Industrie automobile: de nouveaux défis à relever pour assurer la souveraineté du secteur

Industrie automobile: de nouveaux défis à relever pour assurer la souveraineté du secteur

Les capitaux marocains sont peu présents dans l’activité. La maîtrise technologique reste l’apanage des constructeurs.

 

Par C. Jaidani

La filière automobile est l’un des fleurons de l’industrie marocaine. L’activité réalise des performances remarquables annuellement. Au terme de 2023, les exportations ont enregistré un record en franchissant la barre des 130 milliards de DH, soit un bond de 30,2%. Premier producteur de véhicules en Afrique, le Royaume consolide sa position de premier exportateur vers l’Union européenne.

L’implantation de deux grands constructeurs mondiaux de voitures est derrière l’émergence d’un écosystème industriel qui a permis d’attirer une centaine d’équipementiers étrangers de renommée mondiale et d’ouvrir les perspectives de développement pour les opérateurs locaux. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, a toujours mis en exergue l’attrait que connaît le secteur pour les investisseurs, et ce grâce aux incitations gouvernementales, l’intégration locale et la stratégie de pointe dédiée.

«Le Royaume veut renforcer sa position en tant que hub régional et assurer par la même occasion sa transition vers des véhicules plus écologiques», souligne-t-il. Avec le démarrage de la construction de véhicules électriques et hybrides, le Maroc entame une nouvelle étape. Plusieurs indicateurs confirment la bonne santé du secteur automobile national, comme les investissements mobilisés, le nombre d’emplois créés et les opportunités d’affaires générées sur d’autres activités. La filière produit actuellement 700.000 unités et il est prévu qu’elle atteigne un million à l’horizon 2030. Le taux d’intégration est, lui aussi, dans un trend haussier. Actuellement de 65%, et il est envisagé d’atteindre 80% à la même date. Il en est de même pour le sourcing à partir du Royaume. Toutefois, le Maroc a du chemin à parcourir.

«Notre pays a intérêt à augmenter et diversifier le nombre de constructeurs. Il est utile de séduire des marques asiatiques ou américaines, ou à la rigueur d’autres marques européennes, car actuellement il n’existe que deux marques françaises», affirme Youssef Idrissi, professeur d’économie industrielle à l’Université Hassan II de Casablanca. Et de poursuivre que «le Royaume doit également relever d’autres défis comme celui de la pénétration des capitaux marocains dans le secteur. Les investisseurs nationaux n’accordent pas beaucoup d’intérêt au secteur industriel, notamment la filière automobile. La plupart des tours de table des firmes opérant dans cette branche sont dominées par des capitaux étrangers. C’est une culture, les Marocains préfèrent l’immobilier ou d’autres secteurs où les bénéfices sont générés à partir des premières années du projet. La stratégie dédiée au secteur doit prendre en considération ce volet afin d’assurer une certaine souveraineté sur le secteur. Lors de la crise politique entre le Maroc et la France, de nombreux hommes politiques et des médias ont appelé au retrait de Renault et Stellantis du Royaume», explique Idrissi.

Le volet technologique est lui aussi très important pour assurer à l’industrie automobile nationale son indépendance vis-à-vis de l’étranger. «L’industrie automobile s’est développée grâce à la délocalisation des usines des constructeurs à la recherche de facteurs de production compétitifs, dont la main-d’œuvre, le foncier, la logistique ou autres. Il est nécessaire de séduire les investisseurs sur d’autres éléments comme la recherche et le développement ainsi que le transfert de technologie. Et de lancer des centres de R&D adossés à des universités pour développer des processus innovants. Il s’agit aussi de former des profils de cadre hautement qualifiés qui ne seront pas dans une logique d’exécution, mais dans la création», explique Idrissi. Avec le lancement de Neo, une marque de voiture marocaine, le Royaume peut tabler sur l’émergence d’une chaîne de valeur totalement locale. 

 

 

 

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