• Mise en place d’un dispositif ambitieux, volontariste et complet pour appuyer les agriculteurs et les encourager pour la continuité de leurs activités.

• Face à la sécheresse, la banque a mis en place une double approche : régionale, prenant en compte l’impact au niveau de chaque région, et sectorielle, prenant en compte les spécificités de la filière. 

• Eclairage de Jamaleddine Eljamali, Directeur général du Groupe Crédit Agricole du Maroc.

Propos recueillis par Charaf Jaidani

Finances News Hebdo : Dans son dernier discours à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, le Roi Mohammed VI a souligné l'importance qui doit être accordée à l'agriculture et au développement rural dans la dynamique de relance économique. Le Souverain a cité 38 milliards de DH d'investissements programmés à court terme dans le secteur. Quel rôle le Groupe Crédit Agricole du Maroc peut-il jouer dans ce projet ?

 

Jamaleddine Eljamali : Sa Majesté le Roi, que Dieu le glorifie, a toujours porté une attention particulière à l’agriculture et au développement du monde rural. Grace à cette attention, le secteur a accompli de grands progrès en termes de modernisation et de diversification. A l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le Souverain a en effet souligné l'importance qui doit être accordée à l'agriculture et au développement du monde rural dans la dynamique de relance économique. De par sa mission, le GCAM s’est toujours mobilisé pour accompagner les stratégies agricoles nationales et le développement du monde rural.

Aujourd’hui, plus que jamais, et en réponse aux directives Royales, le Crédit Agricole du Maroc réitère son engagement pour l’accompagnement du secteur et l’encouragement des entrepreneurs agricoles tout au long des chaînes de valeur. Nous sommes entièrement mobilisés pour mettre en place les dispositifs nécessaires, les outils financiers inclusifs et les programmes spécifiques qui permettront de générer de la croissance et, par conséquent, de jouer pleinement notre rôle de partenaire historique du secteur.


F.N.H : Le GCAM est un acteur majeur dans le financement du secteur agricole. Quelles sont les dispositions prises à l'occasion de la saison 2020/2021 ?
 
J.E : La sécheresse des deux dernières campagnes agricoles combinée à la crise sanitaire ont eu un impact certain sur la trésorerie des agriculteurs. A cet effet, et à l’occasion du lancement de la campagne agricole 2020/2021, la banque a mis en place un dispositif ambitieux, volontariste et complet de nature à appuyer les agriculteurs et les encourager pour la continuité de leurs activités.

Nous avons tout d’abord doublé l’enveloppe de financement habituelle, passant ainsi de 4 à 8 milliards de dirhams. Cette enveloppe, qui permettra de soutenir les agriculteurs et les entrepreneurs ruraux, de générer des revenus pour les populations rurales et contribuer ainsi à la création de richesse et à l’émergence d’une classe moyenne en milieu rural, est déclinée de la sorte :

• 4 milliards de dirhams pour l’agriculture via des crédits de fonctionnement et d’investissement dédiés à l’équipement et à la modernisation des exploitations agricoles;

• 3 milliards de dirhams pour l’agro-industrie à travers des crédits de fonctionnement et d’investissements pour les projets agro-industriels et alimentaires;

• 1 milliard de dirhams pour l’encouragement de la création d’une classe moyenne dans le milieu rural à travers des financements adaptés aux activités économiques en milieu rural (hors agriculture) et aux projets porteurs générateurs de revenus et de valeur ajoutée.

Il faut noter que la banque a conclu des partenariats importants, de l’ordre de 3 milliards de dirhams, au profit du secteur agricole, agro-industriel et du monde rural avec des bailleurs de fonds internationaux, à savoir : la BEI, l’AFD et la BERD et qu’elle fera jouer l’effet de levier qu’elles offrent pour mieux servir le secteur.

Totalement en phase avec les orientations de la nouvelle stratégie «Génération Green 2020-2030», le dispositif complémentaire se base, en plus de ces financements conséquents, sur 4 axes : 

• Une approche matricielle «filière-région» permettant d’apporter un soutien sur-mesure aux opérateurs selon les spécificités de leur filière et leur région;

• Un appui à l’éclosion de la classe moyenne rurale à travers la poursuite du déploiement du programme Almoustatmir Alqaraoui;

• L’utilisation de la digitalisation comme levier stratégique de croissance et de différenciation;

• L’inclusion financière, qui représente une priorité de taille pour nous et pour laquelle nous déployons des efforts substantiels, tels que le doublement de notre parc d’agences mobiles qui est désormais constitués de 100 unités au service des populations les plus enclavées, le déploiement de programmes d’éducation financière….


F.N.H : Le secteur agricole national et le monde rural sont sous le coup de deux années successives de sécheresse. Le GCAM a-t-il prévu des mesures particulières ?
 
J.E : Le GCAM s’est toujours mobilisé aux côtés des agriculteurs et du monde rural afin d’atténuer les impacts des conjonctures difficiles et leur permettre de poursuivre et développer leurs activités. Que ce soit pour la sécheresse ou les évènements climatiques localisés (comme la grêle dans la région de Fès-Meknès), la banque a mis en place une double approche : régionale, prenant en compte l’impact au niveau de chaque région, et sectorielle, prenant en compte les spécificités de la filière. 

Ainsi, au cours de la campagne passée, notre dispositif de soutien s’est décliné à travers :

• La mobilisation d’une enveloppe additionnelle de financement de 1,5 milliard de dirhams : 500 MDH pour le crédit Lakssiba (élevage d’embouche et l’élevage laitier), 600 MDH pour le crédit Filaha Rabiiya (cultures printanières programmées ou en remplacement des cultures d’hiver affectées) et 400 MDH pour le crédit Lghars (entretien de vergers et sauvegarde des futures productions).

• Une opération de traitement de l’endettement pour l’ensemble des agriculteurs opérant dans toutes les filières de productions agricoles en fonction de leurs encours.

•  Le financement des importations de blé et d’aliments de bétail à travers le financement des sociétés importatrices opérant dans ce domaine, mais aussi l’accompagnement de l’opération d’importation de l’orge subventionné lancée par le ministère.

• L’accompagnement des agriculteurs de la région de Fès -Meknès touchés par la grêle, en coordination avec les services du ministère de l’Agriculture. 


F.N.H : Comment se décline la vision de votre organisme pour déployer la digitalisation bancaire ?

J.E : La digitalisation bancaire représente pour notre Groupe une priorité absolue. Elle nous permet de consolider notre proximité avec nos clients, mais aussi développer une forte inclusion financière des populations rurales les plus reculées.

A cet effet, différents chantiers ont été lancés et ont permis la mise en place d’une gamme complète de solutions innovantes permettant d’ouvrir un compte bancaire à distance, de gérer les opérations courantes, mais aussi de demander un financement, de transférer de l’argent.... Il s’agit des solutions Hssab-e, Beztam-e, Imtiazat-e, et le nouvel établissement de paiement que nous venons de lancer, Al Filahi Cash…

De plus, et dans le cadre de la digitalisation des filières agricoles et du lancement de la campagne 2020-2021, le GCAM et Sonacos ont conjointement travaillé pour développer et offrir aux agriculteurs concernés un parcours de paiement 100% digital pour l’acquisition des semences.
D’autres développement sont en cours…
 
F.N.H: Quelles sont les mesures prises pour développer la bancassurance auprès des fellahs et du monde rural ?

J.E : Nous disposons de produits de bancassurance que nous commercialisons dans nos points de vente et qui sont fortement adaptés à la réalité rurale et aux revenus et capacités des petits agriculteurs. Nous travaillons constamment en étroite collaboration avec la MAMDA pour élargir nos offres et répondre au mieux aux besoins des fellahs et des ruraux.