C’est ce qui ressort d’une enquête menée par Boston Consulting Group et Rekrute.com auprès de 90.000 talents dans 160 pays, dont près de 400 au Maroc.
Le présentiel, le salaire et l’équilibre travail/vie personnelle sont les trois facteurs d’épanouissement du cadre marocain.
Par A. Diouf
Au Maroc, le télétravail peut encore attendre ! Même s’ils y ont tous goûté, contraints et forcés, notamment lors des épisodes de confinement institués pour stopper la propagation du Covid-19, les travailleurs marocains préfèrent le travail en présentiel, c’est-àdire celui qui se fait sur le lieu de travail. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par Boston Consulting Group (BCG) et Rekrute.com auprès de 90.000 talents dans 160 pays, dont près de 400 au Maroc. Il y apparait que 49% des Marocains favorisent le travail en présentiel et que c’est leur mode de travail préféré, contre seulement 5% qui ont voté pour le télétravail et 46% pour le mode hybride. A signaler que ces 5% sont également prêts pour le «100% télétravail» contre 11% au niveau mondial.
Pourquoi le présentiel ? Selon Rekrute.com, deux raisons expliquent cette préférence pour le travail au bureau au niveau du Royaume. La première, c’est que les logements marocains sont majoritairement inadaptés au télétravail. En effet, «tout le monde n’a pas forcément l’espace pour s’isoler du bruit et des enfants chez lui. Et, à cela, il faut aussi ajouter que le fait d’avoir un bureau au domicile n’est pas dans la culture marocaine». Le second facteur qui plaide en faveur du présentiel est que les transports sont moins compliqués qu’en Europe, par exemple. Autre argument avancé : pour le Marocain, le travail reste quand même une source importante de bonheur sur le lieu de travail. Sur ce point, en y regardant de plus près, l’on se rend compte qu’on est loin des conclusions de l’enquête menée par Rekrute.com en octobre dernier.
En effet, cette enquête révélait que seuls 18% des Marocains étaient heureux au travail contre 50% dans un sondage similaire mené en 2018. Bien entendu, le Covid et le télétravail avaient déteint négativement sur la relation entre le collaborateur et l’entreprise, en supprimant certains aspects agréables du travail comme les relations avec les collègues, ou même ce qui donnait du sens et donc de l’attachement comme la culture d’entreprise. Eh bien, malgré la crise qui continue, cette situation n’a pas perduré. Heureusement ! Et puis, dans un pays où l’on donne de l’importance à la relation humaine, on comprend pourquoi les gens préfèrent aller au travail. D’ailleurs, c’est ce qu’explique Zineb Sqalli, directrice associée au Boston Consulting Group, pour qui «le rapport entre salarié et employeur est en train de changer au Maroc comme ailleurs dans le monde. La priorité des entreprises doit être de re-recruter leurs collaborateurs, d’autant plus que le distanciel encore pratiqué dans certaines entreprises a durablement pu affecter l’engagement des collaborateurs. Il s’agit donc de renouer le lien de proximité avec le manager et l’affiliation avec l’entreprise».
Le salaire, un argument décisif pour choisir un emploi
L’autre facteur que le Marocain partage avec le reste du monde, c’est que le salaire demeure l’un des arguments les plus décisifs pour considérer une offre d’emploi. En effet, l’enquête révèle que «les priorités des salariés marocains sont tout à fait en ligne avec ce que disent les talents dans d’autres pays du monde. Cela témoigne d’un marché de l’emploi globalisé et d’attentes post-Covid devenues universelles». Comme facteur de motivation, le salaire est en effet passé du 10ème rang en 2018 au 2ème rang en 2022.
Et selon BCG et Rekrute.com, «cette attente accrue sur le salaire, davantage que les années précédentes, s’explique par le contexte macro-économique inflationniste, mais aussi par les années successives de Covid qui ont eu pour conséquence la coupure du lien entre l’entreprise et ses collaborateurs avec le télétravail à 100%». Enfin, l’enquête révèle que «les aspirations des salariés marocains ont changé après la pandémie et l’arrivée de la génération Z sur le marché de l’emploi. Pour ces personnes nées entre 1997 et 2010, c’est l’équilibre travail-vie personnelle, avec la possibilité de s’épanouir personnellement, qu’ils recherchent avant tout. 66% d’entre eux envisagent ainsi leur carrière idéale».