Par C. Jaidani
Le foncier industriel est devenu hors de portée pour les opérateurs économiques, surtout dans la région de Casablanca, pénalisant les investissements dans le secteur. Avec la crise sanitaire ayant engendré une crise économique, les opérateurs s’attendaient à une régression des tarifs, mais la réalité est bien différente.
Excepté les zones industrielles spécialisées comme celles dédiées à l’automobile ou les agropoles, où l’Etat s’est activé à travers un vaste programme lancé en partenariat avec de nombreux organismes pour proposer des offres adéquates et à des prix très compétitifs, pour les autres activités la situation est plus compliquée. Dans la capitale économique où il y a une forte pression, plusieurs zones connues par leur vocation industrielle ont commencé à changer de physionomie urbanistique, comme Aïn Sebaâ, Aïn Borja, Roches Noires ou La Gironde.
Sous l’effet de la spéculation, les propriétaires de locaux en arrêt d’activité préfèrent les laisser vacants afin de réaliser d’importantes plus-values en les vendant aux promoteurs immobiliers. Ce phénomène commence à toucher des zones industrielles dans la périphérie de la ville, jadis épargnée. Plus attractives il y a quelques années, des cités satellitaires comme Tit Mellil, Zenata, Aïn Harrouda, Médiouna, Nouasseur ou Bouskoura ont vu le prix du foncier sensiblement grimper.
«Face à cette flambée, les industriels cherchent à s’installer plus loin de la région de Casablanca. Un choix qui, a priori, s’avère pertinent, mais ils rencontrent néanmoins différentes contraintes. Ils font face à de nombreux handicaps, comme l’éloignement de leurs fournisseurs et de leurs clients, sans compter des difficultés pour séduire les ressources humaines les plus qualifiées», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier.
Pour le locatif, la situation ne se présente pas sous de bons auspices. La tarification est jugée dissuasive; elle est comprise en moyenne entre 80 et 100 DH le m2/mois. Pour les activités nécessitant de grandes superficies, le coût est très élevé et pèse lourdement sur les charges d’exploitation.
«Les investisseurs industriels mettent beaucoup de temps pour trouver un foncier adapté à leurs besoins, à cause de l’absence de la superficie souhaitée, de l’emplacement loin des réseaux de communication et l’inadéquation des équipements de base existants», affirme Mohamed Lahlou, président fondateur de l’Association marocaine des agents immobiliers (AMAI). Face à cette situation, et au risque de basculer dans l’informel, certains investisseurs n’hésitent pas à transformer des terrains agricoles en espaces pour leurs sites de production.
Conscient de ce constat, le département de tutelle a adopté, dans le cadre du plan d’accélération industrielle, une nouvelle approche en matière de planification, de développement, de revitalisation et de gestion des espaces d’accueil industriel, impliquant un partenariat public-privé.
Une assistance technique est apportée aux parties prenantes en matière de développement et de gestion des zones industrielles. Le plan prévoit également un nouveau modèle de développement de ces ZI. Il comporte la mise en place du Fonds des zones industrielles durables (Fonzid). Mais les réalisations demeurent nettement en deçà des attentes des opérateurs, surtout les petits investisseurs. «Les ZI sont calquées sur des modèles standards réalisés à l’international sans prendre en considération certaines spécificités marocaines», conclut Lahlou.