◆ Le nouveau produit doit être en phase avec l’environnement socioéconomique des ménages marocains.
◆ Le département de tutelle a commandé une étude à la Banque mondiale pour lancer une nouvelle loi.
Par C. Jaidani
Le programme de soutien au logement social, qui a bénéficié d’une prolongation pour l’année 2021, arrive à son terme. Il est donc temps de penser à un nouveau concept en phase avec l’environnement actuel du Maroc. La question interpelle la classe politique, le gouvernement et les opérateurs du secteur.
En dépit de quelques lacunes, le système a permis à des milliers de Marocains d’accéder à l’habitat, tout en étant aussi un levier de développement pour le secteur avec des effets d’entraînement sur de multiples activités. En effet, depuis son entrée en vigueur, le programme a permis de réduire de 80% le déficit en logements, passant de 200.000 seulement à 1,2 million d’unités.
«Le marché est presque équilibré. Le partenariat public-privé a donné des résultats encourageants. C’est un mécanisme profitable. Mais il faut lancer une étude d’évaluation pour en tirer les conclusions. L’étude commandée par le ministère de l’Aménagement du territoire à la Banque mondiale et qui a été confiée à un cabinet international, n’a pas abouti à cause du manque de données fiables», souligne Driss Effina, économiste et expert en immobilier.
Et de poursuivre que «l’approche basée sur le nombre de logements construits, privilégiée pour résorber le déficit en logements, est dépassée. Il est temps d’opter pour une nouvelle approche plus innovante». Si un nouveau concept doit être établi, il doit prendre en considé-ration la qualité. Des études ont montré qu’un acquéreur dépense en moyenne entre 30.000 et 100.000 DH sur son logement social pour le rendre habitable. Ce sont en quelque sorte des habitats semi-finis.
La priorité doit être accordée à l’amélioration des services publics, des équipements de base et aussi des espaces verts. Il est recommandé aussi d’utiliser des matériaux écologiques assurant l‘efficacité énergétique. Plusieurs promoteurs et opérateurs du marché de l’immobilier estiment que le segment du logement social doit prendre en considération l’évolution de la famille marocaine, qui devient de plus en plus urbanisée. «La structure démographique au Maroc a beaucoup changé. Le nombre de personnes par ménage se rétrécit. Les ménages sont constitués de plus en plus de divorcés, de veufs, de personnes cé-libataires qui n’ont pas besoin de logement à 50 m2. Il est donc nécessaire d’adapter le concept avec ce constat», explique Effina.
Selon l’expert, le département de tutelle a commandé une étude à la Banque mondiale afin de concevoir une nouvelle loi sur le logement social. «Cette étude aurait dû l’être auprès des cabinets marocains et réalisée par des compétences locales qui connaissent parfaitement le marché. D’ailleurs, la Banque mondiale va sous-traiter une bonne partie de cette étude auprès des cabinets marocains», déplore Effina. Par ailleurs, il faut noter que les conclusions de cette étude seront les éléments de base pour lancer une nouvelle offre de logement social.