Echanges commerciaux: ce que gagne le Maroc en adhérant à la ZLECAF

Echanges commerciaux: ce que gagne le Maroc en adhérant à la ZLECAF

Pour anticiper les conséquences économiques de l’adhésion du Maroc à la ZLECAF, la direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l’Économie et des Finances, et l’Agence française du développement (AFD) ont réalisé une étude d’impact. Synthèse.

 

Par Y. Seddik

 

 

Signé en mars 2018 au sommet de Kigali (Rwanda) par 44 chefs d’État et de gouvernement, la ZLECAF est un projet ambitieux visant à créer sur le continent africain l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde, avec un marché potentiel de 1,2 milliard de consommateurs et un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars. Dans ce cadre, une étude a été réalisée pour mesurer l’impact de l’intégration du Maroc à la ZLECAF sur ses agrégats macroéconomiques.

Les chercheurs ont élaboré deux scenarios à cette fin  : le scenario 1 (ZLECAF 0%) correspond au cas de la ZLECAF sans produits sensibles et exclus, lequel est basé sur une élimination totale des droits de douane. Le scenario 2 (ZLECAFMNT 50%) correspond, pour sa part, au cas de la ZLECAF avec réduction des mesures non tarifaires de 50%. Il s’agit, selon l'étude, du vrai scenario calé sur le calendrier de l’accord, avec une élimination des droits de douane entre pays africains sur 90% des lignes tarifaires entre 2021 et 2025, suivie d’une libéralisation de 7% des lignes correspondant aux produits sensibles entre 2026 et 2030.

Car, si la ZLECAF est devenue opérationnelle en janvier 2021, les négociations sur les règles d'origine sont toujours en cours. Selon le secrétariat, les pays membres se sont mis d'accord sur près de 90% des règles d'origine. Les questions en suspens concernent les produits laitiers, l'automobile, l'habillement et les textiles, le sucre et les huiles alimentaires.

Les conclusions à retenir

Les résultats des simulations des deux scénarios d'intégration du Maroc à la ZLECAF analysés dans cette étude sont globalement positifs pour l'économie marocaine. Premièrement, la seule partie tarifaire de l’accord ZLECAF, dans sa forme actuelle, aura un impact macroéconomique faible mais positif sur le Maroc: les clauses des produits sensibles et des produits exclus réduisent les effets positifs de l’accord.

Deuxièmement, si l’accord de la ZLECAF inclut une réduction ambitieuse des coûts liés aux mesures non tarifaires, par exemple de 50%, l’impact de l’accord commercial sur le Maroc serait plus conséquent: une hausse significative du PIB (+0,3%), du revenu réel des ménages marocains (+0,6%), une progression des exportations totales marocaines en volume (+2,3%), une augmentation de la rémunération du travail non qualifié (+0,3%), du travail qualifié (+0,5%) et du capital (+0,6%).

Troisièmement, relève l’étude, une réduction ambitieuse des mesures non tarifaires serait significativement profitable à l’activité dans l’industrie en général. «Si ces résultats sont positifs, c’est principalement parce que cette intégration donne une impulsion positive plus forte sur les exportations marocaines de biens que sur les importations. Toutefois, l’amplitude des effets reste limitée car, d’une part, la libéralisation ne concerne directement que l’agroalimentaire et l’industrie, mais non les services, et, d’autre part, parce que l’Afrique n’est pas, de loin, le partenaire commercial le plus important du Maroc», détaillent les chercheurs.

Les pistes pour contribuer à la réussite de l’intégration du Maroc à la ZLECAF

Pour bénéficier de tout le potentiel de l’intégration du Maroc à la ZLECAF, l’étude propose quelques pistes aux pouvoirs publics. Il s’agit en particulier de l’adaptation de l’offre marocaine à la demande et aux spécificités des économies de l’Afrique à travers une véritable appropriation de la connaissance du marché continental par le secteur privé marocain.

La construction des écosystèmes complémentaires à l’industrie marocaine, à travers notamment des joint-ventures et alliances entre les entreprises, dans des métiers tels que l'automobile et l'aéronautique par exemple, permettant d'améliorer l'intégration avec les économies africaines. La poursuite de l’effort en matière de développement des infrastructures routières entre les pays pour faciliter les échanges intra-africains et les rendre compétitifs, et améliorer la qualité des réseaux de distribution. 

 

 

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