Economie marocaine: 2023, une année de dépit ou de répit ?

Economie marocaine: 2023, une année de dépit ou de répit ?

Plusieurs analystes et économistes sont d’avis que le taux de croissance de l’économie marocaine sera supérieur à celui de l’économie mondiale.

Les prévisions de croissance pour l’année prochaine demeurent tout de même entourées de plusieurs incertitudes.

 

Par M. Diao

Il est sans conteste que 2022 est une année difficile sur le plan économique. Plusieurs éléments factuels confortent cela. Il y a la guerre en Ukraine, laquelle a eu comme conséquences majeures pour le Maroc et pour plusieurs pays, la hausse des prix des matières premières et celle des produits alimentaires. L’autre choc endogène et non des moindres pour la croissance économique est la sécheresse qui a impacté la campagne agricole 2021-2022.

Le niveau de l’inflation (8,1% en octobre 2022), néfaste pour l’économie nationale à plusieurs titres (demande intérieure, épargne, etc.), a aussi donné du fil à retordre aux pouvoirs publics. D’ailleurs, la Banque centrale a été contrainte de resserrer sa politique monétaire à travers une hausse de 50 points de base du taux directeur. Résultat des courses : pour l’année en cours, les prévisions les plus optimistes tablent sur un taux de croissance qui tourne autour de 1,5% du PIB, sachant que plusieurs économistes réputés au niveau national n’écartent pas l’hypothèse d’une croissance inférieure à 1% du PIB.

S’il est quasi certain que l’année 2022 ne rentrera pas dans les annales de performance économique du Royaume, qu’en sera t-il pour 2023 ? Cette interrogation cruciale a été au cœur des débats, lors du webinaire économique organisé mardi par l’Institut Groupe CDG sous le thème : «Comment se présente 2023 ?». Les différents intervenants de marque ont tenté de répondre à la question suivante : «2023, année de dépit ou de répit ?». Cette interrogation est d’autant plus pertinente que 2023 arrive après trois années de chocs, marquées entre autres par la Covid-19 et la guerre en Ukraine qui a généré d’intenses tensions inflationnistes, toujours d’actualité.

 

Les promesses du retour de la croissance

Pour 2023, l‘Exécutif table via le projet de Loi de Finances, en cours d’adoption au Parlement, sur un taux de croissance de 4% du PIB, un taux d’inflation de 2% et un déficit budgétaire de 4,5%  du PIB. A l’évidence, au regard de la conjoncture actuelle au niveau national et international, ces prévisions sont entourées de beaucoup d’incertitudes liées au contexte géopolitique à l’échelle mondiale et à la pluviométrie. Taoufik Abbad, economist PhD- chef de la Division synthèses macroéconomiques à la DEPF (ministère de l’Economie et des Finances), est formel : on s’attend à un taux de croissance supérieur à celui de l’économie mondiale. Notons à ce titre que l’OCDE a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale à 2,2% en 2023.

«Au regard de l’imprévisibilité et la récurrence des chocs, il est de plus en plus ardu d’établir des prévisions économiques. La Banque mondiale table sur un taux de croissance oscillant entre 3,5 et 3,8% du PIB pour le Maroc en 2023. Cette projection tient compte de plusieurs facteurs, pour ne citer que le ralentissement de l’activité dans l’UE, le changement de politique monétaire de BAM et l’effet des tensions inflationnistes sur la population», explique Javier Diaz Cassou, économiste sénior à la Banque mondiale. Ce dernier, qui rappelle les incertitudes liées à la production agricole, partage également l’avis de Taoufik Abbad selon lequel le taux de croissance de l’économie nationale devrait être supérieur à celui de l’économie mondiale. Karim El Mokri, économiste- chercheur, est moins optimiste.

«2023, qui sera aussi dominée par les incertitudes, sera une année de dur labeur et d’arbitrage au niveau des finances publiques, notamment entre l’Etat social et la reconstitution des marges budgétaires et au niveau de la politique monétaire, en l’occurrence entre la lutte contre l’inflation et les objectifs de croissance», analyse l’économiste. Pour sa part, Fatima Ezzahra Mansouri, responsable gestion portefeuilles, Pôle finance - CDG, est d’avis que le pire (la Covid-19) est derrière et que les agrégats économiques du Royaume demeurent solides, avec par exemple un niveau de déficit budgétaire inférieur à 5% du PIB. Notons enfin qu’il existe plusieurs signes avantcoureurs encourageants et qui portent à croire que 2023 peut être une année de répit. Il y a lieu de citer l’amélioration du taux d’utilisation de la capacité de production, le niveau des créations d’entreprises et le taux de récupération du tourisme (80%), supérieur à celui du tourisme mondial (70%). 

 

 

 

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