► Le développement de la finance verte est une volonté ancrée dans l’ADN de Crédit du Maroc.
► L’établissement bancaire, impliqué dans l’organisation du Salon E-Elec Afrique, dispose d’une large gamme de produits destinés au financement des énergies renouvelables.
► Entretien avec Karim Diouri, membre du Directoire en charge du pôle Développement du Crédit du Maroc.
Propos recueillis par M.D
Finances News Hebdo : Que traduit l'implication du Crédit du Maroc dans l'organisation de la première édition du Salon E-Elec Afrique qui se tient dans un contexte particulier lié à la crise sanitaire du Covid-19 ?
Karim Diouri : Notre implication dans l’organisation de cette première édition du salon E-Afric Elec est tout à fait naturelle. Elle vient confirmer une nouvelle fois notre engagement dans l’accompagnement des acteurs de l’industrie électrique et électronique au Maroc, mais aussi une stratégie nationale pour le développement des énergies renouvelables et asseoir notre positionnement en tant qu’acteur de référence dans le financement des projets de développement durable.
Nous sommes résolument engagés à prendre part au développement de cette filière et nous avons ce qu’il faut : une offre complète qui s’adresse à la fois aux particuliers, aux PME, aux professionnels et aux grandes entreprises, une expertise éprouvée grâce à notre appartenance à l’un des plus grands groupes bancaires en Europe, le Groupe Crédit Agricole SA, et nous avons surtout des femmes et des hommes mobilisés au quotidien pour conseiller, guider et accompagner nos clients à mener à bien leurs projets.
Cette première édition, organisée sous un format virtuel, apporte à nouveau la preuve de la grande agilité que nous avons enregistrée lors de ce contexte difficile, incertain et surtout complexe que nous vivons depuis quelques mois maintenant. Je tiens d’ailleurs à remercier chaleureusement les équipes de l’organisation de ce salon, que ce soit du côté du Crédit du Maroc ou de celui de la FENELEC.
Je suis convaincu que nous allons avoir droit à une belle manifestation riche en échanges, débats et rencontres avec les opérateurs du secteur.
F.N.H: Quels seront les temps forts de cette manifestation continentale ainsi que les principaux enjeux ?
Karim Diouri : Cet événement sera une véritable plateforme de mise en relation pour les opérateurs, les entreprises et les intervenants dans la filière électrique, électronique et énergies renouvelables. Une véritable opportunité pour tisser des partenariats, identifier des projets prometteurs et participer à la relance économique du Royaume en accompagnant l’un des secteurs clés à fort potentiel.
Les enjeux d’une telle manifestation, pour nous, se résument en 2 points :
- Accompagner les différents acteurs de cette filière en apportant des réponses claires à leurs besoins;
- Promouvoir notre savoir-faire en tant qu’acteur économique engagé dans le financement des énergies renouvelables.
Le programme de ces 3 jours est très riche et s’articule autour de 2 grands axes principaux :
- Un premier axe de contenu scientifique avec des panels et des invités de renom qui auront la responsabilité de débattre autour du rôle des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et du financement, comme levier identifié par l’ensemble des parties prenantes de la croissance économique;
- Un 2nd axe plus opérationnel à travers des stands virtuels où les différents opérateurs peuvent prendre rendez-vous pour échanger autour de leurs besoins et des solutions proposées.
F.N.H: La finance verte se développe de plus en plus au Maroc. Comment votre établissement bancaire se positionne-t-il sur ce créneau en phase avec le développement durable ?
Karim Diouri : Le développement de la finance verte est une volonté ancrée dans l’ADN du Crédit du Maroc. Depuis 2017, le Crédit du Maroc s’est inscrit dans la lignée de la politique de sa maison-mère, le Groupe Crédit Agricole SA, en faisant le choix d’être un acteur de référence sur les financements de la transition énergétique et en intégrant cette volonté dans son plan stratégique «TAJDID 2022 ».
Le contexte national est par ailleurs très favorable. Notre pays est résolument tourné vers la transition énergétique et en a fait aujourd’hui une véritable stratégie nationale sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Rappelons-le, le Maroc vise à atteindre 42% de production d’électricité de sources renouvelables en 2021 et 52% d’ici 2030. Et les résultats sont déjà là; la première phase de la mise en œuvre de cette stratégie a donné des résultats très prometteurs, des programmes ont été mis en place pour augmenter la capacité de production d’électricité à partir de sources renouvelables d’environ 10 GW d’ici 2030.
Le Crédit du Maroc dispose aujourd’hui d’une large gamme de produits destinés au financement des énergies renouvelables. Cette offre s’adresse naturellement à l’ensemble de nos clientèles. C’est ainsi que nous retrouvons l’offre Chamsy destinée aux particuliers, une ligne Greenergy pour les PME/PMI, une offre de financement pour la grande entreprise et des offres dédiées au secteur agri-agro. Cette palette de produits a été élargie grâce à notre partenariat avec la BERD, en mettant en place une ligne de financement de 20 millions d’euros, destinée à financer des projets d’investissement en équipement permettant aux entreprises de générer des économies d’énergie.
Au-delà de l’offre de financement, nous veillons à développer d’autres leviers que nous jugeons importants pour nous inscrire dans une démarche d’excellence sur cette filière. Nous avons ainsi des contacts réguliers avec les market makers, nous développons des partenariats avec d’autres opérateurs financiers, et nos équipes spécialisées assistent régulièrement à des événements thématiques ou interviennent dans des séminaires, tables-rondes ou webinaires dédiés à des sujets autour des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
Le potentiel de développement au Maroc sur le sujet des énergies renouvelables demeure riche, surtout que son gisement solaire et éolien est l’un des plus importants au monde et qu’il est l’un des 3 pays à produire un kilowatt le moins cher au monde. A notre niveau, nous participons activement au financement de ces projets et comptons poursuivre les financements, que ce soit pour des projets d’autoconsommation ou des projets avec des contrats d’achat d’électricité, avec pour but d’accompagner la stratégie nationale dans ce domaine. Nous sommes d’ailleurs en train de finaliser actuellement le financement d’une très belle opération.
F.N.H : Le développement des énergies renouvelables, la promotion de l'économie circulaire, la réduction des émissions de CO2 ainsi que l'essor de l'efficacité énergétique au Maroc nécessitent des volumes d'investissement colossaux, estimés à plusieurs milliards de dirhams par an. En tant qu'établissement bancaire, quel regard portez-vous sur le nombre, la bancabilité et la rentabilité des projets inhérents aux domaines précités ?
Karim Diouri : Nous sommes en train d’assister à l’accélération du développement d’un véritable écosystème autour des énergies renouvelables. La stratégie nationale en la matière a permis de faire émerger une vraie filière qui ne cesse de se développer et offre un potentiel de développement très intéressant pour les entreprises qui souhaitent s’inscrire dans une démarche d’énergie propre. Ceci dit, nous sommes dans un secteur qui nécessite des volumes importants d’investissement.
La réussite d’un projet en énergie renouvelable est tributaire de plusieurs critères :
La technologie utilisée. Aujourd’hui, les technologies vertes ont fait leurs preuves et sont de plus en plus accessibles, mais il existe également des technologies très sophistiquées qui favorisent la baisse des coûts. Nous parlons aujourd’hui du concept de l’intelligence énergétique.
Le coût du financement. Les grands projets prennent essentiellement la forme de partenariat public-privé pour atteindre l’équilibre économique qui n’est pas simple à établir.
Certains projets requièrent des délais d’amortissement très longs et doivent trouver des contrats d’achat à long terme pour garantir leur financement. Aujourd’hui, même si les gisements solaires et éoliens sont particulièrement attractifs dans notre pays, la question de l’équilibre économique demeure posée et conditionne très souvent le coût du financement d’un projet. Le coût de production. La compétitivité d’un projet en énergie renouvelable est conditionnée en grande partie par les coûts de production en comparaison à ceux de l’opérateur local.
Au-delà de ces 3 critères, nous pouvons évoquer également la question du stockage, qui représente un enjeu de taille du développement du photovoltaïque, et les coûts d’intégration au réseau dans le cadre des projets raccordés.