L’Ordre des experts-comptables a organisé le 22 mai ses huitièmes assises sous la thématique : «L’expert-comptable, tiers de confiance au service de l'économie».
Par A. Hlimi
Salle comble à Casablanca le 22 mai, avec un Ordre des experts-comptables en ordre de bataille, la profession étant dans une phase de transition où elle est appelée à être un peu plus active dans de nombreux chantiers de la sphère publique et économique. Son rôle de tiers de confiance sera notamment renforcé avec le projet relatif à la généralisation des états financiers consolidés en normes IFRS. Ce projet de loi, qui a longuement traîné dans les tiroirs du ministère des Finances, est de nouveau sur la table. Il impose à certaines entreprises l'établissement et la publication d'états financiers consolidés pour renforcer ainsi la transparence et la comparabilité des informations financières.
La grande nouveauté concerne l’entrée dans le champ d’application des établissements publics, les sociétés d'État, les filiales publiques et les entreprises concessionnaires. Un marché conséquent qui va dépendre du seuil d’activité à partir duquel ces entreprises vont entrer dans le champ d’application de la loi. C’est pour cette raison sans doute que l’Ordre a choisi pour keynote speaker le patron de l’un des organismes publics les plus importants : Khalid Safir, Directeur général du groupe CDG. Ce dernier a rappelé les nombreuses responsabilités de l’expert- comptable dans un contexte de digitalisation qui impose des adaptations rapides de la profession. Le DG a en outre mis l’accent sur la clé de voute qu’est l’expert-comptable dans la chaîne de valeur économique.
Même son de cloche pour la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, qui a adressé un message aux participants à l’ouverture des assises : «Les défis sociaux économiques auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, qu'il s'agisse de la complexité des transactions économiques, de la digitalisation croissante ou encore des nouveaux impératifs en matière de gouvernance et de transparence appellent à une collaboration étroite entre les composantes de la profession et les pouvoirs publics afin de renforcer davantage le rôle de l'expert-comptable. En tant que conseiller stratégique, en tant que facilitateur des transformations et catalyseurs de la croissance économique». Pour la ministre, le rôle d'un tiers de confiance est nécessaire et les experts-comptables le sont de fait depuis plusieurs années. «Nous avons construit avec la profession une relation de confiance où la signature d'un expert-comptable a une crédibilité reconnue», a-t-elle rappelé.
De nombreux chantiers en cours
Plusieurs chantiers sont en cours pour la profession, dont notamment le projet de modernisation du cadre comptable marocain qui s'inscrit au cœur des réformes engagées par le Royaume sur le plan comptable et financier. Le fameux projet de loi 17-24 relatif aux états financiers consolidés passe également par le volet lié à la supervision et le contrôle de la profession afin d'assurer le respect des normes. «Ce sont des règlementations relatives notamment à la production de l'information financière et comptable et à la conformité aux obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme», explique la ministre.
Pour le patron de la DGI, l’expertcomptable joue un rôle dans la moralisation fiscale. «Le commissaire aux comptes (CAC) certifie les comptes des entreprises. Nous nous attendons à ce que les CAC responsabilisent encore plus pour que nous ayons la confiance nécessaire dans ces comptes et minimiser les risques des contrôles fiscaux. A la DGI, nous sommes conscients de ce rôle pour nous permettre d’évoluer vers une autre vision pour qu’au lieu d’aller contrôler des comptabilités, nous contrôlions des processus».
Un pont entre les entreprises et le marché des capitaux
L’expert-comptable est le premier conseiller du chef de l’entreprise. Ce dernier sollicitera souvent son commissaire aux comptes pour faire un choix de financement. Cela en fait un prescripteur, et la Bourse de Casablanca l’a bien compris. Kamal Mokdad, président du Conseil d’administration de la Bourse, a évoqué ce rôle de tiers de confiance pour encourager les entreprises à faire appel au marché des capitaux pour leurs financements. Il est revenu sur un partenariat signé au premier trimestre entre les deux institutions, et qui porte sur plusieurs axes liés à la promotion du marché financier et la mise en valeur du rôle de l’expert-comptable comme conseiller dans l’accompagnement des entreprises pour l’ouverture de leur capital. Ce partenariat s’est traduit par le lancement d’un certificat professionnel, dont la première promotion sera connue en septembre après un processus de formation basé sur un cas réel, où il faudra présenter une PME réelle intéressée par l’ouverture de son capital dans une logique de croissance ou de transmission.