Depuis plus de 3 ans, les collectivités locales connaissent des mouvements de grève.
Éclairage avec Abdelhamid Fathi, adjoint du secrétaire général de la Fédération Démocratique du Travail (FDT), sur les causes de ces multiples grèves et de leurs conséquences sur l’économie.
* Finances News Hebdo : Les collectivités locales sont en grève depuis bien longtemps. Quand ces mouvements ont-ils commencé ?
* Abdelhamid Fathi : Ces 3 ou 4 dernières années ont connu une série de grèves dans les collectivités locales, soit décrétées par un syndicat unilatéralement, soit dans le cadre de la coordination entre diverses formations syndicales.
Ces grèves sont devenues une donnée constante dans la vie quotidienne des citoyens, sans que les négociations qui ont eu lieu à différentes étapes n’arrivent à mettre fin à ces mouvements de protestation.
* F. N. H. : Quelles sont les causes de ces grèves et quelles sont les revendications des fonctionnaires ?
* A. F. : Le statut particulier des fonctionnaires des collectivités locales, en tant que revendication représente la pierre angulaire du cahier revendicatif, sachant que le principe du statut ne fait plus l’objet de différend entre les syndicats et les pouvoirs publics, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur; mais les négociations sur le contenu n’ont pas encore abouti.
S’ajoute à cela la non-concrétisation de la fondation des œuvres sociales qui a fait l’objet d’un accord et qui n’a pas encore vu le jour.
Aussi, le retard considérable qu’a cumulé la promotion interne des fonctionnaires et qui a atteint pour certaines collectivités 20 ans, suscite un grand malaise chez cette frange de fonctionnaires. Et n’oublions pas les conditions de travail pénibles et insalubres qui constituent une partie importante du cahier revendicatif.
* F. N. H. : Quelle est la problématique du statut des fonctionnaires ?
* A. F. : Bien que les syndicats et le ministère de l’Intérieur soient arrivés à se mettre d’accord sur l’adoption d’un statut particulier, les négociations entreprises à ce sujet n’ont pas pu intégrer les particularités du secteur qui ne sont pas similaires à ce qui se passe dans la fonction publique. Ceci, d’une part.
D’autre part, les négociations se sont heurtées à l’autonomie financière des collectivités locales et leur incapacité à satisfaire les doléances des syndicats, surtout dans le monde rural où les budgets des collectivités sont en-dessous du minimum exigé pour assurer la continuité du service public.
* F. N. H. : Quels sont les enjeux de ces grèves pour l’économie marocaine?
* A. F. : Certes, celui qui va subir les conséquences directes c’est le citoyen, soit en tant qu’usager, soit en tant qu’investisseur. Et de ce fait, l’économie marocaine est affectée injustement, ce qui aura pour conséquences le ralentissement et la fuite des investissements, et nuira de façon considérable à la dynamique interne de l’économie marocaine.
Propos recueillis par Lamiae Boumahrou