Espaces pastoraux: les parcours naturels menacés

Espaces pastoraux: les parcours naturels menacés

La sécheresse, l’urbanisation, la pollution et la surexploitation sont les principaux facteurs de risque.

Le cadre régissant ce domaine est bien conçu, mais son application est difficile.

 

Par C. Jaidani

 

Le Maroc compte 53 millions d’ha d’espaces pastoraux, dont 9 millions situés dans l’espace forestier et alfatier. Mais au fil des ans, ces terrains sont de plus en plus impactés par la poussée urbaine, les mises en culture, la désertification et la pollution. Situées en grande partie dans les zones arides ou semi-arides, ces terres constituent la principale source de revenu pour la population se trouvant dans ces zones ou pour les nomades.

Depuis quelques années, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. Ils soulignent la dégradation de ces parcours et l’affaiblissement de leur capacité productive. Une situation qui a entraîné une rupture entre l’offre fourragère et les besoins alimentaires du cheptel.

Outre leur rôle socioéconomique, ces zones accusent une certaine perte de leur diversité biologique, et donc un équilibre environnemental. «Dans certaines régions, au sud-est du grand Atlas et de l’anti-Atlas, l’appauvrissement des parcours naturels a créé des tensions entre les populations. Certains affrontements ont dégénéré en un véritable conflit tribal, nécessitant des interventions musclées des autorités pour calmer les esprits», souligne Houcine Ait Moussa, secrétaire général de l’Association marocaine de développement et de l’environnement, dans la région de Khénifra.

Face à cette situation, le gouvernement a voulu y remédier et protéger l’écosystème à travers un arsenal juridique adéquat. Il s’agit de fixer les principes fondamentaux et les règles générales régissant l’aménagement et la gestion des espaces pastoraux, le développement de ces ressources, la transhumance et le contrôle de la mobilité des troupeaux.

Le cadre juridique ambitionne d’assurer une exploitation rationnelle et durable des ressources pastorales, sécuriser l'assiette foncière à vocation pastorale et sylvo-pastorale, garantir des droits d'accès et d'usage de ces espaces et de leurs ressources, et régler les différends qui peuvent surgir de la pratique de la transhumance pastorale.

«Ce texte de loi, dans son ensemble, est bien conçu. Mais dans la pratique, son application est soumise à plusieurs contraintes. Les autorités qui ont la responsabilité de veiller à son respect, notamment l’Intérieur, la gendarmerie et le haut-commissariat aux Eaux et Forêts ne disposent pas d’assez de moyens humains et matériels pour contrôler et gérer ces domaines. Les zones concernées sont très vastes, difficiles d’accès, avec des terrains accidentés. La situation devient encore plus délicate à gérer lors des mauvaises conditions météorologiques», précise Aït Moussa.

Ce phénomène est une menace sérieuse pour les nomades, dont la population ne cesse de baisser au fil des ans à cause des effets dévastateurs sur leur mode de vie basé essentiellement sur la transhumance. «Avec la sécheresse, la situation devient très compliquée car les parcours naturels s’appauvrissent de plus en plus. Les exploitants sont contraints de réduire leur cheptel, en les cédant à des prix dérisoires. Cela entraîne l’accentuation de leur vulnérabilité», indique Aït Moussa.

Les populations qui opèrent dans les espaces pastoraux sont pour la plupart démunies, et l’élevage constitue leur principale source de revenu. La loi stipule que l’ouverture de la forêt pour les activités pastorales ne se fait que dans un cadre exceptionnel; dans des cas extrêmes comme une forte sécheresse. Mais les exploitants sont amenés à utiliser très souvent cet espace pour pérenniser leurs ressources. Il est donc urgent de diversifier leurs activités afin d’accroître leurs revenus. 

 

 

 

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