Dialogue social : gouvernement et syndicats dos à dos … pour l’instant

Dialogue social : gouvernement et syndicats dos à dos … pour l’instant

 

- Moins de deux mois après le discours royal, les syndicats interpellent le chef de gouvernement.

- Très attendu, le prochain round du dialogue social ne devra cependant pas déboucher sur un dialogue de sourds.

 

Le dialogue social ne doit pas s’apparenter à des rencontres des extrêmes où la surenchère et la rigidité des acteurs annihilent les bons compromis, encore moins déboucher sur une sorte de pacte des loups, où le contrat social est cosmétique et tronqué par des velléités inavouées.

Aujourd’hui, le Maroc fait face à des enjeux sociaux tellement importants qu’ils ne sauraient souffrir de l’égocentrisme et de l’arithmétique politicienne, voire du populisme. C’est sous cet angle qu’il faut donc apprécier le discours prononcé par le Roi à l’occasion de la Fête du Trône, dans lequel le Souverain a appelé à «œuvrer avec célérité à l’aboutissement du dialogue social».

Mieux encore, le Roi a adressé un message clair et précis aux différentes parties. «(…) Nous exhortons les différents partenaires sociaux à tenir compte de l’intérêt supérieur du pays et à faire preuve de sens des responsabilités et d’esprit de consensus pour procéder à l’élaboration d’un pacte social équilibré et durable, à même de rehausser la compétitivité de l’entreprise et de renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs dans les secteurs public et privé», a-t-il dit. Non sans faire une injonction à l’Exécutif : «Je le dis au gouvernement : le dialogue social est un devoir et une nécessité ; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption. Et je lui dis également qu’il doit rencontrer régulièrement les syndicats et communiquer constamment avec eux, indépendamment de l’issue éventuelle de ce dialogue».

 

Les syndicats d’emblée aux aguets

 

Entre l’actuel gouvernement et les syndicats, c’est le parfait désamour. Ces derniers reprochant à l’Exécutif son inertie déconcertante. Mais, incontestablement, le discours du Roi sonne comme la fin d’une «guerre froide» qui dure depuis plusieurs mois déjà. Car, l’on n’en doute pas un instant, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, retournera forcément à la table des négociations avec des organisations syndicales parfois très vindicatives, pour initier un dialogue social sérieux et responsable. Quand ?

En tout cas, les syndicats commencent à s’impatienter, presqu’un mois et demi après le discours royal. Et ils l’ont fait savoir dans des interviews accordées à l’agence MAP. Abdelkader Zair, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), et Sadek Rghioui, secrétaire adjoint de la Fédération démocratique du travail (FDT) ont notamment fait savoir qu’ils attendent du gouvernement l'exécution des orientations royales portant sur l’ouverture du dialogue social avec les partenaires sociaux.

Ces syndicats ont d’ores et déjà un cahier revendicatif bien fourni. Ils réclament, entre autres, l’amélioration des revenus de la classe ouvrière, à travers notamment une augmentation générale d'au moins 600 DH et une majoration de 10% du SMIG, la révision des statuts de certains corps professionnels (ingénieurs, techniciens et infirmiers), le respect des libertés syndicales ou encore la révision du statut de la fonction publique. Sans oublier l’épineux dossier du système des retraites, dont la seconde phase de la réforme est attendue de pied ferme par les syndicats.

Autant de revendications auxquelles El Othmani doit apporter des réponses concrètes. Dans la mesure du possible. Les syndicats le savent parfaitement bien : le gouvernement ne pourra pas adhérer favorablement à toutes leurs requêtes, de même qu’il ne pourra fermer toutes les portes. Il s’agira de bien placer le curseur social afin de trouver un compromis qui satisfera toutes les parties. Tout le monde devra donc lâcher du lest pour un contrat social responsable, afin que le dialogue social ne se mue en un dialogue de sourds.

Le prochain round des négociations sera donc décisif et constituera un test majeur pour un chef de gouvernement déjà très critiqué pour son incapacité à trancher sur certains dossiers. ■

 

 

D.W

 

 

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