L’immobilier, les travaux publics et l’industrie impactés.
Le renchérissement des coûts de production réduit davantage la visibilité des entreprises.
Par C. Jaidani
La flambée des prix touche depuis un certain temps le secteur des matériaux de construction. Elle a commencé depuis le deuxième semestre de l’année 2020, soit avec la reprise de l’activité économique. Depuis cette date, cette situation semble perdurer.
La hausse des prix est comprise entre 15 et 50%, et touche pratiquement tous les produits. Parmi les secteurs les plus impactés, figurent en particulier l’immobilier, les travaux publics ou encore l’industrie. Certains produits ont atteint des hausses importantes en un laps de temps réduit. C’est le cas par exemple de l’acier, produit le plus utilisé dans les chantiers, dont le prix est passé de 6,20 DH/kilo à 9,30 DH/kilo, soit un bond de 50% par rapport à la période d’avant Covid-19. L’aluminium enregistre une flambée de 23%; le bois 25%, le PVC 20% et la peinture 18%.
Le prix du ciment n’a que légèrement augmenté, mais il devrait être rapidement rattrapé par cette flambée sous l’effet de la hausse du prix du clinker, principal composant dans la fabrication du produit. Le verre a vu son prix quasiment doubler et les distributeurs trouvent des difficultés pour gérer leurs stocks. Du côté de la Fédération marocaine des matériaux de construction (FMC), on explique cette flambée par le renchérissement de la matière première, qui est le plus souvent importée de l’international.
La reprise a entraîné une forte demande et, du coup, les producteurs ont voulu constituer un stock de sécurité pour avoir de la visibilité pour les mois à venir. La hausse du coût du transport et du fret a également contribué au renchérissement des prix. Sous l’effet de la relance de l’économie mondiale, tout laisse présager que cette hausse devrait se poursuivre. Face à ce constat, plusieurs professionnels des secteurs touchés sont perplexes. L’augmentation des prix des matériaux de construction devrait davantage impacter leurs activités.
«Face à un marasme persistant, plusieurs promoteurs ont consenti beaucoup d’effort pour réduire leurs prix de vente et écouler leurs stocks. Sous la pression des banques et autres créanciers, certains ont même sacrifié leur marge afin d’assurer la survie de leur activité. Les matériaux de construction représentent entre 25 à 35% des coûts des projets. Leur flambée risque de peser lourdement sur le secteur», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier. «Pour rester compétitifs, les promoteurs devront faire des choix difficiles. Il est possible que certains d’entre eux tirent vers le bas le niveau de la qualité pour maîtriser les coûts, et ce en dépit de la concurrence acharnée qui existe dans l’activité, ou bien réduire les mises en chantier», précise Alaoui. Même son de cloche chez les promoteurs immobiliers qui devront supporter de nouvelles charges qui risquent de s’inscrire dans la durée.
«Nous sommes déjà pénalisés par les conditions défavorables du marché. Avec le surcoût lié aux matériaux de construction et la résistance des prix du foncier, il est difficile de rester compétitif, surtout que la conjoncture est contraignante. L’instabilité des prix rend compliquée une évaluation des coûts de production», souligne Mohamed Regragui, promoteur à Casablanca. Pour les entreprises industrielles et de travaux publics, les projections deviennent difficiles. La réalisation d’un devis est de plus en plus compliquée et la marge d’erreur est très importante. Une évaluation plus élevée risque de dissuader les clients ou réduire les chances de décrocher un appel d’offres. A contrario, celle ne prenant pas en considération la fluctuation des cours risque d’engendrer des pertes.