Entreprise marocaine et NMD: le rendez-vous est-il manqué ?

Entreprise marocaine et NMD: le rendez-vous est-il manqué ?

Les entreprises ont un rôle éminemment important à jouer dans ce virage stratégique qu’emprunte l’économie nationale et impulsée par le nouveau modèle de développement. Explications

 

Par A. Diouf

C’est la question qui semble ressortir du débat qu'a récemment organisé l’Association marocaine des économistes d’entreprise (Ameen), en prélude à son Assemblée générale ordinaire et pour célébrer l’anniversaire de la publication du rapport de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement (CSMD). Professeur Ahmed Azirar, fondateur, a modéré les débats que trois invités ont animés  : Amina Kchirid, professeure à l’Université Hassan II Ain Chock, Mohamed Chiguer, président du Centre d’études et de recherche Aziz Belal (Cerab), et Omar Bakkou, économiste, membre de l’Ameen. 

De fait, le sujet de «l’entreprise et le nouveau modèle de développement» que l'Ameen a débattu, a été  l’occasion de souligner l'importance que devrait jouer une entreprise citoyenne, économiquement responsable dans le processus, difficile, mais à notre portée,  de sortir de «la trappe des économies moyennement développées». A cet effet, les projets sectoriels et territoriaux en cours, les réformes structurelles entreprises, et l'objectif assigné au secteur privé de monter au 2/3 du volume global d'investissement, contre 1/3 seulement actuellement, peuvent faire réaliser le saut qualitatif souhaité. Encore faudrait-il, selon Chiguer, réaliser le bon diagnostic de l'économie nationale et réduire son caractère composite en intégrant le secteur informel et en luttant contre la rente et l'informel illégal. Bakou, pour sa part, insiste sur les divers aspects nécessaires pour assurer la bonne gouvernance, fondamentale pour réussir. 

Amina Kchirid a, quant à elle, traité du social, en particulier de l'économie sociale et solidaire. Selon elle, «aujourd’hui, on mesure le niveau de développement d’un pays par sa capacité à innover socialement. Parce qu’en innovant socialement, on va permettre à la technologie de se développer autrement». Autrement dit, soulignent les intervenants, et comme le précise le rapport de la CSMD, il faudrait «une intensification structurelle de la création de valeur qui ne sera possible sans un secteur privé fort, audacieux, entrepreneurial, ouvert à la prise de risques, et exploitant résolument les opportunités économiques nouvelles. Il est donc attendu du secteur privé d’être davantage responsable et entreprenant, de participer à l’effort d’inclusion et de protection sociale, et d’investir dans une démarche gagnant-gagnant avec les territoires, en veillant à un juste partage de la valeur créée».

Aussi, l'enjeu primordial est de  concentrer les efforts sur les problématiques tenaces des petites et très petites entreprises qui constituent 93% du tissu économique national. Pour aider le secteur privé à porter ses nouveaux habits de principal investisseur de l’économie nationale, les pouvoirs publics ont, certes, mis en place des dispositifs d’accompagnement consistants, autour notamment de la charte de l’investissement et du Fonds souverain Mohammed VI.

Mais, ces deux véhicules suffisent-ils seuls à l’entreprise privée pour jouer pleinement le rôle qui lui est assigné par le NMD ?  Encore faut-il une mobilisation de ce secteur privé et des territoires, et le dépassement des dysfonctionnements encore tenaces, que sont les entraves à la concurrence loyale, la corruption et la faible valorisation des ressources humaines.   Le rendez-vous de 2035 est pris.  Cet horizon proche appelle une mobilisation coordonnée au niveau national, territorial et de l'entreprise. 

 

 

 

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