Abdelhamid Chafai, Directeur général adjoint de Cosumar Samira El Haouat, Direction générale de l’hydraulique
Cosumar fait de la préservation des ressources naturelles une véritable priorité stratégique. Dans ses efforts de contribution à la résilience environnementale nationale, le Groupe a entrepris un grand nombre d’actions destinées à convertir ses installations actuelles en unités industrielles intelligentes et à moindre impact. Elles sont conçues pour permettre de mieux accompagner les agriculteurs en vue d’adopter des techniques plus économes en eau, mais aussi dans le choix de variétés meilleures et plus résistantes au stress hydrique. Tous les acteurs de l’écosystème du sucre ont été aujourd’hui sensibilisés par Cosumar à l’importance de la question de la préservation de l’eau. Les unités industrielles de Cosumar ont toutes réussi à réduire leur consommation d’eau. Ces unités ont également créé des stations de traitement de l’eau industrielle destinée à l’irrigation, réduisant ainsi drastiquement leur niveau de consommation en eau. Sur le plan industriel, il convient de rappeler qu’une partie de l’activité de Cosumar dépend de l’agriculture. Cela consiste en la production de sucre blanc depuis les plantes sucrières cultivées dans les 5 régions du Royaume, qui approvisionnent nos différentes sucreries. Afin d’économiser au maximum le recours à l’eau à usage industriel, Cosumar a mené d’importants investissements au niveau de l’ensemble de ses unités de production. Le Groupe a opté pour des technologies efficientes et adaptées, telles que la décalcification à zéro rejet liquide, l’usage de filtres pour l’épuisement de boues issues des étapes d’épuration ou encore le recours à la nano-filtration, le recyclage de l’eau, et la promotion de technologies d’irrigation auprès de ses partenaires. Les investissements ont aussi concerné des dispositifs de traitement des eaux ainsi que des technologies d’irrigation économes en eau.
Samira El Haouat, Direction générale de l’hydraulique
Il faut réussir la synergie entre les différents intervenants (Etat, opérateurs, consommateurs, entreprises,…) afin d’asseoir un nouveau type de gouvernance. La loi 36-15 du 10 août 2016, relative à l’eau, fixe les règles d'une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources en eau afin de garantir le droit de l’accès à l’eau et en vue d'une utilisation rationnelle et durable et d’une meilleure valorisation quantitative et qualitative des ressources hydriques. Elle vise également la mise en place de règles et outils de planification de l’eau, notamment en ce qui concerne les eaux usées, les eaux de mer et autres pour accroître le potentiel hydrique national, en tenant compte des changements climatiques afin de s'y adapter. Elle définit en outre l’administration de l'eau (à travers la création du Conseil supérieur de l’eau et du climat, mais aussi des Agences de bassins hydrauliques, du Conseil de bassins hydrauliques et des commissions préfectorales et provinciales de l’eau). En plus des modalités de planification de l’eau (le plan national de l’eau, le plan directeur d'aménagement intégré des ressources en eau); la préservation des eaux (préservation de la qualité des eaux, assainissement liquide, préservation des eaux souterraines, périmètres de sauvegarde et périmètres d'interdiction, conditions de creusement des forages, contrat de gestion participative).
Mathieu Delahaye, chef de marché protection de la ressource et des milieux aquatiques chez Suez
Des déséquilibres sont en train de se créer avec l’épuisement des nappes phréatiques qui, lorsqu’elles se vident, se remplissent systématiquement d’eau de mer et deviennent par la suite impropres à la consommation et à l’irrigation. Le Maroc, qui a perdu 40% de sa pluviométrie au cours des 10 dernières années, est particulièrement conscient de ce danger. Suez travaille à la réalimentation de ces nappes en se tournant vers des solutions parallèles. Plusieurs success stories ont déjà été enregistrées par Suez à ce titre au sein de différents sites au Mexique, mais aussi au Qatar.
Zineb Benjelloun, Senior Manager External Engagement, Direction Sustainability & Green Industrial Development, OCP
La préservation des ressources hydriques est une question sur laquelle se sont penchés différents acteurs au sein de l’OCP. Ces derniers ont réfléchi à des stratégies pour le moins ambitieuses et inédites. Nous avons, à titre d’illustration, travaillé sur l’encouragement de laveries basées sur des circuits d’eau fermés et qui permettent de recycler, à l’infini, l’eau utilisée. Un autre exemple intéressant est celui de la prouesse réalisée par OCP dans l’utilisation de son fameux slurry pipeline et qui permet de transporter la roche depuis la mine de Khouribga à l’unité de transformation de Jorf Lasfar, et ce en n’utilisant que l’eau contenue dans cette roche. Nous avons également réfléchi à recycler les énergies excédentaires récupérées au niveau de nos unités de production et de les exploiter afin de faire fonctionner nos stations de dessalement. Nous allons bientôt réussir notre objectif consistant à utiliser uniquement l’énergie non conventionnelle au niveau de l’ensemble de nos process industriels.
Aïcha Kouraich, directrice QHSE & RSE et experte en eau
Aujourd’hui, le monde fait face à une situation exceptionnelle. La vulnérabilité de la ressource hydrique est le fruit du dérèglement climatique. Malheureusement, l’eau n’est pas une ressource renouvelable, d’où l’importance de réagir. Qui aurait cru par exemple qu’aujourd’hui, le continent européen serait en proie à une sécheresse de grande ampleur ? Nous sommes actuellement amenés à travailler sur la gestion de la sécurisation hydrique au niveau industriel, mais également agricole. Les barrages jouent un rôle capital en termes d’amélioration des capacités, ce qui nous invite à continuer à être agiles et à miser encore et encore sur la stratégie de multiplication des barrages. De même, on devrait capitaliser davantage sur l’amélioration des process de recyclage d’eau. L’eau recyclée ne doit pas servir uniquement à l’arrosage, mais devrait également pouvoir être consommée et «potabilisée». Il est urgent aujourd’hui de se pencher sur de tels sujets. Les stations de dessalement fixes et mobiles doivent également être dupliquées partout sur notre littoral qui s’étend sur 3.500 Km. Les solutions existent et il faut poursuivre notre élan.
Amal Kouraa, chargée de la BU cadre de vie et environnement de Casa Baia
Casa Baia a pour mission de réaliser des projets visant le développement économique et social de la capitale économique. Nous contribuons, entre autres, à l'accroissement, voire au maintien de l’attractivité des zones à fortes activités économiques, commerciales, de service et de loisirs à Casablanca. Nous sommes par exemple chargés de l’entretien et de l’arrosage du parc de la Ligue arabe. A ce titre, nous réfléchissons à des systèmes efficaces d’arrosage des espaces verts de Casablanca, reposant sur le recours à des ressources alternatives autres que l’eau potable. Nous réfléchissons à l’exploitation des sources inexploitées au sein de la métropole, à l’instar de la source de Sidi Abderrahmane par exemple qui nous servira fortement pour nos opérations d’arrosage. Pour rappel, les eaux de cette source sont rejetées dans l’océan et pourraient donc être exploitées pour l’arrosage sans nuire à la nature.