Marchés émergents : comment attirer les investisseurs étrangers

Marchés émergents : comment attirer les investisseurs étrangers

Les économies d’Afrique souffrent d’une fragmentation économique et réglementaire qui rend leurs marchés peu attractifs. Des pistes pour y remédier.

 

Par A.H & Y.S

Le sujet était débattu lors d’un panel à l’occasion des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, en présence de Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC). Cette rencontre a connu la participation de Mokhtar Diop, DG de la Société financière internationale (SFI), et de banquiers de UBS Asset management et JPMorgan. L'un des éléments fondamentaux pour attirer les investisseurs étrangers est la stabilité politique et économique.

C’est sans doute le point le plus cité par les experts. Les investisseurs cherchent des marchés où leurs investissements sont en sécurité et où les règles du jeu ne changent pas brusquement. Les gouvernements des marchés émergents doivent donc s'efforcer de maintenir un climat politique stable et prévisible. Cela inclut la garantie des droits de propriété, la protection des investissements étrangers et la lutte contre la corruption. Le risque de change et le risque fiscal sont également à neutraliser pour attirer les investisseurs. Pour Mokhtar Diop, les petites économies sont de vrais défis pour les investisseurs étrangers à cause de la fragmentation des investissements et la faible taille des opérations proposées, qui réduisent la rentabilité des investissements.

A ce titre, la SFI a développé une plateforme de levée de fonds pour mutualiser les projets proposés aux investisseurs. En plus de ces freins, J.P Morgan pointe du doigt le faible nombre de projets bancables susceptibles d’attirer les grands investisseurs et les garder longtemps. La banque US a développé une approche institutionnelle des marchés émergents qui se base sur les mêmes approches des institutions financières, type FMI et Banque mondiale. Cela a permis de mobiliser 75 investisseurs dans des fonds dédiés qui ne demandent qu’à être investis. Mais le groupe peine à trouver des projets qui répondent aux critères de rentabilité, de durabilité et d’impact. Car oui, c’est une tendance lourde avec laquelle nos économies émergentes vont devoir composer  : le rendement financier n’est pas le seul critère d’investissement des étrangers. L’Afrique gagnerait, selon les panelistes, à réfléchir en écosystèmes en unissant les réglementations dans certains secteurs, en soutenant les partenariats publics-privés et en présentant des investissements à impact. Mais attention, il ne s’agit pas juste de «verdir» les projets pour les vendre. L’autre défi est de présenter des projets de grande taille pour amortir les coûts et faire de l’effet de levier.

Le plaidoyer de Nezha Hayat

Pour la présidente de l’AMMC, la réglementation est essentielle pour apporter les capitaux privés et les réconforter dans leurs décisions. «Nous, régulateurs, ne pouvons pas jouer seulement un rôle de surveillant. Nous devons mettre en place un cadre plus large et évolutif pour rendre les marchés plus attractifs», a-t-elle expliqué. «Nous devons continuer à mettre en place des normes internationales déclinées en fonction de l’économie marocaine en matière de qualité de l’information, de produits dont les dérivés sont espérés pour l’année prochaine…. Nous avons un marché dynamique des OPCVM dont nous sommes en train de modifier la réglementation, le Private equity se développe ainsi que d’autres instruments…».

Nezha Hayat a évoqué l’importance d’avoir suffisamment de souplesse pour le développement des PME sur le marché boursier. Et d’expliquer qu’il faut être capable de prévoir la régulation, et non seulement réagir. Elle s’est également prononcée pour une intégration régionale pour attirer les investisseurs  : «nous devons assurer une intégration des Bourses. Pas par des fusions, mais en harmonisant les réglementations», tout en rappelant le projet en cours pour interconnecter plusieurs Bourses africaines.

Rallier les marchés à la cause du développement durable

«Le financement durable est une priorité pour l’autorité depuis que je suis en poste. Cela a coïncidé avec la COP22 de Marrakech. Notre contribution a été d’encourager les émetteurs d’obligations vertes avec l’aide de la SFI. Nous avons ensuite rendu obligatoires les rapports ESG et nous maintenons nos ambitions pour que le marché des capitaux reste un outil privilégié de développement durable», a déclaré la présidente de l’Autorité.

 

 

 

 

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