Location automobile: «Après un bon premier semestre 2023, manque de visibilité pour le deuxième»

Location automobile: «Après un bon premier semestre 2023, manque de visibilité pour le deuxième»

Le secteur atteint un taux de récupération de 89%, mais le carnet de commandes pour les mois à venir n’est pas assez satisfaisant.

Hausse du prix d’achat des véhicules, alors que les marges sont restées stagnantes.

Entretien avec Tarik Dbilij, président de la Fédération des entreprises de location automobile sans chauffeurs au Maroc.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : La location de voitures figure parmi les activités les plus impactées par la pandémie. Comment la situation se présente-t-elle actuellement ?

Tarik Dbilij : Le premier semestre 2023 s’est déroulé dans de bonnes conditions. D’après les échos recueillis auprès des membres de notre fédération, quasiment tous les loueurs de voitures ont connu une hausse de leur activité par rapport à la même période de 2022. Un constat qui concerne également toutes les régions, particulièrement les zones touristiques. La relance du tourisme qui a démarré depuis 2022 avec la levée des restrictions sur la mobilité a eu un effet favorable sur notre secteur. Nous avons atteint un taux de récupération de 89% par rapport à 2019, année de référence. Malheureusement, le deuxième semestre a démarré mal et le carnet de commandes n’est pas satisfaisant. La période de l’Aïd Al-Adha n’a pas connu l’engouement escompté, y compris pour la semaine d’après. Les réservations pour le mois de juillet et août laissent à désirer. A cause de la hausse des prix des billets d’avion, la plupart des MRE ont choisi leurs propres voitures pour faire le retour. Pour d’autres, les problématiques existantes en Europe, notamment en France, les ont dissuadés de voyager pour le moment au Maroc craignant que leurs logements soient squattés.

 

F.N.H. : Quels sont les enseignements que vous avez tirés de la crise sanitaire ?

T. D. : En tant que Fédération, nous avons travaillé avec les gérants de société pour leur montrer comment calculer le taux d’endettement ou le seuil de rentabilité. Malheureusement, nous avons un déficit au niveau du capital humain. Les gérants ne maîtrisent pas la gestion d’entreprise car le cahier des charges ne stipule pas l’obligation d’avoir un certain niveau en management. Lors de la pandémie, les agences de location de voitures ont perdu leurs fonds propres et, avec l’endettement et l’absence de clientèle, elles sont devenues très vulnérables. Nous ne voulons pas que ce scénario se répète. Il est donc primordial d’éviter le surendettement. Les phénomènes exogènes qui peuvent ‘bousculer’ notre activité existent toujours, comme la guerre Russie-Ukraine. Des foyers de Covid sont apparus dernièrement en Chine et le pays a dû fermer de nouveau les frontières.

 

F.N.H. : Le marché de l’automobile a connu des difficultés d’approvisionnement en véhicules à cause de la crise des semi-conducteurs. Quel a été l’effet sur les loueurs ?

T. D. : L’indisponibilité des véhicules a eu un effet négatif sur notre activité. Les prix ont nettement augmenté, et cette hausse a concerné toutes les marques. Pour certains modèles, elle est devenue dissuasive. Les loueurs étaient obligés d’acheter ce qui est disponible. Le coût d’acquisition étant devenu plus cher, nous n’avons pas pu, par contre, répercuter cette hausse sur les tarifs de la location. Du coup, nos marges ont été fortement pénalisées. Le problème d’approvisionnement en véhicules persiste toujours, alors que nous sommes obligés de renouveler nos véhicules tous les cinq ans.

 

F.N.H. : Quid du cahier des charges. Comment se déroulent les discussions avec le gouvernement  à ce sujet ?

T. D. : Depuis 2021, nous travaillons sur le cahier des charges. Nous sommes arrivés, un moment donné, à un terrain d’entente avec le département du Transport. Mais à la dernière minute, le ministre a rejeté tout le travail que nous avons accompli pendant deux ans, arguant qu’il veut libéraliser le secteur sans pour autant exiger une assise financière et d’autres conditions pour protéger l’activité. Parmi nos revendications, figure la hausse du capital de l’entreprise de location de voitures afin d’éviter le surendettement et les faillites. Pour professionnaliser le secteur, il faut que certaines règles soient respectées. Comment accepter des entreprises qui ne déclarent pas leurs employés à la CNSS ou qui pratiquent des méthodes informelles  ? Ces entités livrent une concurrence déloyale aux entreprises dûment organisées. 

 

 

 

 

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