Elles font une concurrence déloyale aux entreprises organisées.
Les produits transformés et exportés sont très peu valorisés.
Par C. Jaidani
Depuis quelques années, le marché de la ferraille (acier, cuivre, laiton, aluminium, zinc…) connaît un essor remarquable. Les produits récupérés sont considérés comme une matière première à bon marché permettant de réduire les coûts de production. L’amont de l’activité est fortement dominé par l’informel.
Et même au niveau de l’aval, des unités non organisées y opèrent, créant un effet pervers sur les entreprises structurées. Regroupés autour de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), les professionnels du secteur sont montés au créneau pour dénoncer la concurrence déloyale de ces unités qui, pour la plupart, ne respectent aucune réglementation en vigueur tant au niveau fiscal, de la législation du travail que de l’environnement. Ils ont mis en exergue l’effet néfaste de ces exportations sur les activités formelles à forte valeur ajoutée et sur l’artisanat utilisant ces produits.
La Fédération a adressé depuis décembre 2020 une correspondance au département de l’Industrie et du Commerce, l’invitant à intervenir pour mettre un terme à cette situation. Depuis cette date, plusieurs réunions ont été organisées à ce sujet regroupant le département tutelle, celui de l’Intérieur et la douane. En effet, la FIMME fait état d’une prolifération des unités informelles de transformation des déchets et de leur recyclage notamment à Casablanca, Marrakech et Tanger, et ce depuis l’entrée effective des mesures de restriction de l’exportation des déchets de laiton et de cuivre. Ces unités sobrement équipées produisent le lingot de laiton ayant très peu de valeur ajoutée.
De ce fait, elles font une concurrence déloyale aux unités structurées qui ne peuvent accéder aux produits de la ferraille à bon marché, les mettant en difficulté, avec des risques sur leurs investissements et les emplois. «Le préjudice est porté également à l’économie nationale du fait que l’impact est notoire sur la balance commerciale et les avoirs en devises», souligne-t-on auprès de la FIMME. Il faut noter aussi que ces activités ne sont pas en harmonie avec la stratégie nationale industrielle, qui vise un strict respect de la réglementation, notamment le volet lié à l’environnement.
En effet, ces opérateurs sont le plus souvent installés dans des sites non autorisés et occasionnent des nuisances (odeur, encombrement sur la route par les charrettes, stockage des déchets à l’extérieur de sites…). Pour faire face à ce phénomène, la FIMME appelle les autorités à renforcer le contrôle et à imposer le certificat d’acceptabilité environnemental comme document nécessaire à toute opération d’exportation. Il est à rappeler que l’activité de recyclage des déchets de métaux est une chaîne très longue. Elle commence par le tri et la récupération, qui se font le plus souvent dans les unités industrielles et, dans une moindre mesure, dans les décharges et autres poubelles ménagères.
Les conditions de travail sont difficiles tant sur le plan sanitaire que sur le plan technique, avec une quasi absence des règles d’hygiène et de sécurité. Sur le plan économique, la filière permet de valoriser un grand nombre de déchets. Les récupérateurs informels, notamment les éboueurs, sont actuellement les seuls à collecter ces déchets. Ensuite, on trouve les intermédiaires qui sont soit des détaillants ou des grossistes et qui, eux aussi, procèdent à un nouveau tri pour le vendre aux broyeurs et aux transformateurs. L’activité de recyclage des métaux obéit au même circuit que celui existant pour le plastique, le carton ou le bois, à la différence qu’elle génère plus de marge.