Location de voiture : «Nous plaidons pour un nouveau cahier des charges»

Location de voiture : «Nous plaidons pour un nouveau cahier des charges»

Boosté par le retour massif des touristes mais fragilisé par les nouvelles contraintes réglementaires, le secteur cherche son modèle. Tarik Dbilij, président de la Fédération des loueurs automobiles sans chauffeur au Maroc (FLASCAM), analyse les tendances, les risques et les pistes de restructuration.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Comment se présente l’année 2025 pour votre activité ? L’essor du tourisme a-t-il eu un impact ?

Tarik Dbilij : 2025 est une bonne année. La dynamique touristique profite clairement à l’ensemble des professionnels du secteur, particulièrement dans les villes à forte vocation touristique. En plus de la hausse de la demande émanant des visiteurs étrangers, nous constatons également une reprise marquée de la clientèle nationale.

 

F. N. H. : Quel a été l’impact du nouveau cahier des charges sur votre activité ?

T. D. : Ce nouveau cahier des charges n’a pas produit les effets attendus. Au contraire, il a freiné la création de nouvelles agences de location. Il a même engendré un phénomène inédit : certains loueurs peu scrupuleux déclarent leur entreprise en cessation de paiement pour en ouvrir une nouvelle sous une autre appellation. Ils ne respectent ni leurs engagements vis-à-vis des banques, ni de l’administration fiscale, ni de leurs fournisseurs. Résultat : seuls 2% des loueurs restent réellement actifs sur le marché automobile. Les grandes structures vont se renforcer, tandis que les plus petites vont s’affaiblir davantage. Beaucoup d’entreprises ne sont pas en mesure d’appliquer les exigences du cahier des charges. Certes, l’échéance est fixée au 31 décembre, mais la majorité ne pourra pas s’y conformer. Nous plaidons donc pour un nouveau cahier des charges qui intégrerait nos recommandations afin d’amorcer une véritable restructuration du secteur. Le ministère de tutelle demeure à l’écoute de nos observations.

 

F. N. H. : Les professionnels du secteur soutiennent-ils les efforts du Royaume en matière de transition énergétique ?

T. D. : De plus en plus d’opérateurs intègrent des véhicules électriques ou hybrides dans leurs flottes. Au sein de la Flascam, nous défendons une mobilité sans émission de CO2. De nombreuses agences se sont déjà équipées de bornes de recharge. Pour encourager davantage l’adoption de ces véhicules, nous demandons la mise en place de mesures incitatives, tant réglementaires que fiscales, à l’image de ce qui se pratique dans d’autres pays.

 

F. N. H. : L’automobiliste marocain peut-il, selon vous, privilégier la location plutôt que l’achat ?

T. D. : Malheureusement non. Au Maroc, la voiture reste un symbole de statut social et un capital, notamment pour les particuliers. En revanche, les entreprises commencent à privilégier la location, car elle leur offre une meilleure maîtrise du budget mobilité.

 

F. N. H. : Les loueurs de voitures sont un acteur majeur du marché automobile. Comment jugezvous son évolution ?

T. D. : Les loueurs constituent le premier acheteur de véhicules dans le Royaume. Ils représentent 30% des ventes et, pour certaines marques, jusqu’à 64%. Leur poids est déterminant dans le secteur. D’ici la fin 2025, nous espérons atteindre un taux d’achat global de 55%.

 

F. N. H. : Quel regard portez-vous sur l’arrivée importante de marques chinoises sur le marché marocain ?

T. D. : Les marques chinoises apportent une réelle valeur ajoutée au marché marocain. Leur image dépend toutefois fortement du travail de leurs distributeurs. Le service aprèsvente constitue un élément différenciateur essentiel pour les clients, notamment en ce qui concerne la disponibilité des pièces de rechange et la compétitivité des prestations, tant au niveau de la qualité du service que de la politique tarifaire.

 

 

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