Le secteur subit de plein fouet la flambée des prix des matières premières à l’international.
Il reste subordonné à l’évolution des activités d’élevage qui ont beaucoup souffert de la sécheresse.
Par C. Jaidani
L’élevage est une activité prépondérante de l’agriculture nationale. Le secteur regroupe de nombreuses filières. Avec le Plan Maroc Vert (PMV), il a réalisé de belles performances, notamment en matière de production de viandes rouges, blanches, de lait et d’autres produits d’origine animale. Mais confrontée à la sécheresse, cette branche agricole a été fortement impactée, ce qui a poussé plusieurs exploitants à revoir à la baisse leurs investissements dans l’attente de jours meilleurs. Beaucoup ont été contraints de limiter le volume de leur élevage pour supporter les charges. Et pour cause, l’aliment de bétail connaît une flambée des prix record.
Outre les produits vendus à l’état naturel, ceux de type composé s’inscrivent, eux aussi, dans un trend haussier. Bien que l’Etat ait pris des mesures pour soutenir ces produits, les prix se maintiennent à des niveaux élevés. Actuellement, ils évoluent au-delà de 5 DH/kilo, mais il y a quelques années, ils ne dépassaient pas 3 DH/kilo.
«La plupart des produits qui entrent dans la fabrication de l’aliment composé de bétail sont importés. Depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ils ont subi un renchérissement sans précédent. Les autres charges ont, elles aussi, augmenté sensiblement. Du coup, nous n’avons d’autre choix que de répercuter ces augmentations sur le prix final. En dépit de cette hausse, nous n’arrivons pas encore à réaliser les marges bénéficiaires enregistrées auparavant, surtout avec la baisse de la demande», souligne un provendier basé dans les environs de Berrechid.
«A l’instar de tous les produits alimentaires, le maïs et le soja, principaux éléments entrant dans la fabrication de l’aliment composé, ont connu une forte hausse des cours sur le marché international. Certes, on note actuellement une légère détente sur les prix, mais ils peuvent rebondir à tout moment. Malgré cette accalmie, les prix demeurent largement supérieurs à ceux d’il y a quelques années», ajoute la même source.
Contrairement aux produits naturels, l’aliment composé de bétail garantit une certaine stabilité des prix sur une période assez longue. Cela assure pour les exploitants une certaine visibilité et une maîtrise des charges. «Pour bon nombre d’éleveurs, l’aliment composé est un élément important dans le cycle de production. Avec cette mauvaise conjoncture, les exploitants n’arrivent pas à joindre les deux bouts, et ce dans toutes les filières (aviculture, bovine et ovine). Et comme ils achètent le produit à crédit, le nombre d’impayés est en nette augmentation. Nous sommes conscients des difficultés que traversent les éleveurs et nous essayons de les accompagner le temps que leur trésorerie s’améliore. Mais pour certains exploitants, il sera difficile de se redresser au moins à court terme», explique-t-il.
A noter que le développement du secteur de l’élevage a incité de nouveaux opérateurs à investir dans la fabrication de l’aliment composé. Au nombre d’une cinquantaine d’usines, elles sont pour la plupart implantées dans l’axe Kénitra-El Jadida. Au cours des années 90, le nombre était très réduit et comprenait Cicalim, du secteur public, et Anaam, du privé. «C’est une activité très capitalistique qui subit à la fois des contraintes agricoles et industrielles. Elle a besoin d’une enveloppe budgétaire importante pour lancer les investissements nécessaires, notamment au niveau des équipements. Le site doit être doté d’un laboratoire d’analyse, d’un personnel hautement qualifié et d’une salle des marchés pour faire le suivi des cours des matières premières. Pour être performant, il faut négocier les achats au moment opportun et acheter une quantité conséquente pour réaliser des économies d’échelle», explique la même source.