Les craintes d'une récession généralisée parmi les principales économies mondiales semblent s'estomper.
La suppression progressive des subventions non-ciblées doit aider le Maroc à lutter contre l’inflation.
La 2ème journée des Assemblées annuelles FMI-BM à Marrakech a été marquée par la présentation du fameux rapport sur les perspectives de l’économie mondiale. Nous en retenons principalement que l’activité économique mondiale est encore loin d’avoir repris la trajectoire qu’elle suivait avant la pandémie, en particulier dans les pays émergents et les pays en développement, et les disparités se creusent entre les régions.
«La croissance mondiale devrait ralentir à 3% cette année et à 2,9% en 2024 en raison d'une divergence croissante. Une croissance plus forte est attendue aux États-Unis et dans de grands marchés émergents, avec des révisions à la baisse pour la Chine et la zone Euro», a déclaré PierreOlivier Gourinchas, chef du département de recherche du Fonds, lors de la présentation du World Economic Outlook, le mardi 10 octobre à Marrakech. «L'inflation globale continue de reculer de 6,8% cette année à 5,7% l'année prochaine. L'inflation de base, en excluant l'énergie et les prix alimentaires, diminuera également, mais dans une moindre mesure», a indiqué O. Gourinchas.
Toutefois, les craintes d'une récession généralisée parmi les principales économies mondiales semblent s'estomper, selon le Fonds. «Dans l'ensemble, la probabilité d'un atterrissage en douceur a augmenté. L'élargissement de la divergence entre les pays est alimenté par trois forces. Premièrement, la demande de services, qui était forte et soutenait les économies orientées vers les services, s'atténue. Deuxièmement, les pays sont exposés aux variantes du choc énergétique. Les économies plus exposées comme la zone Euro ont connu un ralentissement plus marqué et une inflation plus forte. Troisièmement, les pays en sont maintenant à des stades différents de leur cycle de resserrement», détaille l'économiste français.
Par ailleurs, Gourichnas souligne que «les risques sont plus équilibrés qu'en avril dernier, mais ils restent orientés à la baisse. La résolution du conflit sur le plafond de la dette aux ÉtatsUnis début juin et la maîtrise des risques du secteur bancaire plus tôt en mars ont réduit les risques graves à la baisse. Mais les risques à la baisse dominent toujours. Ils découlent désormais principalement du ralentissement de la croissance en Chine en raison du stress dans le secteur immobilier réel. En outre, du côté négatif, les prix des matières premières pourraient devenir plus volatils en raison des chocs climatiques et géopolitiques, et les marchés financiers pourraient réévaluer si une inflation plus élevée persiste».
Une croissance revue à la baisse en 2023
Dans ce dernier rapport du FMI, la croissance économique du Maroc a été revue à la baisse de 0,6 point par rapport aux prévisions d’avril dernier. Elle devrait se situer à 2,4% en 2023, avant de rebondir à 3,6% en 2024. «En 2024, la croissance économique au Maroc sera soutenue par les efforts de reconstruction suite au violent séisme qui a secoué certaines régions du Royaume en septembre dernier», note pour sa part Daniel Leigh, chef de la Division de la recherche au FMI. Cette performance de l’économie nationale est portée par un secteur touristique «très fort» et un secteur agricole «stable» malgré la sècheresse, poursuit Leigh, rappelant que l’économie marocaine avait enregistré «un semestre très fort avant le tremblement de terre». Le taux d'inflation devrait reculer de 6,6% en 2022 à 6,3% en 2023 puis à 3,5% en 2024, précise-t-on. Le taux de chômage au Maroc devrait passer de 11,8% en 2022 à 12% en 2023, avant de baisser à 11,7% en 2024, affirme l'institution basée à Washington.
Les conseils du FMI aux Banques centrales
Le rapport, présenté mardi 10 octobre, offre quelques conseils aux Banques centrales cherchant à maintenir la croissance tout en luttant contre l'inflation. «Tout d'abord et avant tout, les Banques centrales doivent rester concentrées sur la stabilité des prix. À mesure que les pays sont confrontés à des perspectives d'inflation de plus en plus différentes, la politique monétaire doit également être calibrée en fonction de la vitesse de reprise et de désinflation spécifique au pays. Deuxièmement, dans la plupart des pays, la politique budgétaire doit reconstituer les tampons, notamment en éliminant progressivement les subventions non ciblées tout en protégeant les plus vulnérables (à l’image du Maroc : ndlr). Cela contribuera également à lutter contre l'inflation.
Troisièmement, les pays doivent concentrer leurs efforts sur des réformes visant à réduire les obstacles structurels à la croissance, tels que l'augmentation de l'offre de main-d'œuvre. Cela aidera les pays à croître plus rapidement, à faciliter la réduction de la dette et à réduire les pressions inflationnistes», explique Gourinchas. Le rapport souligne la nécessité pour les pays de lutter contre les forces divisives qui conduisent à la fragmentation géoéconomique, c'est-à-dire à la tendance à construire des blocs commerciaux exclusifs en érigeant des barrières au commerce et à la coopération. «Enfin, des efforts multilatéraux sont nécessaires pour résoudre les défis mondiaux qui se posent devant nous, notamment les risques climatiques, la sécurité alimentaire et énergétique, les tensions commerciales et la fragmentation géoéconomique. Pour cela, nous avons besoin d'un filet de sécurité financière mondial solide doté d'un FMI bien doté», relève le rapport.