Distribution digitale : Un chantier majeur pour le secteur

Distribution digitale : Un chantier majeur pour le secteur

La distribution digitale reste l’une des priorités pour l’ACAPS.

◆ Une étude est en cours dans ce sens et devrait être finalisée d’ici fin 2020.

Il s’agit de moderniser la distribution des produits d’assurance, sans sacrifier le réseau des intermédiaires.

Plus que jamais, le secteur des assurances est à l’épreuve de la digitalisation. La crise sanitaire a d’ailleurs montré l’urgence d’accélérer ce chantier majeur. Réduction des coûts, meilleure qualité de service aux assurés, plus d’agilité… sont autant de facteurs qui ont ainsi poussé l’ACAPS à en faire l’un de ses chantiers prioritaires.

Un chantier qui non seulement peut être un facteur de croissance, mais également permettre une meilleure couverture, notamment pour les populations les plus vulnérables. En cela, la conviction de l’Autorité est bien fondée  : «l’on ne peut pas être contre le sens de l’histoire qui, aujourd’hui, tend vers plus de digitalisation», confie Hassan Boubrik, qui reste néanmoins persuadé qu’il faut pouvoir allier digital et réseau physique afin de préserver le business des intermédiaires.

L’étude qui est en train d’être menée et intitulée la «Distribution à l’ère du digital» s’inscrit dans cette optique. Financée par l’ACAPS, cette étude associe les différents acteurs du secteur, puisque figurent dans le comité de pilotage le ministère des Finances, la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) et la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurances au Maroc (FNACAM).

«Nous attendons avec beaucoup d’intérêt les conclusions de cette étude pour pouvoir déployer rapidement le dispositif sur la partie digitale», indique le patron de l’ACAPS. Cette étude devrait être finalisée d’ici la fin de l’année. Puis démarrera un travail d’implémentation, notamment s’il y a des mesures d’ordre réglementaire et/ ou opérationnel à prendre.

A ce niveau, deux sujets importants sont à mettre en relief, dont le premier a trait à l’inclusion financière. Selon Boubrik, on ne peut prétendre vouloir distribuer des produits de micro-assurance en ayant les coûts d’un réseau classique. Raison pour laquelle il faut ouvrir la distribution aux établissements de paiement, opérateurs télécoms et utiliser le paiement mobile dans le cadre des transactions, tout en simplifiant les contrats et produits.

L’objectif est de favoriser la pénétration de l’assurance au sein des ménages qui ont des revenus plutôt bas. Le second enjeu a trait à l’innovation et la qualité de service, y compris sur les produits classiques. «On ne peut imaginer dans l’assurance des opérations qui se traitent uniquement sur du papier, avec des outils d’il y a 30 ou 40 ans», relève-t-il.

Ce qui est en train de se faire dans l’assurance-vie
L’ACAPS a mis en place une instruction pour que les relevés de l’assurance-vie soient trimestriels sur papier, sauf pour les compagnies qui disposent d’une application informatique sur smartphone, mise à la disposition de la clientèle. Des concertations sont en cours entre le régulateur et les compagnies d’assurances pour voir les informations précises qui doivent figurer sur ces relevés. «Nous espérons régler tout cela dans les prochains mois», indique Boubrik.

Boubrik reste à ce titre convaincu que, dans l’assurance, plusieurs produits peuvent être largement digitalisés, notamment l’automobile, sans pour autant sacrifier les intermédiaires. En cela, ces derniers doivent aussi s’adapter en créant leurs plateformes et diversifier leurs revenus pour ne pas dépendre uniquement que de la commission perçue des compagnies d’assurances.

«A ce titre, nous sommes disposés à les accompagner en proposant la révision de la réglementation pour lever les obstacles», fait savoir le patron de l’ACAPS. Ainsi, les intermédiaires peuvent avoir une vraie valeur ajoutée en termes de conseil et d’accompagnement des clients, surtout qu’il y a une bonne marge de progression, les ménages marocains et les entreprises étant très peu équipés en assurances. «La digitalisation ne phagocyte donc pas le réseau des intermédiaires. Et même s’ils expriment des craintes, cette digitalisation peut plutôt être une opportunité pour eux de développer leur business», conclut Boubrik.

Vers un écosystème intégré

L’un des enjeux également de la digitalisation concerne l’assurance maladie. Il s’agit de rompre avec les vieilles pratiques d’il y a 30 ou 40 ans, avec des feuilles de soins qui ne présentent pas véritablement de garantie en termes de protection des données personnelles. Aujourd’hui, il s’agit d’aller vers une digitalisation complète du processus d’assurance maladie, qui ne concerne pas uniquement le secteur des assurances, mais aussi les gestionnaires de l’Assurance Maladie obligatoire (CNOPS et CNSS) ainsi que le secteur mutualiste.

«Il faudra mettre en place, dans ce cadre, un écosystème intégré, regroupant aussi les prestataires, notamment les hôpitaux, cliniques, médecins, pharmaciens, laboratoires…», souligne le patron de l’ACAPS, qui reste cependant conscient que c’est un projet d’envergure «qui ne se fera pas en un an ou deux». Pourtant, il faudra aller dans ce sens.

Et cela, pour trois raisons principales, assure Boubrik : la protection des données personnelles, la réduction des coûts de gestion et la rationalisation des parcours de soins, ce qui permettra de baisser la sinistralité et de mieux soigner les patients grâce à l’accès à l’information. In fine, il faut avoir une vision globale pour préserver l’intérêt général du secteur, puisque, conclut Boubrik, «nous avons besoin de compagnies d’assurances fortes et solvables, d’un réseau de distribution efficace et dynamique et d’assurés véritablement protégés».

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