du travail. En effet, si vous prenez la croissance de la population active totale, occupée ou au chômage, vous trouverez que la moyenne annuelle est de 140.000 demandeurs d’emploi qui arrivent sur le marché. Donc, avec 5% de croissance, nous résorberons le chômage à hauteur d’une trentaine de milliers d’emplois par an sur un stock de 900.000 chômeurs. Ce taux de chômage est stable depuis 10 ans, variant entre 800.000 et 1 million de chômeurs. Donc, on peut résorber légèrement et graduellement le chômage.
✔ F. N. H. : Comment cette création d’emplois sera-t-elle répartie entre les secteurs public et privé ?
✔ A. D. : On table sur 170.000 emplois créés par an sur 5 ans, soit quelque 850.000 emplois. Par an, 150.000 emplois seront créés dans le secteur privé et 20.000 dans le public. C’est une proposition qui pourrait sembler provocatrice, mais elle est bien pondérée et mesurée par nous.
Nous promettons de créer 100.000 emplois de fonctionnaires en cinq ans tout en maintenant la masse salariale sous la barre de 10% du PIB. Cet objectif est motivé par cinq raisons majeures. D’abord, parce que nous pensons que la fonction publique n’est pas en sureffectif au Maroc. Il y a un travail qualitatif de la réforme de l’Administration enclenché et nous y avons tous participé. J’ai créé des entités d’élites, comme la SMIT au ministère du Tourisme. Il y a également l’AMDI, mise en place par Ahmed Reda Chami dans le cadre du Plan Emergence. Et la nouvelle Constitution prévoit que les régions vont s’autogérer; donc, il y aura des conseils régionaux avec un président de région qui aura des pouvoirs exécutifs sur un programme et un budget à négocier, puisque du budget dépendra la latitude que ce président aura. De ce fait, il lui faut une administration régionale qui veillera à l’exécution des programmes de développement publics. Et comme on démarre ce processus, j’espère qu’on créera une administration d’élite.
Le deuxième secteur qui nécessite des recrutements de fonctionnaires est celui de la sécurité qui est en train de devenir un enjeu pour les citoyens. Quand on voit le nombre de policiers et d’agents de sécurité par nombre d’habitants, il y a lieu de faire des efforts de recrutement dans ce sens.
Ensuite, il y a un secteur qui continue à recruter et qui continue à avoir besoin de ressources humaines parce qu’on n’a pas fini complètement l’élargissement de l’enseignement. Il s’agit donc de l’éducation et de l’enseignement, du fait qu’on généralise la scolarisation.
La quatrième source de recrutement des fonctionnaires est la Justice. On pense qu’en matière d’accélération du travail des tribunaux, il y a encore à faire.
Enfin, le secteur de la santé a besoin qu’on y renforce les recrutements, notamment dans les hôpitaux et les dispensaires.
Nous pensons, avec tout le besoin qu’il y a, créer 20.000 postes par an. Entre temps, il y a des gens qui partent à la retraite et dont le salaire est payé par les caisses de retraite et non par les 10% du PIB. Je pense qu’il faut tenir compte de cela.
✔ F. N. H. : Qu’en est-il des 150.000 autres emplois qui devraient être créés au niveau du secteur privé ?
✔ A. D. : Sur ce volet-là, on peut schématiser le programme de l’Istiqlal en trois pans. Le premier est celui de l’investissement du secteur public qui crée de l’emploi dans le privé et qui est également une locomotive de la croissance économique. Le débat actuel est de savoir s’il faut continuer avec le pied à fond sur l’accélérateur comme on l’a été en 2001-2002, ou s’il faut lever le pied pour des raisons d’endettement. Nous disons oui, il faut garder le pied sur l’accélérateur de l’investissement public.
Le deuxième volet concerne la modification de la gouvernance des stratégies sectorielles. Nous avons un bon recul et, avec la nouvelle Constitution, un chef de gouvernement qui tranchera au quotidien les blocages inter-administration qui surviendront dans la mise en œuvre de ces stratégies. Ce changement de gouvernance va se traduire par une accélération de la mise en œuvre de ces stratégies. Et dans notre programme, nous proposons d’inclure deux grands secteurs qui n’ont pas de contrat-programme et qui marchent bien, à savoir le logement et les grands chantiers d’infrastructures pour leur donner de la visibilité. Il s’agira de leur établir des programmes décennaux pour éviter tous les parasitages administratifs qui dénotent de dysfonctionnements dans une gouvernance. On n’aimerait pas revivre le regrettable incident où le directeur des impôts avait changé la fiscalité du logement social de sa propre initiative : un an après, on a été obligé de modifier à nouveau la fiscalité pour la ramener à ce qu’elle était et redémarrer le logement social.
Le troisième axe concerne les mesures transversales d’amélioration du climat des affaires et d’appui à l’entreprise qu’il faut continuer à mener pour améliorer la croissance économique. Et tout ce qui est appui à l’entreprise prend plusieurs formes : soit des contrats de croissance, qui faisaient partie de notre programme en 2007 et que nous reconduisons; soit sous forme d’appui aux PME, ce qu’Ahmed Reda Chami fait très bien avec Imtiaz, Moussanada… qu’il faut généraliser.
Et, enfin, il y a la TPE. L’Istiqlal se considère d’ailleurs comme parti de la TPE. Pour cette catégorie de société, nous avions défendu un IS à 10% en 2007 et avions proposé un IS segmenté par tranche. Nous avons gagné ce pari à moitié, puisque la Direction générale des impôts a baissé l’IS de 30 à 15% pour les TPE, mais cet impôt n’a pas été segmenté. C’est donc une mesure mal faite qu’il faut corriger parce que, sans segmentation, cela fait tricher les gens. L’autre mesure dans ce même sillage est la simplification de la comptabilité. On a un peu échoué avec l’histoire des centres agréés de comptabilité au niveau des Chambres de commerce qui devaient tenir une comptabilité simplifiée pour les TPE… Des efforts sont encore à faire.
On propose également que les CRI aient des cellules TPE pour aider ces entités dans toutes leurs démarches, notamment pour décrocher des autorisations. J’ai lu que certains partis ont proposé de supprimer toutes les autorisations pour ce type d’entité. Personnellement, je pense que c’est précoce. Il est vrai que chaque administration a ses contraintes en matière d’autorisation, mais de là à proposer la suppression des autorisations, cela me paraît un engagement difficile à tenir.
✔ F. N. H. : Avez-vous pris en considération le problème de la dette publique qui se situe actuellement à 60% ? Cette question de la dette a posé de gros problèmes en Europe, notamment en France…
✔ A. D. : Leur situation est beaucoup plus complexe que la nôtre. Il n’y a pas de commune mesure. Concernant le débat sur le déficit budgétaire et le niveau de la dette, notre hypothèse est construite sur un endettement stabilisé en pourcentage du PIB. Donc, ce qui compte, ce n’est pas le déficit budgétaire, mais la dette. Elle est le résultat de ce déficit sur plusieurs années budgétaires.
Donc, l’idée est de construire des modèles qui stabilisent l’endettement en pourcentage du PIB. La dette publique du Trésor, et non des établissements publics, est à 50% du PIB et non 60%. Les 60% incluent la garantie hors bilan.
Je pense que dans un pays en voie de développement, avec une croissance de 5%, un déficit budgétaire de 4% par an maintient la dette à 50%. Je vous rappelle que quand j’ai quitté le gouvernement en 2007, cette dette était de 47%. Je félicite d’ailleurs le gouvernement actuel d’avoir fait, en pleine période de crise, que la dette ne soit montée que de 47 à 50% du PIB.
Nous sommes un pays en voie de développement. Notre croissance est rapide, et du coup la dette variant entre
47 à 50% est soutenable et remboursable. Mais l’équation ne marche pas quand on a une croissance lente, où il faudra avoir une dette n’excédant pas les 20%.
De plus, la dette est en Dirhams, ce qui est en plus très confortable pour le gouvernement, puisque cela lui donne plus de flexibilité sur la valeur de la monnaie.
✔ F. N. H. : Mais, quelle politique de change faut-il prévoir justement vu que notre panier est essentiellement ancré à l’Europe ?
✔ A. D. : Il faut constater qu’on a pris cinq ans de retard dans la construction des grands métiers mondiaux exportateurs du Maroc. On a signé l’ALE avec l’UE en 2000, suite à l’initiative politique de Feu Hassan II en 1996. L’ALE est entré en vigueur en 2002. Or, nous avions de 1996 à 2002 pour rédiger le Plan Emergence et la Vision 2010 pour le tourisme. Cette dernière a été rédigée et SM le Roi Mohammed VI l’a parrainée, et il en a fait une vision nationale en janvier 2001. Par contre, pour le Plan Emergence, il a fallu attendre jusqu’en 2004 pour le voir lancé afin de supporter le choc du libre-échange avec l’Union européenne. Donc, ces cinq ans, on les paye aujourd’hui dans la balance des paiements. Ainsi, au lieu d’exporter 300 milliards de DH, on n’exporte que 200. On court derrière une cinquantaine de milliards de DH de gap qui symbolisent ce retard et ça aurait pu être le double n’eut été le transfert d’épargne formidable des MRE.
Ces 50 Mds de DH qui manquent à l’appel mettent en danger notre politique de change, puisque nous avons enlevé les barrières douanières en ayant un Dirham qui est resté ancré à l’Euro, comme si nous avions une grande capacité d’exportation. Et c’est le grand défi économique qui nous attend !
✔ F. N. H. : Comment le résoudre dès lors ?
✔ A. D. : Il faut serrer les dents et se concentrer sur Emergence et la Vision 2020 du tourisme, en mettant toute l’énergie nécessaire pour développer les ressources humaines, les budgets, les infrastructures… y afférents.
✔ F. N. H. : Vous avez dit que le parti avait pour ambition une meilleure redistribution des richesses. Comment pensez-vous vous y prendre ?
✔ A. D. : Nous sommes dans une période particulière où il faut se concentrer sur la redistribution des richesses et la lutte contre la pauvreté. Comme premier élément de réponse à cette question, la Caisse de compensation. Nous avons commencé à mettre en place des mesures de restitution des subventions mal ciblées.
Ainsi, nous avons fixé une tranche d’électricité pour les hauts revenus, ceux qui consomment le plus d’électricité, par laquelle ils remboursent une partie de la subvention donnée à l’ONE. Deuxième axe de restitution : la reconversion de la centrale à fioul subventionnée par l’Etat au charbon, ce dernier n’étant pas subventionné. Et des appels d’offres sont en cours … La conversion des centrales permettra au fur et à mesure de réduire de 3 à 4 milliards de DH de fioul destinés à l’ONE. Sur le diesel à la pompe, donc pour les particuliers, il peut être restitué facilement par le biais de la vignette ou de la taxe annuelle sur les voitures elles-mêmes qui sera fixée par estimation de la consommation et du prix de la voiture.
Les mesures entreprises dans ce processus de restitution ont permis, en solde net pour l’Etat, de plafonner les dépenses de la compensation autour de 2% du PIB. Donc, quelque 20 milliards sont collectés pour ramener l’enveloppe allouée à la Caisse à 20/25 milliards de DH.
✔ F. N. H. : Qu’en est-il du ciblage de l’aide ?
✔ A. D. : La vraie réforme n’est pas la restitution, mais le ciblage. A l’instar du modèle brésilien, il faut octroyer une aide ciblée et conditionnée bien évidemment. Pour cette contrepartie, au Maroc, nous avons démarré deux programmes : d’abord, Tayssir, lancé il y a deux ans (où la condition de l’aide est la production du certificat de scolarité de l’enfant) et qui profite à 600.000 élèves, dont 60% issus du milieu rural. Il y a ensuite un deuxième programme qui est prêt (Riya) avec deux conditions : que les femmes n’accouchent pas à la maison et que l’enfant ait un carnet de vaccination jusqu’à 5 ou 6 ans. Cela permettra d’améliorer les indicateurs sociaux du Maroc…
✔ F. N. H. : A combien s’élève cette aide directe par type de programme ?
✔ A. D. : En général, c’est entre 100 et 200 DH par enfant et par mois. Avec un objectif visé par Tayssir et Riya de trois millions d’enfants, soit une enveloppe globale d’environ trois milliards de DH par an.
✔ F. N. H. : Comment mesurer par la suite l’efficacité de ces mesures dans la redistribution des richesses ?
✔ A. D. : Pour globaliser cette approche de redistribution des richesses, nous nous sommes dit qu’il nous fallait un indicateur unique de lutte contre la pauvreté et nous avons proposé de créer un Fonds national pour la solidarité qui va avoir «trois plus une» sources de financement différentes. Je m’explique.
Ce fonds sera l’entonnoir de tous les budgets alloués aux différents bras de l’Administration qui se battent contre la pauvreté et les diffuse par la suite à l’ADS, à l’Entraide nationale, ainsi qu’aux différents programmes sociaux comme Tayssir. Il sera doté d’un budget d’environ
7,5 milliards par an.
Cela permet de s’assurer que les programmes sont coordonnés, compatibles, qu’il y a une couverture territoriale adéquate, et qu’il n’y a pas de doublon. Cela se traduit par une rationalisation des dépenses. Je vous rappelle aussi qu’il y a l’INDH.
La deuxième étape dans la démarche de l’Istiqlal est d’élargir les ressources allouées. D’où les «trois plus une» sources de financement. Les trois premières concernent trois impôts nouveaux et qui sont des taxes affectées à ce fonds. Et la quatrième source est l’ouverture à la solidarité nationale et aux dons moyennant des campagnes régulières pour vulgariser le travail de ce fonds.
✔ F. N. H. : Qu’en est-il des trois nouvelles taxes ?
✔ A. D. : La première sera une contribution des très hauts revenus. Nous sommes contre les impôts sur les stocks non liquides et non mobilisables. Nous pensons à la catégorie qui perçoit autour de 100.000 DH par mois, avec une taxation entre 3 et 5%. Rien n’est arrêté; des simulations peuvent être faites si cette mesure devait entrer en vigueur. En tout cas, on vise 300 millions de DH avec ce nouvel impôt. Ensuite, la deuxième taxe serait celle appliquée à la consommation des produits de luxe. Une sorte de TIC expliquée comme effort de solidarité et je suis sûr que les gens la paieront. Enfin, le troisième impôt serait une sorte de surtaxe à la revente des terrains nus. Aujourd’hui, cette opération de vente est taxée à la TPI avec un abattement sur la durée de détention.
Donc, quatre sources de financement différentes en plus du budget de l’Etat, cela fera les 7,5 milliards de DH précités, hors INDH.
✔ F. N. H. : Les partis, en général, s’engagent mais peu tiennent toutes leurs promesses une fois arrivés au pouvoir. Et on évoque souvent comme obstacle un système électoral qui ne laisse pas émerger une vraie majorité. Du coup, personne ne mène vraiment le programme de son parti…
✔ A. D. : Nous sommes sûrs que la nouvelle Constitution, avec les attributions qu’elle octroie au chef du gouvernement, va lui permettre de piloter l’économie et donc de gagner des points de croissance nette. Rappelons à juste titre que la nouvelle Constitution prévoit que le chef de gouvernement sera choisi par le Roi au sein du parti arrivé premier aux législatives.
Par contre, la loi électorale que nous avons faite est une loi gentille, de consensus, pour que tout le monde ait une place au Parlement, en abaissant le seuil de participation électoral de 6 à 3% dans la liste nationale, et on l’a maintenu à 6% dans les circonscriptions. Ça va donc aboutir à un Parlement éclaté et pour former un gouvernement qui tienne la route et qui soit cohérent, cela sera plus difficile encore.
De ce fait, dans l’axe de gouvernance de notre programme, nous avons prévu, en cas de victoire, de faire signer un contrat public de majorité : c’est-à-dire que si un parti entre dans le gouvernement, il s’engage à respecter nos engagements ! ■
Propos recueillis par Imane Bouhrara