◆ La stratégie veut capitaliser sur les éléments ayant fait le succès du PMV.
◆ Les petits exploitants, les femmes rurales, les jeunes et la population dans les zones montagneuses en sont les principales cibles.
Par C. Jaidani
A l’instar du Plan Maroc Vert (PMV) qui a pris fin en 2020, la nouvelle stratégie dite «Generation Green», qui concerne la période 2020- 2030, donne une grande importance à l’agriculture solidaire. Capitalisant sur les éléments ayant fait le succès du PMV, la nouvelle vision cible quatre axes stratégiques, à savoir les jeunes dans le monde rural, les petits exploitants, la femme rurale et la population dans les zones enclavées ou montagneuses. Il est question de combler les lacunes et les différents dysfonctionnements constatés auparavant.
La nouvelle stratégie table sur les jeunes pour rajeunir la population des agriculteurs marocains qui accuse un sacré coup de vieux, puisque 360.000 exploitants ont une moyenne d’âge supérieure à 65 ans. Une catégorie de personnes qui est impactée également par le niveau élevé d’analphabétisme. Cela complique la diffusion des nouvelles technologies et l’utilisation d’intrants plus modernes. A cet égard, ils doivent profiter des opportunités offertes par les terres collectives d’une superficie de 1 million d’hectares.
Tout un programme est conçu pour qu’ils puissent avoir accès au foncier agricole, à travers une concession ou la location. Ils bénéficieront aussi d’un programme en matière de conseil, d’encadrement technique et de formation. Au niveau du deuxième axe lié aux petits fellahs qui représentent plus de 80% de l’ensemble des agriculteurs marocains, l’idée est d’améliorer leurs conditions de production, de hisser le rendement et la qualité, et de leur proposer toutes les conditions nécessaires pour développer leurs activités.
Ces exploitants possèdent le plus souvent des parcelles de moins de 5 hectares implantées dans les zones bours. Elles sont de ce fait très vulnérables aux aléas climatiques. Les cultures pratiquées sont de type vivrier à faible valeur ajoutée, généralement des céréales et des légumineuses. La nouvelle vision ambitionne de les basculer vers des activités plus lucratives comme les produits du terroir, l’arboriculture, les plantes médicinales et aromatiques.
Pour accompagner les petits fellahs, Generation Green encourage la labellisation des produits, la traçabilité et l’utilisation des canaux modernes en matière de commercialisation et de distribution. S’agissant de la population des femmes rurales, il faut dire qu’elle est la plus vulnérable et la plus touchée par la précarité. Malgré les efforts consentis, les mauvaises conditions d’évolution de ces femmes sont le principal facteur qui pénalise le Maroc dans le classement mondial du développement humain. En effet, ces femmes rurales sont, entre autres, victimes d’analphabétisme et de pauvreté.
De leur côté, plusieurs filles sont contraintes d’abandonner l’école précocement à cause de son éloignement, l’insécurité, les besoins pour le travail dans les champs. La nouvelle stratégie vise à leur inculquer de nouveaux outils de développement comme la création de coopératives et d‘associations.
L’idée est également de les accompagner au niveau social pour assurer leur émancipation. La femme rurale continue d’être victime d’un statut qui lui porte préjudice. L’exemple le plus frappant est celui des femmes «soulalyates» qui, sous le diktat d’un droit coutumier, sont interdites de bénéficier de l’héritage. Le quatrième axe sur lequel table le nouveau programme de l’agriculture solidaire cible les zones montagneuses et les oasis où le niveau de vulnérabilité et de précarité est élevé. Afin d’y remédier, un gros effort doit être fourni pour développer les infrastructures de base.