La sophistication ainsi que les progrès de la science et de la médecine et l’amélioration constante du niveau de vie et des conditions de travail sont autant de facteurs qui ont contribué à la hausse de l’espérance de vie au cours des dernières décennies. En moyenne, l’humanité gagne 3 mois d’espérance de vie par an.

Le Maroc s’inscrit parfaitement dans cette tendance, qui suggère plusieurs implications. Il affiche une espérance de vie de 76,7 ans. Les projections montrent que le Royaume devrait dénombrer près de 6 millions de seniors d’ici 2030. Cette donne ne sera pas sans conséquences sur l’économie nationale, l’équilibre financier des caisses de retraite, le système sanitaire et le marché du travail.

C’est en cela que la 4ème édition des rencontres scientifiques de la Caisse marocaine des retraites (CMR), placée sous le thème : «Inclusion des seniors  : Une opportunité pour le développement économique et social», revêt un intérêt particulier. D’autant que le Maroc s’attèle à bâtir un nouveau modèle de développement dont le succès dépend en grande partie de sa propension à inclure les personnes vulnérables sur le plan socioéonomique.

Au regard du contexte marocain, l’un des principaux défis sera l’inclusion des seniors par le travail. Et ce, au moment où le taux chômage des jeunes diplômés demeure préoccupant et que l’insertion et la reconversion professionnelles des quasi-seniors (55-64 ans) s’apparentent à un chemin de croix. Les chiffres du hautcommissariat au Plan (HCP) confortent la prédominance de l’auto-emploi (indépendants) auprès des 55-64 ans, avec un taux de 44,8%. L’autre chiffre qui constitue un enjeu de taille pour la protection sociale et sanitaire, appelée à être généralisée au Maroc, est que 2,7 millions de personnes âgées souffrent au moins d’une maladie chronique.

Près d’1,9 million de cette population sont atteintes d’incapacité fonctionnelle. Ce chiffre devrait culminer à 2,8 millions en 2030. Si les pays du Nord pâtissent du vieillissement de leur population, la plupart des Etats du Sud font face aux défis créés par la surreprésentation des jeunes au sein de leur population (15-24 ans). Pour sa part, le Maroc dont la transition démographique est en cours, a la chance d’être à mi-chemin de cette configuration.

D’où l’impératif pour les pouvoirs publics de créer les conditions pouvant permettre au Royaume de tirer profit du dividende démographique jusqu’en 2040. Les pistes de l’inclusion par le travail L’allongement de l’espérance de vie milite en faveur de l’augmentation de la durée de vie active. D’autant que pour beaucoup de Marocains, la retraite est synonyme de déclassement socioéconomique en raison de la baisse substantielle de revenu, non compensée par la pension de retraite. Pour l’heure, le Maroc est à la croisée des chemins. Mais le choix s’impose de lui-même, puisqu’à défaut d’avoir des seniors actifs, le pays devra faire face aux conséquences de la surreprésentation au sein de la population de seniors assistés. Plusieurs pistes à même de faciliter l’inclusion des seniors marocains par le travail sont ressorties de la manifestation, rehaussée par la participation d’éminents experts nationaux et internationaux.

A titre illustratif, citons la mise en place d’une législation adéquate, susceptible de combattre efficacement la discrimination à l’encontre des personnes âgées sur le marché du travail. La création de programmes de formation dédiés et l’amélioration des mécanismes de prise en charge sanitaire spécifique, sont autant de pistes pour garder plus longtemps les seniors sur le marché du travail. L’Etat devrait également faire du sujet de l’inclusion des seniors une priorité, à l’instar de la Finlande (budget, campagnes de communication, etc.).