Le renchérissement des matériaux et des frais de transport sera impacté sur les prix de vente.
La verticalité permettra de réduire le coût du logement social.
Eclairage de Driss Nokta, vice-président de la FNPI.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Avez-vous des attentes particulières avec le nouveau gouvernement ?
Driss Nokta : Avec le nouveau gouvernement, nous sommes plutôt optimistes. Fatima Zahra Mansouri jouit d’une grande expérience dans le domaine de l’urbanisme, elle connaît parfaitement le secteur. Il existe une série de recommandations pour mettre à niveau le secteur, mais certaines dispositions sont prioritaires, comme le cas du statut du promoteur. Cela permettra de donner plus de crédibilité aux opérateurs du secteur et chasser les intrus et les imposteurs de l’activité. A cet égard, le gouvernement, en concertation avec les professionnels du secteur, doit définir des critères bien précis, comportant certains aspects obligatoires avec le ministère de tutelle. Nous ne sommes pas contre les personnes qui veulent investir dans le secteur, mais nous voulons que l’activité soit bien organisée. Avec cette mesure, le marché devrait connaître une nouvelle impulsion avec un niveau de qualité tiré vers le haut.
F.N.H. : Quelles sont vos propositions pour la nouvelle génération de programmes dédiés au segment social et celui destiné à la classe moyenne ?
D. N. : Ce modèle a fait ses preuves à un moment donné, maintenant il faut en rechercher un nouveau. Personnellement, et c’est un avis que plusieurs promoteurs partagent, nous ne voulons ni exonération ni subvention pour l’acquéreur. Nous sommes plus pour la verticalité, avec un cahier des charges précis. Le gouvernement a sa propre vision, mais cette option devrait arranger tout le monde : l’Etat, les promoteurs et les acquéreurs. Si on opte pour ces dérogations, on pourra même réduire le prix du logement social de 250.000 à 200.000 DH. Je milite également pour la mixité : le social à côté du moyen standing. La distinction se fera au niveau de la superficie de chaque logement. Pour le segment de la classe moyenne, nous avons la même approche. Il faut écarter le modèle de catégorisation dans les projets conventionnés, qui fait la distinction entre le segment social et le moyen standing. Il faut bien préciser que les gros œuvres sont similaires pour tous les segments, la différence se situe au niveau de la finition et des matériaux utilisés. Certains projets de moyen standing ont trouvé des difficultés pour être écoulés sous prétexte qu’il existe à proximité un autre projet de type social. Selon les besoins, l’Etat peut fixer le niveau de mixité.
F.N.H. : Quelle est votre vision pour le locatif ?
D. N. : La Fédération a toujours soutenu le segment du locatif. Nous avons milité pour qu’il soit investi par les OPCI qui étaient strictement réservés aux bureaux ou aux locaux d’affaires. Mais il existe des contraintes qui empêchent le segment de ratisser large dans le marché. Il est primordial de préserver les intérêts des propriétaires et lancer de nouvelles dispositions pour que les investissements bougent à ce niveau. Le marché est très demandeur, encore faut-il trouver la bonne formule.
F.N.H. : Que préconisezvous pour relancer l’immobilier ?
D. N. : Le secteur est confronté à plusieurs contraintes, dont notamment le renchérissement des matériaux et les frais de transport qui sera impacté sur les prix de vente. Il faut donc s’attendre à une hausse des prix de l’immobilier. Pour assurer une croissance régulière du secteur conforme aux besoins du pays, il faut lancer un programme de relance en concertation avec tous les acteurs concernés. Pour le court terme, il est utile de mettre en place certaines dispositions fiscales. La dernière amnistie a donné des résultats tangibles en termes de recettes fiscales pour l’Etat et a permis d’initier une certaine dynamique. Nous proposons une réduction de 50% des frais de la conservation foncière, 50% pour les droits d’enregistrement et 3% en ce qui concerne le taux d’intérêt des banques. Ces initiatives permettront de liquider quelque peu le stock existant. Elles doivent être accompagnées d’une campagne de publicité et de sensibilisation. Une rencontre est prévue avec la ministre de tutelle, Fatima Zahra Mansouri, en vue d’exposer notre point de vue et nos revendications et d’avoir aussi une idée sur sa vision pour le secteur.