L’intérêt croissant des grands groupes pour le digital et l’insuffisance du nombre d’ingénieurs formés annuellement au Maroc, couplés à la fuite des cerveaux, corsent davantage le recrutement des entreprises technologiques en quête de profils adaptés.
Par M. Diao
Avant la crise liée à la Covid-19, il existait déjà au Maroc plusieurs tendances de fond concernant le secteur des IT. Outre les entreprises technologiques, les grands groupes évoluant dans les secteurs de la banque, les télécoms et le retail (grande distribution, e-commerce, etc..) ont érigé le digital en un axe d’investissement majeur. Cette donne tire son fondement du comportement des clients de plus en plus enclins à utiliser le digital pour plusieurs raisons.
La crise liée à la Covid-19 a consolidé la pratique susmentionnée des grands groupes. Ce qui n’a pas été sans conséquence sur la gestion du capital humain ainsi que la disponibilité des ressources humaines pour les entreprises technologiques. «Le virage digital pris par les grandes entreprises et qui répond à une véritable stratégie sur le long terme, a pour impact immédiat l’accroissement de la demande sur le marché des profils pointus dans le secteur des IT», analyse Youssef El Alaoui, cofondateur et CEO de Mobiblanc.
L’autre facteur crucial a trait à l’émergence de nouveaux besoins en ressources humaines, notamment dans les domaines du cloud et de l’agilité. L’entrepreneur est formel. Aujourd’hui, les entreprises technologiques doivent relever un double enjeu : le recrutement des compétences en adéquation avec les besoins du marché évolutif, tout en pérennisant les équipes recrutées. Un tel challenge amène notre interlocuteur à affirmer que la politique RH des entreprises technologiques se caractérise par un vaste chamboulement à plusieurs niveaux (onboarding, recrutement, accompagnement, gestion de la carrière des cadres, etc.)
L’insuffisance du nombre d’ingénieurs formés annuellement au Maroc (entre 8.000 et 10.000), couplée à la fuite des cerveaux corsent le recrutement des PME technologiques. D’où l’intérêt de se poser la question de savoir si la pérennité des entreprises technologiques, à l’instar de Mobiblanc (société présente sur d’autres marchés étrangers), n’est pas susceptible d’être compromise, faute d’un capital humain adapté. Des recommandations vont dans le sens de la formation des titulaires de BAC+3 (scientifiques) dans les métiers de l’informatique afin de combler la pénurie des ressources humaines. Surfer sur la nouvelle vague «La situation qui prévaut nous commande de miser sur l’innovation en matière de politique RH. Le cycle des carrières des cadres devient de plus en plus court. L’entreprise doit être capable d’accompagner les profils afin de faciliter leur montée en compétence par le biais de formation par exemple», explique l’ingénieur de formation, laudatif sur les profils issus des écoles d’ingénieurs marocaines.
«La formation des ingénieurs marocains, d’ailleurs très demandés à l’international, est excellente. Cependant, les écoles doivent s’adapter aux besoins évolutifs des entreprises et tenir compte de nouveaux paramètres, devenus cruciaux, pour ne citer que l’agilité. Une méthodologie qui renforce la résilience des entreprises», avance le lauréat de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI) et de l’Institut d’administration des entreprises de Paris, qui rappelle la montée en puissance du cloud, de l’IA et de la cybersécurité. Concrètement, Mobiblanc s’attèle à surfer sur la nouvelle vague, en misant sur des locaux de nouvelle génération, l’agilité comme levier stratégique, un système hiérarchique flexible, la promotion de l’innovation via la libre expression des idées et la reconnaissance du travail bien effectué.
Par ailleurs, à en croire les professionnels, au Maroc, les grandes sociétés et les entreprises de services du numérique (ESN) sont de plus en plus conscientes de la nécessité de contribuer à l’émergence d’un écosystème fort. Ce qui milite en leur faveur. Au final, le contexte pandémique, marqué par le règne de l’incertitude, est propice au lancement de grands chantiers digitaux. Ces derniers donnent davantage de visibilité aux entreprises technologiques, lesquelles pourront se pencher sereinement sur l’élaboration d’une politique RH adaptée aux multiples enjeux passés en revue plus haut.