- Une croissance économique ralentie à 3% en 2018, selon l’institution.
- Le modèle de croissance du Maroc montre des signes de faiblesse.
- Une réforme fiscale globale est préconisée
Dans son rapport de suivi sur la situation économique de la région MENA publié très récemment, la Banque mondiale en a remis une couche sur le modèle de croissance du Maroc, qui montrerait des signes évidents de faiblesse.
Plus concrètement, l’institution de Bretton Woods estime que le modèle de croissance actuel du Royaume, fondé essentiellement sur la demande intérieure, et en particulier sur l’investissement public, s’essouffle.
Elle recommande ainsi au pays de s’orienter vers «un modèle économique davantage axé sur les exportations», et dans lequel le secteur privé jouera un rôle autrement plus important en tant que promoteur de la croissance et de l’emploi.
La note consacrée au Maroc pointe une nouvelle fois du doigt les lacunes dont pâtit l’environnement économique national, au premier rang desquelles on retrouve l’incapacité de la croissance à créer suffisamment d’emplois.
Avec une population en âge de travailler en augmentation de 300.000 par an, la création d'emplois reste «insuffisante» et tourne autour de 129.000 postes annuellement.
Le taux de chômage chez les jeunes connaît par ailleurs une progression inquiétante, passant de 31,3% en 2010 à 41% en 2016. Une situation qui est due selon la BM à la «lenteur de la création d’emplois».
«La persistance des vulnérabilités et le manque d’inclusion continuent d’être les principaux défis que doit surmonter l’économie marocaine», estime l’institution. Celle-ci souligne que cette situation est étroitement liée à «l’absence d’un marché inclusif, aux défaillances de la gouvernance du secteur public et au manque de formation du capital humain et des possibilités de trouver des emplois productifs ou de monter des entreprises dans des zones urbaines».
Réforme fiscale globale
Pour 2018, les projections de croissance de la Banque mondiale sont légèrement moins optimistes que celles de Bank Al-Maghrib (BAM), puisque le taux de croissance du PIB n’atteindra que 3% en 2018 (3,3% pour BAM), et ce malgré les dernières pluies abondantes mais tardives.
Ainsi, la production céréalière devrait retomber à son niveau moyen tandis que le taux de croissance du PIB non agricole ne connaitra pas de substantielles progressions puisqu’il demeurera de l’ordre de 3%, en l’absence de réformes structurelles plus décisives.
Côté finance publique, les économistes de la BM tablent sur un déficit budgétaire à 3,3% du PIB à la fin de l’année 2018, dans le droit fil de l’engagement pris par l’État de le ramener à 3% du PIB d’ici 2019-2021 et de limiter la dette du Trésor à 60% du PIB d’ici 2021.
Pour atteindre cet objectif, l’institution de Bretton Woods n’a pas manqué d’émettre ses propres recommandations, appelant notamment à procéder à une grande réforme fiscale : «Il conviendrait que les autorités procèdent à une réforme fiscale généralisée, en prenant notamment des mesures pour réduire les exemptions fiscales, et renforcer le recouvrement des contributions fiscales des personnes travaillant pour leur propre compte et des membres des professions libérales, et qu’elles améliorent la gestion des investissements publics».
La Banque mondiale préconise également, ou surtout, d’alléger la fiscalité sur les sociétés à travers une baisse des taux d’imposition.
Région MENA : Enfin la reprise ?
Du mieux pour les pays de la région MENA. Après des années de vaches maigres, en lien avec les nombreux bouleversements que connaissent plusieurs pays de la région, le ciel s’éclaircit quelque peu. La croissance dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord devrait atteindre 3,1% en 2018, contre 2% en 2017, selon la même étude de la BM, qui fait état d'une reprise économique, qui s’annonce «générale et diversifiée, et devrait bénéficier d’une conjoncture économique mondiale favorable».
D'autres facteurs devraient contribuer à cette reprise, à savoir la stabilisation du marché pétrolier en lien avec une légère remontée des prix, et les perspectives de reconstruction post-conflits.
Du fait des bonnes performances des pays du Conseil de coopération du Golfe, les exportateurs de pétrole pourraient enregistrer une croissance de 3% en 2018, soit le double de 2017. Entre 2018 et 2020, les importateurs de pétrole devraient eux voir leur croissance augmenter de 4% en moyenne, sous l’effet d’une hausse des envois de fonds de l’étranger, du tourisme et des exportations. ■
Y. Seddik