L’Europe, principal marché, est marqué par la baisse de la demande sous l’effet de l’inflation et d’un changement de préférence des consommateurs. Les modèles marocains sont fortement concurrencés par les véhicules asiatiques, particulièrement chinois.
Par C. Jaidani
Le secteur automobile est un fleuron de l’industrie nationale sur lequel le Maroc table pour redynamiser son économie et accélérer sa croissance. Une grande part de la production est destinée à l’export, assurant des milliers d’emploi ainsi que des recettes conséquentes en devises. Mais depuis le début de l’année, l’activité affiche des signes d’essoufflement.
En effet, à fin avril 2025, le secteur a enregistré une quatrième baisse consécutive des exportations, qui ont atteint au total un montant de 49 milliards de DH, soit une régression de 7% comparativement à la même période de l’année dernière.
Des responsables du secteur, et à leur tête Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, tentent de relativiser la situation. Interrogé dans le cadre d’une séance des questions orales à la Chambre des représentants, Mezzour a affirmé que durant les quatre premiers mois de 2025, il y a eu un recul de 22% de toute la production, y compris pour les équipementiers. Il a expliqué ce marasme par «les contreperformances du marché européen, notamment français, qui absorbe 25% des exportations marocaines».
La demande dans ce marché a fléchi à cause de l’inflation et de la concurrence acharnée des véhicules asiatiques, particulièrement chinois, qui présentent un rapport qualité/prix très compétitif, bousculant les offres des autres marques. Il faut noter également que les modèles phares fabriqués au Maroc roulent au thermique, et que la cote pour ce type de moteur est en perte de vitesse. De ce fait, les véhicules électriques et hybrides gagnent du terrain.
Le Maroc s’est déjà positionné dans ce créneau, même s’il se limite à la fabrication de micro- citadines comme Citroën AMI, Opel Rocks ou Fiat Topolino, toutes produites à l’usine Stellantis de Kénitra. Concernant l’hybride, le Royaume produit Dacia Jogger, mais l’ensemble de l’offre n’arrive toujours pas à couvrir tous les segments. Pour ce qui est des perspectives d’avenir du marché automobile en Europe, les experts sont sceptiques quant à un rebond des ventes en 2025 et 2026. Les différents indicateurs confortent ce constat, dont le nombre de livraisons qui n’arrive pas à dépasser les 4 millions d’unités à fin juin 2025, soit un niveau similaire à celui de la période du Covid.
D’autres facteurs sont également évoqués, notamment une conjoncture défavorable, accentuée par les tensions géostratégiques dues à la guerre en Ukraine. «Le Maroc n’a cessé de monter en puissance dans la filière automobile. Outre la hausse de l’export, le secteur améliore constamment son taux d’intégration. Il possède tous les ingrédients requis pour consolider davantage sa position sur l’échiquier mondial dans ce domaine.
Pour ce faire, il ne doit pas dépendre d’un ou de quelques marchés. Cela risque de perturber à terme la chaîne de valeur et remettre en cause toute la stratégie industrielle. La diversification de ses débouchés n’est pas un choix d’ordre purement conjoncturel, mais une nécessité stratégique pour que le pays soit épargné des perturbations commerciales des marchés internationaux», explique Youssef Idrissi, professeur d’économie industrielle.