Economie mondiale : L’horizon s’assombrit pour 2019

Economie mondiale : L’horizon s’assombrit pour 2019

 

Des guerres commerciales, des négociations «infinies» autour du Brexit, des marchés financiers qui s’affolent, etc.  L’année 2018 aura été chaotique sur tous les fronts, au point de faire craindre le pire pour 2019.

 

Par Y.S

 

Les économistes et les stratégistes abordent 2019 avec beaucoup d’appréhension et moins d’optimisme, contexte économique actuel oblige. En effet, en frappant de taxes les importations d'acier et d'aluminium et quelque 200 milliards de dollars de produits chinois, Donald Trump a procédé à un retournement complet des politiques commerciales américaine et mondiale.

Le conflit commercial entre les deux premières puissances économiques mondiales inflige déjà des dommages collatéraux, et menace de nuire davantage, a tout récemment averti la Banque mondiale.

Selon les projections semestrielles de l'institution, la croissance mondiale va ralentir à 2,9% cette année (-0,1 point par rapport aux prévisions de juin) et 2,8% en 2020. Celle de l'économie américaine, au centre du conflit sur les échanges, va atteindre 2,5% cette année, soit 0,1 point de moins que prévu en juin, et tomber à 1,7% en 2020 (-0,3 point).

Si les tensions commerciales apparaissent comme le risque le plus visible actuellement, d'autres dangers menacent l'expansion économique de la planète.

L'objectif de respect de l'accord de Paris (COP 21) qui s’éloigne à vue d’œil en est un, comme nous l’explique Omar Fassal, économiste et expert en finance internationale. «2019 sera l’année ou jamais pour renverser la tendance. Nous sommes encore loin des promesses qui avaient été faites, et qui sont elles-mêmes assez insuffisantes dans l'ensemble. Cela nous rappelle que l’approche choisie par la communauté internationale, celle des COP inter-pays est une voie très longue et sinueuse pas suffisamment flexible pour renverser la tendance rapidement». Et d’ajouter : «Alors que les 100 entreprises mondiales produisent 70% des émissions, il aurait fallu plus d'accords interentreprises, cela aurait permis d'aller plus vite et plus efficacement qu'à travers cette voie de la coopération étatique. L'une n’empêche pas l'autre».

L’autre menace à prendre en compte, selon notre interlocuteur, est celle de «la poursuite du ralentissement économique en Chine qui est devenu structurel, avec toujours de plus en plus de soutien monétaire et budgétaire pour parer à la guerre commerciale avec les US». L’économie chinoise n’a cessé en effet de montrer des signes d’essoufflement : les dernières statistiques économiques disponibles, celles du T-3 2018, indiquent une croissance du PIB de 6,5%, un niveau le plus faible depuis la crise financière de 2008. La Banque centrale s’attend même une décélération au dernier trimestre.

 

Montée en puissance du populisme

Fassal nous parle aussi des dangers liés la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays, non seulement développés, mais même à présent dans ceux émergents, comme le Brésil, qui est, rappelons-le, un grand exportateur de produits agricoles. Ce qui ne manquera pas d’impacter le commerce mondial.

Le ministre de l’Agriculture français a dernièrement déclaré que «ce qui est autrement plus grave que les 3% de déficit, c'est que l'extrême droite, les populistes, gagnent la plupart des élections en Europe».

La hausse du prix du pétrole qui se confirme, avec des tensions géopolitiques persistantes sur plusieurs fronts au Moyen-Orient (Yémen, Syrie, Qatar...), les incertitudes au niveau du Brexit sont par ailleurs des paramètres à surveiller de très près. «On s'approche de la date fatidique de mars 2019 pour le Brexit sans qu'un accord ait réussi à faire l’unanimité. Quel serait l'impact sur l’économie européenne et les complémentarités qui avaient été construites au fil des années ?», s’interroge notre expert. La Banque mondiale a déjà fait savoir qu’un «no-deal Brexit» pourrait coûter cher à des pays comme le Maroc. ◆

 

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